Coup de tonnerre aux reflets orange dans le ciel bleu des grands détaillants suisses: Migros a annoncé vendredi matin la suppression d'environ 1500 postes. Ce n'est pas tout: le détaillant préféré des Suisses a annoncé qu'il se séparait de plusieurs de ses enseignes emblématiques, parmi lesquelles M-electronis et SportX.
Le doute plane sur Do + it garden, Micasa, Obi, SportX et Bike World, dont la fermeture est envisagée «en dernier ressort», mais pas exclue. Les groupes Hotelplan et Mibelle, propriété de Migros, seront vendus.
Une liquidation massive qui était pourtant déjà dans l'air. Si le chiffre d'affaires général de la Migros progresse, celui de ses enseignes satellites était, lui, en recul depuis deux ans. Le conseil d'administration s'était laissé jusqu'au mois de juin pour décider du sort de celles-ci. L'attente n'aura pas duré aussi longtemps.
Les entreprises «filles» de la maison-mère sont toutefois épargnées, à l'image de Denner et Digitec Galaxus. Le géant orange a annoncé vouloir se recentrer sur des activités concentrées: le commerce de détail et les produits frais, le bien-être et la santé (notamment avec ses centres Medbase) et le secteur bancaire. La Banque Migros n'est donc pas concernée.
L'entreprise assure qu'elle «assumera ses responsabilités» dans son plan de licenciement:
Le coup porté envers les travailleurs est dur. Du côté des syndicats, on s'agace: «C'est grave», estime Anne Rubin, coresponsable du commerce de détail chez Unia. Elle précise:
«Ce qui se passe aujourd'hui, c'est une réelle cassure pour les employés. L'attitude de Migros est complètement anti-syndicale. L'entreprise annonce des chiffres d'affaires record, vante le résultat opérationnel 2023, explique être en pleine forme sur le plan financier — pour ensuite annoncer à peu près 1500 licenciements», soupire Anne Rubin.
Pour la syndicaliste, un détail est à mettre en avant et pointe la stratégie de Migros: DigitecGalaxus. En effet, la plate-forme de vente en ligne de la Migros n'est pas concernée. Mais selon Unia, elle a pourtant «phagocyté» les autres secteurs de la Migros. «Les produits de M-electronics, mais aussi SportX sont vendus sur DigitecGalaxus», explique Anne Rubin. Un détail fait la différence:
L'extension des activités en ligne de la Migros permet de couper l'herbe sous le pied des syndicats, estime Unia. «Migros externalise toujours plus et se met en porte-à-faux avec son discours de partenariat social», tonne Anne Rubin. Et l'image très positive du géant orange n'est pas étrangère à cette stratégie:
Une situation d'autant plus absurde que, selon Anne Rubin, on peut y rajouter la complexification de la hiérarchie des cadres de Migros à tous les étages. «Il y a des luttes de pouvoir importantes. Mais au lieu de simplifier ces centres décisionnels sans impacter le personnel de vente ou dans l'industrie, ils préfèrent se séparer de ces secteurs ou les vendre», déplore la syndicaliste.