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Sécheresse en Suisse:«La pénurie hydrique dure depuis des mois»

Sécheresse: «On est dans une situation de déficit constant depuis plus de six mois»

Un exemple très visible des effets de la sécheresse en Suisse: le lac des Brenets et à sec.
Un exemple très visible des effets de la sécheresse en Suisse: le lac des Brenets, dans le canton de Neuchâtel, est à sec.Image: Keystone
Si la canicule est passée, la pluie continue de se faire désirer en Suisse. «Le manque d'eau est assez flagrant cet été», confirme un météorologue, et les chiffres le démontrent clairement.
09.08.2022, 16:45
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Le dernier épisode caniculaire a beau avoir pris fin depuis quelques jours et les températures sont redescendues à des niveaux (plus) supportables, un élément manque pourtant toujours à l'appel: la pluie. Cela fait un moment qu'il n'a pas plu de manière importante en Suisse romande, et il suffit de jeter un coup d'œil aux prévisions météo pour savoir que cela ne va pas se produire de sitôt.

Autrement dit, la sécheresse est toujours là. «Le manque d'eau est assez flagrant cet été», confirme Lionel Peyraud, météorologue-prévisionniste à MétéoSuisse. «Mais cette pénurie hydrique a commencé bien avant», poursuit-il.

«On est concerné par une situation de déficit constant qui dure depuis plus de six mois»
Lionel Peyraud, MétéoSuisse

Et les chiffres le démontrent. Plusieurs moyens permettent de quantifier la sécheresse. L'un d'entre eux est l'indice de précipitation standardisé (SPI), qui décrit la différence de la quantité de précipitations tombées durant le ou les mois précédents par rapport à une moyenne calculée sur une longue période de données. L'indice varie entre 3 et -3. L'intervalle allant de 0,49 à -0,49 est considéré comme normal, un indice positif signifie un excédent et un indice négatif un déficit par rapport à la médiane de précipitations.

Le graphique ci-dessous, relatif à la station de mesure de Genève/Cointrin, le montre clairement. Depuis fin janvier, le SPI est constamment en dessous de zéro, avec des pics de -3 en juin, juillet et août. Dimanche 7 août, le SPI se montait à -1,8, ce qui équivaut à la catégorie «très fortement sec».

Cette situation caractérise toutes les régions romandes, bien que de petites différences existent entre une station de mesure et les autres.

Sion

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Delémont

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Payerne

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La végétation transpire

Une autre manière de décrire la sécheresse consiste à croiser deux données relatives à un endroit donné: les précipitations et l'évapotranspiration. La différence entre ces deux paramètres s'appelle bilan hydrique.

Mais qu'est-ce que c'est que l'évapotranspiration? Il s'agit d'un terme qui englobe l'évaporation proprement dite et la transpiration des plantes. Lionel Peyraud explique:

«En été, une partie significative de l’humidité de l’air provient de la transpiration de la végétation puis de son évaporation dans l’air. Tout comme le corps humain, la végétation transpire quand il fait chaud. Les gouttes s'évaporent dans l'air et l'humidifient. Ensuite en s’élevant, l’air se refroidit et forme des nuages et si l’atmosphère est suffisamment instable, cela favorise la formation d’orages».
Lionel Peyraud, MétéoSuisse

Problème: la sécheresse entrave ce processus. «Moins il y a de pluie, plus le sol est sec, les plantes transpirent moins, et cela devient donc plus difficile de faire pleuvoir», complète le météorologue. «Cela devient un cercle vicieux en quelque sorte».

De manière générale, l'hiver est marqué par un bilan hydrique excédentaire, alors que l'été se caractérise par des déficits. C'est ce que montre la ligne noire dans le graphique ci-dessous; elle correspond à la moyenne calculée entre 1991 et 2020. La situation actuelle est bien plus extrême: la ligne brune descend beaucoup plus bas que la moyenne.

Genève/Cointrin

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Sion

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Des étés de plus en plus chauds

Cette situation de sécheresse marquée contraste diamétralement avec l'été passé, marqué par d'abondantes précipitations. Elle ne sera, pourtant, pas exceptionnelle. «De manière générale, on s'achemine vers des étés de plus en plus chauds et probablement de plus en plus secs», précise Lionel Peyraud:

«Les Alpes bloquent souvent les flux d'humidité en provenance de la Méditerranée»
Lionel Peyraud, MétéoSuisse

Autre raison: «Le courant-jet, sorte d'autoroute des perturbations qui faiblit souvent pendant l'été et se rétracte vers le nord, montre, en moyenne, des signes d’affaiblissement plus marqué dans un climat qui se réchauffe».

Patienter jusqu'à fin août

Le spécialiste constate également un autre élément qui peut contribuer à exacerber les choses: la multiplication des «situations bloquantes». Ce terme désigne «une configuration du courant d’altitude qui perdure pendant plusieurs semaines d'affilée», explique-t-il. «Cela peut être le cas avec un régime anticyclonique persistant, comme on le voit cet été, ou avec des situations plus humides et dépressionnaires, comme l’été passé».

«On s’achemine vers des régimes où le temps sera probablement moins souvent changeant et davantage structuré en blocs, du moins en été»
Lionel Peyraud, MétéoSuisse

Cela veut-il dire qu'il va pleuvoir de moins en moins? Pas sûr, selon Lionel Peyraud: «Ce qui tend à ressortir également en été, c’est qu'il pleut sur moins de jours, mais que les précipitations sont souvent plus abondantes».

Et au fait, quand les prochaines précipitations vont-elles avoir lieu? «On va devoir probablement patienter encore quelques semaines avant de retrouver des précipitations à un rythme plus fréquent», conclut le météorologue. «Il faudra attendre les premiers fronts froids actifs de la saison, ce qui ne devrait pas intervenir avant la fin du mois d'août ou le courant du mois de septembre».

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