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Chauds débats autour des «zones de rencontre»: arnaques ou progrès?

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Aménagements à Lyon, Annecy, Paris.Image: captures d'écran

De Neuchâtel à Paris, ces «zones de rencontre» qui sentent un peu l'arnaque

Les critiques fusent contre la zone de rencontre aménagée à la gare de Neuchâtel. Ailleurs aussi, à Paris, Lyon ou encore Annecy, ce type d'installation suscite oppositions et sarcasmes. Décryptage.
19.07.2023, 18:5320.07.2023, 07:14
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Les autorités de la Ville de Neuchâtel se prennent une volée de bois vert sur le fil Facebook de watson: des dizaines de commentaires hostiles au nouvel aménagement – à l’essai – de la place de la gare de Neuchâtel, conçue comme une «zone de rencontre». Certes, ce sont les personnes mécontentes qui interviennent le plus souvent sur les réseaux sociaux. Mais on parle de Facebook, pas de Twitter.

Celles qui s’expriment sous notre article publié mardi le font pour la plupart à visage découvert, en signant de leur véritable identité. Leur verdict: elles ne sont convaincues ni par le concept, ni par son esthétique tout en poutres de bois posées façon chantier à même le sol.

Une zone de rencontre, c'est quoi?

D’autres villes de Suisse romande ont développé des zones de rencontre, chacune avec son mobilier urbain. C’est le cas à Genève, devant la gare CFF également. La loi fédérale sur la circulation routière encadre ce type d'installation. Une zone de rencontre est un espace mixte où la vitesse des véhicules (trams, bus, voitures, motos, vélos et trottinettes) est limitée à 20 km/h. Règle cardinale: les piétons y sont prioritaires.

Panneau indiquant la zone de rencontre comprenant la gare de Neuchâtel.
Panneau indiquant la zone de rencontre comprenant la gare de Neuchâtel.image: dr

Mais y sont-ils réellement en sécurité? Par définition, les espaces partagés ne sont pas des espaces séparés. C’est l’inconvénient de ces dispositifs, qui préjugent un peu vite du civisme des individus. Il arrive en effet que la réalité rappelle à l'ordre l'utopie, celle imaginée et mise en œuvre par des municipalités en l'occurrence plutôt roses-vertes.

A Paris, la majorité écolo-socialiste est régulièrement prise à partie sur les réseaux sociaux pour ses choix de circulation et d’urbanisme. En 2021, l’hashtag #SaccageParis a fait fureur sur Twitter et passablement gêné la mairie.

La dernière polémique date d’à peine un jour. Elle porte sur l’aménagement d’une de ces fameuses zones de rencontre dans une petite rue parisienne du Marais. Soit, sur la chaussée habituellement réservée aux véhicules, des espaces à présent réservés aux piétons, des safe spaces marqués au sol à la peinture blanche et délimités par des pieux. Dans un tweet caustique, Marion Van Renterghem, journaliste, note:

«Rue de Saintonge à Paris, ils ont inventé le parking pour piétons»

L’adjoint chargé de la transformation de l’espace public et des mobilités à la mairie de Paris, David Belliard, se défend:

«Les aménagements rue de Saintonge permettent d'apaiser la rue, de libérer de l'espace pour les piétons, de créer un stationnement pour les personnes à mobilité réduite»
David Belliard

L’argument en faveur des personnes à mobilité réduite, sous-entendu, en chaise, convainc peu les twittos, étant donné l’étroitesse de la rue en question. Le cas exposé ci-dessus montre assez bien la nécessité de recréer de la séparation dans un espace prétendument fluide comme une zone de rencontre.

A Annecy, dompter les vélos

A Annecy, le chef-lieu de la Haute-Savoie dirigé par un maire écologiste allié à des macronistes, la rue du président Favre est en cours de transformation. A l'instar du côté Est de la place de la gare de Neuchâtel, cette chaussée annécienne est en partie recouverte de troncs d’arbres faisant office de bancs. Cela ne plaît pas du tout à «La Baronne», un pseudo qui ne s’interdit pas la vulgarité:

Renseignements pris par watson à la mairie d'Annecy, la rue du Président Favre est en passe de devenir, à son tour, une zone de rencontre avec vitesse maximale fixée à 20 km/h comme en Suisse.

Les troncs d’arbres à cheval sur la route et le trottoir doivent préparer mentalement les riverains au futur aménagement, mais surtout, apprend-on, dissuader les cyclistes dépourvus de sens civique de mettre en danger les piétons. Là encore, donc, il s’agira de réinstaurer de la séparation quand elle est censée disparaître.

Terminons ce tour d'horizon par Lyon. Dans un tweet daté du 17 juillet, le maire du IIe arrondissement, Pierre Oliver, du parti d’opposition Les Républicains, «se paie» le maire écologiste de la troisième ville de France:

«La dernière idée de Grégory Doucet: installer des bancs sur la route. Soyons sérieux, c’est dangereux pour les piétons et les automobilistes»
Pierre Oliver

Ces bancs-là ressemblent beaucoup à ceux couchés sur le bitume neuchâtelois devant la gare. Le quotidien local Le Progrès s’est fait l’écho du tweet de l'élu Les Républicains, auquel a répondu Valentin Lungenstrass, adjoint au maire chargé des mobilités et lui-même écologiste. «Il s'agit d'une préfiguration du nouveau plan de circulation», explique l’adjoint.

Qui y va d’une pique à son tour:

«Apaiser circulation et bruit, lutter contre les rodéos, agir pour les habitants, c'est vraiment pas votre truc!»
Valentin Lugennstrass

Ces transformations, à Neuchâtel, Paris, Lyon ou Annecy, participent d’une redéfinition des espaces publics. Leur dénominateur commun semble être la marginalisation de la voiture.

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Video: twitter
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