«Ces prochains jours, il fera extrêmement chaud et une nuit tropicale est à craindre. Mais alors pourquoi n'y a-t-il pas toujours une nuit tropicale après un jour de canicule, et pourquoi pas dans le désert malgré la chaleur?», demande une lectrice.
Malgré une période de chaleur en juin, nous n'avons guère transpiré la nuit cette année pour le moment. Selon Stephan Bader de Météo Suisse, il n'y a eu que cinq nuits tropicales en Suisse. Quatre en juin au bord du lac Léman et une seule en juillet à Granges. On parle de nuit tropicale lorsque le thermomètre ne descend pas en dessous de 20°C pendant la nuit.
Les nuits tropicales surviennent après des journées de chaleur, mais pas toujours. Le week-end a été chaud, mais les nuits sont restées plutôt fraîches sur le Plateau. La météorologue Denise Praloran, de Météo Suisse, explique:
De manière générale, un jour de canicule crée les conditions optimales pour une nuit tropicale. Les sols et les murs des maisons absorbent les températures élevées et les restituent lorsque la température de l'air diminue. Il peut donc faire encore plus chaud le soir que pendant la journée. C'est particulièrement vrai dans les villes, où les nuits tropicales sont nettement plus nombreuses qu'à la campagne. Mais pour une nuit tropicale, il faut une humidité de l'air suffisante. S'il fait seulement chaud, mais extrêmement sec, le temps se refroidit jusqu'au matin, même dans les villes.
A cela s'ajoute bien sûr la longueur de la nuit: lors d'une longue nuit d'hiver, l'air se refroidit davantage que lors de courtes nuits d'été, comme celles de juin et juillet. En revanche, si la nuit est nuageuse, venteuse ou si l'air est très humide, il se refroidira moins bien.
Il fait aussi plus frais après un orage. Le refroidissement n'est toutefois durable que si les orages s'accompagnent d'un échange de masses d'air, par exemple lorsqu'un front froid s'approche. De l'air plus froid et plus frais s'installe alors derrière l'orage.
Dans le cas des orages dits de chaleur, le refroidissement est généralement de courte durée. Les précipitations s'évaporent à nouveau dès que le soleil se montre, l'humidité de l'air augmente et il devient étouffant.
Dans le désert aussi, les nuits sont fraîches. Certes, la surface y est très chaude pendant la journée, mais la chaleur ne pénètre que très peu en profondeur. Il ne se forme donc pas de grand réservoir de chaleur. «Le deuxième aspect essentiel est l'air extrêmement sec», explique le climatologue Bader.
Puisqu'il n'y a pas d'eau à évaporer dans le désert, il y a donc très peu d'air humide dans l'atmosphère du désert. L'humidité dans l'air est le gaz à effet de serre très chauffant, car elle absorbe bien l'énergie thermique émise par la terre et la renvoie à la surface de la Terre. Mais s'il y a peu de vapeur d'eau dans l'atmosphère, l'énergie thermique émise par la Terre est surtout renvoyée dans l'espace pendant la nuit. L'effet de rétention de l'atmosphère étant faible, il fait donc frais ou froid la nuit dans le désert. Et les nuits près de l'équateur étant plus longues que nos nuits d'été, l'air dispose de plus de temps pour se rafraîchir.
En Suisse, les nuits tropicales ont été rares jusqu'au début du 21e siècle. Elles n'apparaissaient que de temps en temps au Tessin, comme l'indique Météo Suisse. Comme la température augmente en raison du changement climatique, on observe aujourd'hui quelques nuits tropicales presque chaque année dans les régions de basse altitude de toute la Suisse.
Si les émissions globales de gaz à effet de serre ne sont pas drastiquement réduites, il faut s'attendre à une forte augmentation du nombre de nuits tropicales dans les régions de basse altitude de la Suisse d'ici le milieu de ce siècle.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)