Richard Saynor, CEO de Sandoz, se présente comme un type jovial et sans prétention. Lorsque la NZZ am Sonntag a récemment rencontré le patron de Sandoz, ce Britannique de 56 ans faisait une sieste dans le hall de l'hôtel – il a dû être réveillé par son porte-parole.
Mais cet air décontracté est trompeur. Quand on parle business, Saynor ne fait pas de compromis. Il ne peut d'ailleurs pas se le permettre: ses projets pour la scission historique de la section des génériques de Novartis sont trop ambitieux. Il compte faire de Sandoz le leader mondial des génériques et promet des marges croissantes et des dividendes lucratifs. Pour tenir ces promesses mirobolantes, Saynor devra se montrer à la hauteur. Et il en est parfaitement conscient.
Ce mercredi, les bailleurs de fonds décideront s'ils veulent ou non miser sur le «nouveau Sandoz». Novartis a congédié sa filiale, qui est désormais indépendante. Pour la première fois, Sandoz est cotée à la Bourse suisse en tant qu'entreprise indépendante. Les actionnaires actuels ont reçu automatiquement un nombre défini d'actions Sandoz dans leur portefeuille et doivent décider de les conserver ou de les vendre.
Ce mercredi matin, le titre s'échangeait à 23,43 francs. Au cours actuel, la valorisation boursière de Sandoz se monte à un peu moins de 10 milliards de francs, sensiblement moins que les 15 à 20 milliards attendus par la communauté financière qui prédisait au titre une valeur comprise entre 25 et 30 francs.
Cette séparation a lieu parce que Novartis veut se concentrer à l'avenir sur des médicaments innovants à prix élevés. Les produits génériques de Sandoz ne correspondaient plus à cette stratégie et ne rapportaient pas assez de bénéfices.
Le patron de Sandoz a maintenant la tâche de prouver que le marché des génériques peut être rentable. Il doit démontrer que son entreprise, qui emploie 20 000 personnes dans le monde, peut augmenter sa rentabilité sur le marché très compétitif des médicaments qui ne sont pas protégés par un brevet.
Concrètement, l'entreprise veut améliorer sa marge de 18% aujourd'hui à 24 à 26% dans cinq ans. Les ventes annuelles, qui s'élèvent aujourd'hui à 9,1 milliards de dollars, devraient augmenter chaque année d'un pourcentage à un chiffre.
Sandoz espère que la rentabilité du marché des génériques, c'est-à-dire des copies de substances actives, sera stimulée par différents facteurs de croissance. D'une part, le vieillissement de la population entraîne une augmentation de la demande et, d'autre part, les gouvernements sont de plus en plus intéressés par la promotion de médicaments bon marché. Cependant, la concurrence est déjà très forte dans ce domaine, notamment aux Etats-Unis.
Les médicaments dits biosimilaires, c'est-à-dire des imitations de médicaments fabriquées par des cellules vivantes par des processus de biotechnologie, sont plus prometteurs. Ici, les marges sont plus intéressantes: il y a moins de concurrence, les brevets de certains médicaments à succès arrivent à échéance et les médicaments plus complexes génèrent plus de bénéfices. Aux Etats-Unis, Sandoz s'attend à ce que le secteur des biosimilaires croisse de 24% d'ici 2031, soit nettement plus que le secteur des génériques.
Mais pour exploiter ce potentiel, des investissements considérables sont d'abord nécessaires. Sandoz partage encore de nombreux sites de production et de développement avec Novartis. Sandoz chiffre les coûts uniques de cette séparation à 700 millions de dollars. 1,2 milliard de dollars seront également nécessaires pour agrandir ses propres usines.
Richard Saynor, a-t-il raison lorsqu'il fait l'éloge de sa propre gamme de produits, qu'il qualifie d'«amazing»? En effet, Sandoz, lorsqu'elle appartenait encore à Novartis, est restée en deçà de ses propres objectifs de rendement ces dernières années – les chiffres de vente ainsi que les marges n'ont pas évolué comme souhaité.
L'expert pense que les choses pourraient s'améliorer par la suite, à condition que Sandoz puisse récolter les fruits de ses investissements.
Schneider voit surtout du potentiel aux Etats-Unis, le plus grand marché de médicaments au monde. Dans les années à venir, des médicaments biosimilaires pour des produits originaux à fort chiffre d'affaires y seront lancés.
Les investisseurs décideront ces prochaines heures s'ils sont convaincus par ces perspectives.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci