La justice française s'est intéressée, ces dernières années, à un compte caché que Jean-Marie Le Pen – décédé ce 7 janvier – aurait détenu en Suisse. Le majordome et assistant personnel du fondateur du Front national (FN) est jugé pour fraude fiscale et blanchiment.
L'affaire avait été révélée en 2015 par Mediapart. La cellule de renseignement financier Tracfin et la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) avaient signalé à la justice la possible existence d'un compte bancaire caché à l'étranger et appartenant au politicien d'extrême droite.
Le manoir de Montretout à Saint-Cloud, près de Paris, maison familiale des Le Pen qui abrite aussi les bureaux du patriarche, avait été perquisitionné en novembre 2015 dans cette affaire.
Selon Mediapart, ce compte serait lié à un trust basé aux îles Vierges et dont l'ayant droit serait l'assistant personnel de Jean-Marie Le Pen. Selon ce signalement, le trust comprendrait un compte abondé à hauteur de 2,2 millions d'euros, dont 1,7 million sous forme de lingots et de pièces d'or. Jean-Marie Le Pen avait alors démenti toute implication dans un trust à l'étranger.
Les mêmes soupçons étaient apparus en 2016 dans les «Panama Papers». Libération écrit pour sa part que le trust, immatriculé en 2000, a d'abord appartenu à Georges Paschos, frère de Jany Le Pen, jusqu'à sa mort en 2008. C'est ensuite son fils, Achille Paschos, qui en a été le bénéficiaire, puis Gérald Gérin, le majordome, à partir de 2014.
Le 9 décembre dernier, une peine de 18 mois de prison avec sursis a été requise à Paris à l'encontre de Gérald Gérin, ainsi qu'une amende de 230 000 euros, correspondant à 10% des avoirs qu'il aurait dissimulés. Le jugement est attendu le 21 janvier.
Le cas de Jean-Marie Le Pen et de son épouse Jany a été disjoint de celui de Gérin. Selon Mediapart, il est suspendu à l'issue du contentieux avec l'administration fiscale et d'une possible transaction entre la Direction générale des finances publiques et les Le Pen. En cas de décharge de l'impôt, la justice ne pourra pas envisager de poursuites. (jah/ats)