Dans notre pays, la mode bon marché a la cote. Le site en ligne chinois Shein, en particulier, gagne en popularité. Mais ce fournisseur de fast fashion est aussi connu pour ses marchandises de mauvaise qualité et ses chaînes d'approvisionnement douteuses. L'environnement en paie le prix, et les employés aussi: semaine de 75 heures avec un seul jour de congé par mois, comme le décrit Public Eye.
Alors que la fast fashion se concentre sur le prix, la mode équitable met l'accent sur des thèmes durables. Mais la question se pose souvent de savoir dans quelle mesure un vêtement a réellement été produit de manière équitable.
Pour pouvoir le prouver, Michela Puddu a fondé la start-up suisse Haelixa avec un camarade de l'EPFZ. La technologie d'ADN qu'elle a développée pourrait montrer, même dans la mode bon marché, où et comment le coton de ses textiles a poussé et quelles chaînes d'approvisionnement un produit a suivies. Des détails que les entreprises de fast fashion aimeraient bien occulter. Mais comment cela fonctionne-t-il exactement?
«La technologie que nous utilisons peut être comparée à une empreinte digitale», explique Michela Puddu à watson. La start-up fabrique chimiquement dans son propre laboratoire un liquide que les clients peuvent appliquer sur les produits au moyen d'un marqueur.
Il est ainsi possible d'établir clairement, à travers toutes les chaînes d'approvisionnement, du fabricant au détaillant, qu'il s'agit par exemple de coton biologique pour les textiles et qu'aucun pesticide n'a été utilisé lors de la culture.
Mais pour savoir si un produit a été doté du marqueur Haelixa, l'entreprise doit tester la marchandise dans son propre laboratoire à Kemptthal, mentionne la spécialiste. Pour cela, elle a recours à un PCR qui permet de déterminer si le produit a été enrichi avec l'ADN spécial. Celui-ci serait d'ailleurs absolument compatible avec l'homme et l'environnement.
La technologie de Michela Puddu est largement utilisée dans le monde, par exemple dans les plantations de coton en Tanzanie. Avec sa start-up, la Suissesse aide d'autres entreprises suisses à garantir la traçabilité des fibres et des fils.
Alors que ce sont surtout les entreprises durables qui s'enthousiasment de l'idée commerciale de Michela Puddu, la branche de la fast fashion montre majoritairement peu d'intérêt à créer de la transparence dans les caractéristiques des produits et les chaînes d'approvisionnement. La fondatrice est consciente que sa start-up est un affront pour l'industrie de la mode à bas prix. Mais elle a un avis bien tranché sur la question:
Elle fait également attention à la manière dont elle peut réduire son propre impact sur l'environnement, par exemple en faisant attention à ce qu'elle porte, à ce qu'elle mange ou à la manière dont elle voyage. Et selon Michela Puddu, de plus en plus de gens sont dans le même cas qu'elle.
Elle est convaincue que la traçabilité sera déterminante pour savoir qui restera sur le marché à long terme.
L'objectif de Michela Puddu est de faire de l'entreprise une «référence en matière d'étiquetage et de traçabilité des produits». Outre les textiles, l'or et les pierres précieuses, la traçabilité des produits alimentaires devrait bientôt être assurée.
La start-up zurichoise innovante est en phase avec son temps. C'est aussi pour cette raison qu'elle est nominée pour le «Green Business Award» suisse. L'année dernière, c'est le fabricant de substituts de viande Planted Foods qui a remporté la palme.
Cette année encore, «28 entreprises à la fois durables et performantes sur le plan économique sont nominées», comme l'indique l'organisateur dans un communiqué de presse. Le gagnant sera désigné par un jury présidé par l'ancienne conseillère fédérale Doris Leuthard.
Michela Puddu est reconnaissante. Lorsqu'elle est arrivée d'Italie à l'EPFZ pour ses études, elle ne pensait pas rester aussi longtemps et créer une entreprise. Mais elle a réalisé que «les produits suisses sont connus pour leur grande qualité et leur performance. C'est un avantage pour vendre la technologie que nous développons», explique-t-elle. La fondatrice de la start-up souhaite donc rester en Suisse à long terme. «J'aime ce pays et après dix ans à Zurich, toute ma vie est ici aussi.»