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Unil occupée: l'initiative d'un prof militant interroge

Olivier Fillieule, Professeur de sociologie politique a l'Universite de Lausanne, parle aux militants pro-palestiniens qui manifestent lors d'un appel a la mobilisation alors que des etudian ...
Le professeur de sociologie Olivier Filleule (à droite) devant le bâtiment de l'Unil occupé. 3 mai 2024.Image: KEYSTONE

Unil occupée: l'initiative d'un prof militant interroge

Figure de proue du soutien professoral aux militants pro-palestiniens occupant un bâtiment de l'Université de Lausanne, Olivier Fillieule organise ce lundi après-midi un débat avec ses étudiants. Afin, notamment, de voir quels sont les «moyens les plus adéquats pour se faire entendre dans le cadre d’une mobilisation».
06.05.2024, 12:1309.05.2024, 11:12
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C’est une invitation dont les termes semblent avoir été savamment pesés. Elle est rédigée par Olivier Fillieule. Cet enseignant se profile comme le leader du soutien professoral aux étudiants de l’Université de Lausanne (Unil) mobilisés pour la Palestine, alors qu’Israël poursuit sa guerre à Gaza depuis l’attaque du Hamas, le 7 octobre.

Professeur de sociologie à l’Unil, spécialiste des mouvements sociaux, Olivier Fillieule convie ses étudiants à un «débat», ce lundi après-midi, dans le cadre de son cours «Nations et nationalisme». Un débat «autour de l’occupation en cours par des étudiant.e.s de l’Unil d’un hall du bâtiment Geopolis, en lien avec la question palestinienne», écrit-il dans son e-mail d'invitation, dont watson a pris connaissance.

Précision: ce débat est organisé le jour où doit prendre fin l’occupation, selon l’accord trouvé entre les occupants et la direction de l’Unil. L’initiative d’Olivier Fillieule est peut-être une manière d’envisager la suite à donner à ce mouvement.

Prudence dans les mots

En effet, l’un des points soumis à débat par le professeur pose la question des «moyens les plus adéquats pour se faire entendre dans le cadre d’une mobilisation à l’université tout en respectant ses missions premières (enseignement et recherche) et tout en assurant à tous les membres de la communauté universitaire protection et soutien».

Une prudence d’expression accompagne les points mis en discussion par l'enseignant dans son courriel. Comme s'il s'agissait d’impliquer les étudiants, tout en leur reconnaissant leur libre arbitre. Olivier Fillieule donne l’ordre du jour, mais sous forme de questions, dont celle-ci:

«Les personnes mobilisées dans de nombreuses universités aux USA et en Europe demandent que leur institution cesse séance tenante toute collaboration avec les institutions privées ou publiques israéliennes. Qu’en pensez-vous?»

De même pose-t-il le cadre de la discussion, afin d'éviter les débordements:

«La diversité et le caractère tranché des opinions, pour peu qu’elles s’expriment dans les règles d’un débat démocratique respectueux des oppositions et sans enfreindre la loi pénale, sont bienvenus. Respecter les autres, c’est se respecter.»
Olivier Fillieule

Olivier Fillieule «invite donc tout particulièrement les personnes qui n’ont pas de positionnement particulier sur ces questions à prendre la parole, pour interroger, poser des questions et émettre des avis.»

Dans le dernier paragraphe de l’e-mail à ses étudiants, le professeur de sociologie semble vouloir assoir la légitimité à la fois morale et politique de sa démarche: «Comme indiqué en début d’année puis de manière récurrente, notre mission en tant qu’enseignant.e.s en SSP (réd: sciences sociales et politiques) est à la fois de vous transmettre des savoirs techniques et spécialisés, mais aussi plus généralement de faire de vous des citoyen.ne.s éclairé.es. Le débat que je vous propose s’inscrit dans cette ambition.»

«Il n’y aura pas de médias dans la salle»

Olivier Fillieule est l’un des signataires – professeurs, enseignants, chercheurs et personnel administratif et technique de l’Unil – d’une lettre de soutien aux étudiants occupant depuis jeudi une partie du bâtiment Geopolis. Datée du 3 mai, la lettre compte à présent plus de 100 paraphes, la plupart affiliés à la faculté des SSP.

Joint par e-mail, Olivier Fillieule explique par écrit à watson le sens de son initiative:

«J’organise dans le cadre d’un cours sur Nations et nationalisme un débat entre étudiant.es pour que tous les avis puissent s’exprimer sur la mobilisation à l’Unil, savoir ce qu’en pensent les étudiant.es et pour que d’éventuelles oppositions puissent s’exprimer et pour prouver que l’on peut et doit parler de l’actualité à l’université de manière académique. Pour ma part je n’interviendrai que pour animer. Il s’agit encore une fois de permettre aux étudiant.es de s'exprimer, tout particulièrement ceux et celles qui n’osent pas. Il n’y aura pas de médias dans la salle.»
Olivier Fillieule

Alors que certains professeurs font part de leurs réserves ou opposition au militantisme académique, en particulier sur la question israélo-palestinienne, si sujette à polarisation, les signataires de la «lettre de soutien» aux occupants n’hésitent pas à s’engager, certains étant en pointe dans le soutien à la cause palestinienne.

«Une chose l'une après l'autre, nous aviserons»

Comment la direction de l’Unil, qui marche sur des œufs, accueille-t-elle le débat organisé par le professeur Olivier Fillieule? «Une chose après l'autre, nous aviserons», répond-on.

Gaza après les bombes
Video: watson
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