La Suisse affronte, ces jours-ci, un nouvel épisode caniculaire, le deuxième en à peine un mois. Alors que MétéoSuisse a émis une alerte canicule de niveau 3 sur 4, pour la plupart du territoire national, le pic était attendu ce mardi. Les prévisions tablaient sur des valeurs allant jusqu'à 39°C à Genève.
Cela ne s'est heureusement pas produit, mais les températures maximales enregistrées ont tout de même frôlé des records historiques, sans toutefois les battre, du moins pour le moment. 38,1°C ont été mesurés à Genève. Il s'agit de la 3e valeur la plus élevée pour ce site depuis le début des mesures homogénéisées en 1864. A Sion, le mercure a atteint 32,8°C, et 36,5°C ont été mesurés à Bâle/Binningen.
38,1°C, c'est sans doute beaucoup. Mais à quel point ces valeurs sont-elles exceptionnelles? Pour répondre à cette question, il est utile de jeter un coup d'oeil aux records de température enregistrés en Suisse au cours des dernières décennies. MétéoSuisse, qui recueille ces données, les a transmises à watson. Voici ce que l'on peut en tirer.
Le record de température absolu jamais enregistré en Suisse date du 11 août 2003 et a été mesuré dans la commune grisonne de Grono: ce jour, le mercure a atteint 40,5°C. C'est la seule fois où le seuil des 40°C à été dépassé dans notre pays. Comme on le verra plus loin, ce n'est probablement qu'une question de temps avant que cela ne se reproduise.
Genève arrive en deuxième position et est présente deux fois dans le top 5 avec, respectivement, 39,7°C et 38,9°C mesurés les 07 juillet 2015 et 28 juillet 2021. Présente également deux fois, Bâle se place quatrième et cinquième.
Comme ce graphique le suggère, il y a plusieurs stations de mesure en Suisse. Le réseau de MétéoSuisse en comprend plus exactement 160. Nous avons analysé les données recueillies par 85 d'entre elles dispersées dans tout le pays.
Le tableau ci-dessous montre quel est le record de température pour chacune de ces 85 stations. Grono, Genève et Bâle squattent toujours les premières places.
Un élément ressort de manière assez évidente de ces données. La plupart des records ont été enregistrés au cours d'une poignée d'années. Il s'agit de 1983, 2003, 2015 et 2019. A elles seules, ces quatre années cumulent près de 94% des pics.
«Ces dates correspondent à des pics de chaleur, marqués par la présence d'air très chaud au-dessus de la Suisse», explique Olivier Duding, prévisionniste et météorologue chez MétéoSuisse.
Une chose saute à l'oeil: ces pics semblent se rapprocher. «On voit clairement que ces épisodes sont récents et de plus en plus fréquents», confirme le spécialiste. «C'était prévu», poursuit-il, et ce n'est que le début.
Les scénarios climatiques suisses, réalisés en 2018 par MétéoSuisse et le National Centre for Climate Services (NCCS), «sont très clairs à ce sujet», affirme Olivier Duding: «Si on continue sur cette trajectoire, avec ce niveau d'émissions de gaz à effet de serre, la situation va empirer».
Ces températures sont certes extrêmes. Elles restent pourtant «systématiquement inférieures» à celles ressenties en été. «Cela est particulièrement le cas lorsqu'on se trouve dans les centres-ville, au soleil, ou si on est plus près du sol, comme par exemple les enfants», poursuit le spécialiste.
Cet écart est dû aux critères que MétéoSuisse utilise pour ses mesures. «Tout d'abord, les températures sont mesurées à l'ombre», détaille le météorologue. «Le capteur qui s'en charge doit être placé deux mètres au-dessus du sol, au-dessus d'une surface herbeuse, et dans un endroit suffisamment dégagé et ventilé». A cela s'ajoute le fait que la plupart des stations de mesure se trouvent à l'extérieur des villes. Autrement dit, si vous habitez en ville, pas de chance: il a fait et il y fera toujours beaucoup plus chaud.
Cette méthode n'est pas spécifique à notre pays. Elle a été décidée par l'Organisation météorologique mondiale. «Cela fait en sorte que les valeurs enregistrées en Suisse sont tout à fait comparables avec celles enregistrées dans les autres pays», explique le météorologue. Ainsi, les 42°C mesurés lundi à Nantes peuvent directement être comparés avec les valeurs enregistrées ce mardi en Suisse.
Heureusement, les températures devraient baisser à partir de mercredi 20 juillet... jusqu'à la prochaine vague de chaleur.