La France et l'Italie grincent des dents et des sols, alors que ces deux pays enregistrent en février un record de sécheresse hivernale. Avec plus de 32 jours, presque sans pluie, les nappes phréatiques de l'Hexagone ne sont pas suffisamment rechargées. Quant aux averses prévues les prochaines semaines, elles pourraient bien ne pas être suffisantes pour préparer la belle saison, et surtout pour combler les besoins de son secteur agricole.
Côté Suisse, le pays connaît l«'un des hivers les plus doux depuis le début des mesures en 1864» - dixit le site de MétéoSuisse - et de part et d'autre, le manque d'eau inquiète déjà.
Mais pourquoi s'angoisser en hiver, déjà? Coup de fil à Monsieur Météo.
Comme l'explique Mikhaël Schwander, météorologue à MétéoSuisse, avec un hiver et un printemps très humides, les sols et la végétation, gorgés de munitions hydriques, sont mieux armés pour aborder la saison chaude. «Cette humidité emmagasinée pourra favoriser le développement d'orage, et limiter les hausses des températures par évapotranspiration». En bref, en s'évaporant, l'eau nous offre une protection caniculaire. A l'inverse...
La saison hivernale est censée faire le plein des nappes phréatiques. En février, dans un scénario idéal, les sols devraient être proches de la saturation en eau. Les montagnes sont censées devenir un réservoir d'eau solide, qui, au printemps, avec les fontes, devrait s'infiltrer dans les sols et dans les rivières. La végétation, au repos, favorise cette absorption.
Or cette année, avec le peu de précipitations et chutes de neige, le niveau d'humidité des sols est plus bas que normal. Le risque: que les sols souffrent d'un vrai déficit hydrique, avertit Mikhaël Schwander.
Si l'on prend la région genevoise, en temps normal et au mois de février, il tombe en moyenne 56 mm. Ce mois-ci, le ciel a déversé moins de 1 mm de ses précieuses larmes. A Lausanne, où la même moyenne prévaut, c'est même moins, avec 0.5 mm. En Valais, où la moyenne pour ce deuxième mois devrait être de 40 mm, il n'a plu que 0,1 mm. Enfin, à Château-d'Oex, la moyenne pour février (77 mm) est loin d'être atteinte, avec 6 mm.
Devant ce bilan, le météorologue est-il inquiet? «Pas encore, j'attends de voir ce qu'il se passera au printemps. Le mois de mars pourrait être plus humide qu'attendu, et cela pourrait changer la situation.» Et du côté des nappes phréatiques, rassure-t-il, la Suisse semble bien mieux pourvu que ses voisins.