Dimanche 24 avril 2022, jour d'élection présidentielle, mais aussi d'un triste anniversaire: il y a un mois, cinq membres d'une même famille sautaient de leur balcon à l'aube. Quatre d’entre eux trouveront la mort, instantanément, une fois sur le trottoir de leur rue. L'adolescent, dont la chute a été amortie par un palmier, est toujours dans le coma.
Les autorités du canton parlent encore d'un «suicide collectif» et les députés au Grand conseil vaudois s'apprêtent à briser le silence par l'intermédiaire d'une interpellation qui sera déposée la semaine prochaine. On savait la famille cloîtrée depuis des années, isolée du monde, proche des mouvances sectaires. En gros, on ne sait pas grand-chose. D'autant que le résultat des autopsies se fait furieusement attendre.
Dimanche soir, le magazine d'information Sept à huit, sur TF1, diffusait une enquête sur ce que l'on appelle toujours le «drame de Montreux». Son titre: Défenestrés, les mystères d'une famille recluse. Quatorze minutes de témoignages, en Suisse et en France, qui ne révèlent toujours pas les raisons du geste brutal de la famille, mais qui offrent quelques nouveaux indices sur la personnalité du père, de sa compagne et de la sœur jumelle de celle-ci.
Au début des années 2000, la sœur jumelle est interne à l'hôpital de Metz. A son sujet, son chef, le chirurgien et ophtalmologiste Jean-Marc Perone, est dithyrambique. Elle aurait été une fille «joyeuse» et «rayonnante». «Il y a des internes qui marquent un peu plus que d'autres. Elle n'avait aucun mot méchant sur personne. Une chic fille», explique-t-il aux équipes de TF1. On rappelle que cette femme, alors ophtalmologue, a été cheffe de clinique universitaire aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
A la même période, sa sœur, la mère de famille, aurait fait carrément moins bonne impression. Un ancien professeur de la jeune femme a témoigné pour Sept à huit:
La mère de famille, orthodontiste, avait ouvert un cabinet dentaire dans la commune de Vernon, dans l’Eure, avant de fuir en Suisse en 2014. La rédaction de Sept à huit a pu s'entretenir avec son ex-associé, le chirurgien-dentiste Pascal Margeridon. S'il avoue que les premiers mois étaient «idylliques», elle aurait soudainement changé de personnalité. La femme est allée jusqu’à assigner son ex-associé devant le Conseil de l'Ordre de médecins. Elle sera déboutée en 2013.
A Vernon, le couple avait acheté une maison pour y passer ses week-ends. Une voisine directe, Michèle, les a côtoyés plusieurs années. Elle déclare à TF1: «Elle? Très aimable. Il n'y a rien à dire. Par contre, lui...». Cette habitante parle d'un homme «renfermé» et «très procédurier».
Les équipes de TF1 ont également promené leurs micros à Montreux. Et notamment dans quelques cafés de la place où les deux jumelles passaient visiblement leur temps, inséparables. Selon les journalistes, elles s'étaient plusieurs fois confiées à un serveur. Ce dernier témoigne:
Ce serveur explique, ensuite, que les deux sœurs parlaient de réserves de nourriture, d'eau potable et de médicaments. «Un plan de secours avec une communauté.»
Un témoignage qui résonne furieusement avec ce que l'on sait déjà: la famille entassait une quantité importante de colis en carton et de matériels livrés à domicile. L'enquête, elle, est toujours en cours.