Deux cent cinquante grammes de légumes, presque autant de fruits, 50 grammes de viande maximum par jour et nettement moins de lait et de yaourts. Voici le régime alimentaire que propose le comité scientifique réuni autour de Lukas Fesenfeld, du Centre de recherche sur le climat de l'Université de Berne. «C'est la seule façon d'atteindre les objectifs de durabilité de l'ONU», a-t-il déclaré la semaine passée devant les médias. Le statu quo n'est pas une option:
En collaboration avec plus de 40 représentants du monde scientifique – et plus précisément de nombreuses universités, de l'Agroscope et de l'Institut de recherche de l'agriculture biologique – Fesenfeld a élaboré un «guide sur les principaux leviers et les pistes politiques pour un système alimentaire durable». Dans ce document, les auteurs arrivent à la conclusion suivante: nous devons tous changer notre alimentation d'ici 2030 – et radicalement, comme le montre le graphique suivant. Les experts identifient le plus grand levier: la réduction de la consommation de viande, d'œufs, de lait et de fromage.
Pour soutenir cette adaptation sur le plan politique, le comité propose de nombreuses mesures. Le calendrier est sportif: d'ici 2025, le Parlement doit mettre en place un «fonds de transformation». Celui-ci doit permettre de soutenir les agriculteurs dans la reconversion de leur exploitation. A partir de 2025, des taxes d'incitation et de nouvelles mesures réglementaires devraient également être introduites. Le groupe d'experts préconise par exemple d'augmenter les droits de douane sur les importations de produits animaux, d'aliments pour animaux et d'engrais minéraux, d'interdire les actions en faveur de la viande bon marché ou de supprimer la promotion des produits carnés.
De telles propositions ne sont guère susceptibles de réunir une majorité politique, du moins à l'heure actuelle. De nombreuses interventions parlementaires allant dans ce sens ont clairement échoué par le passé. Notamment en raison de l'opposition des agriculteurs. Cette opposition existe également vis-à-vis des mesures proposées dans le guide: l'Union suisse des paysans (USP) critique le fait que les «propositions extrêmement incisives et génératrices de coûts du groupe d'experts se concentrent pratiquement exclusivement sur la politique agricole et donc sur l'agriculture». Et d'ajouter:
Une certaine réserve est également perceptible au niveau de la Confédération. Le conseiller fédéral et ministre de l'Agriculture Guy Parmelin a certes souligné, lors de la présentation du guide, que la politique étudierait «avec intérêt» les recommandations et en tiendrait compte. Néanmoins, il est peu probable que celles-ci entraînent un changement de la part de la Confédération. En effet, celle-ci a déjà défini l'année dernière, dans son rapport sur l'orientation future de la politique agricole, la manière dont elle se représente une agriculture et une industrie alimentaire durables.
La Confédération suit un tout autre calendrier que le groupe d'experts. Sa vision de la «sécurité alimentaire par la durabilité de la production à la consommation» ne doit être atteinte que d'ici 2050. La science et la Confédération s'accordent au moins sur un point: tous les acteurs, de l'agriculteur au consommateur en passant par le commerçant et le transformateur, sont tenus d'agir.