Suisse
Nucléaire

Refuge pour les poissons: Axpo veut refroidir naturellement l'Aar

Des excavatrices sur ponton situées sous la centrale nucléaire de Beznau ont excavé quelque 800 mètres cubes de matériaux au cours des dernières semaines.
Des excavatrices sur ponton situées sous la centrale nucléaire de Beznau ont excavé quelque 800 mètres cubes de matériaux au cours des dernières semaines.image: zvg

Cette centrale nucléaire suisse fait planer une grave menace sur les poissons

Les rejets de l'eau de refroidissement à Beznau, en Argovie, réchauffent l'Aar. Critiqué pour la menace qu'il fait peser sur les poissons, son exploitant, Axpo, a décidé d'agir.
28.07.2023, 18:5828.07.2023, 19:43
Daniel Weissenbrunner / ch media
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Vendredi 20 juillet au matin, la température de l'Aar à la station de mesure de Klingnau, en aval de la centrale nucléaire de Beznau, la plus ancienne d'Europe, était de 21,8 degrés. Les précipitations de ces derniers jours ont permis de faire, enfin, baisser la température de l'eau, ouf.

Compte tenu des valeurs enregistrées des dernières années, il ne devrait toutefois s'agir que d'une accalmie temporaire. L'été dernier, la température a dépassé à plusieurs reprises les 25 degrés, ce qui représente un danger mortel pour les ombles et les truites.

Le problème de Beznau

Ce problème est d'autant plus important à la centrale nucléaire de Beznau à Döttingen, l'eau de refroidissement de l'installation s'écoulant quotidiennement dans l'Aar.

La centrale nucléaire de Beznau n'est pas seulement critiquée pour son âge. Outre les problèmes de sécurité, l'installation menacerait également, selon ses détracteurs, les êtres vivants de l'Aar.
La centrale nucléaire de Beznau n'est pas seulement critiquée pour son âge. Outre les problèmes de sécurité, l'installation menacerait également, selon ses détracteurs, les êtres vivants de l'Aar.Sandra Ardizzone

C'est la raison pour laquelle l'exploitant Axpo a dû réduire la puissance, la semaine passée. L'Office fédéral de l'énergie prescrit que si les températures dépassent 25 degrés pendant trois jours consécutifs et que les prévisions météorologiques ne prévoient pas de refroidissement pendant deux jours supplémentaires, la centrale doit être arrêtée jusqu'à ce que les températures baissent à nouveau.

Pour les organisations environnementales, la mesure ne va pas assez loin. Dans un rapport publié cette semaine dans l'Aargauer Zeitung, Greenpeace a exigé qu'une mise hors service intervienne rapidement.

800 mètres cubes de matériaux excavés

Désormais, Axpo agit de son côté: pour savoir s'il est possible de créer des refuges frais pour les poissons dans l'Aar, lorsque l'eau est particulièrement chaude, l'exploitant énergétique mène actuellement un essai pilote.

«Nous savons qu'il y a des remontées de la nappe phréatique en aval de la centrale hydroélectrique qui, comme la centrale nucléaire, se trouve sur l'île de Beznau», explique Nadia Semadeni, ingénieure environnementale chez Axpo. Les eaux souterraines fraîches sont ensuite entraînées par la rivière. Ces remontées d'eau souterraine sont toutefois minimes, car le fond de la rivière est tapissé de matériaux pour le consolider.

L'objectif de l'essai pilote est de supprimer cette solidification, afin que davantage d'eau souterraine fraîche parvienne naturellement dans la rivière, et d'atténuer les conséquences des fortes périodes de chaleur. Grâce à des fouilles dans l'Aar, réalisées à l'initiative d'Axpo, on espère que des fosses d'eau souterraine plus fraîches se formeront localement dans ces zones, indique l'entreprise.

Les travaux de dragage ont débuté il y a environ trois semaines et sont désormais terminés, a précisé le porte-parole d'Axpo Noël Graber. Les fosses ont été creusées avec une pelleteuse sur ponton, en accord avec les autorités cantonales. «Il s'agit de deux fosses d'où ont été extraits environ 800 mètres cubes de matériaux chacune», précise Graber. «Nous ne savons pas actuellement quel sera le succès de cette mesure», ajoute Nadia Semadeni.

Résultats attendus pour l'automne

Selon elle, les craintes que le projet puisse avoir un impact sur la nappe phréatique sont limitées. «Comme les volumes d'eau entrants sont très faibles par rapport à la nappe phréatique, l'impact est pratiquement négligeable», explique Nadia Semadeni. «Néanmoins, nous observerons comment le niveau de la nappe phréatique se comportera pendant le projet».

Pendant l'été, il s'agit maintenant de vérifier si les mesures ont un effet, et si l'eau souterraine arrive effectivement dans l'Aar dans les quantités nécessaires. «Nous partons du principe que nous pourrons faire des déclarations sur les résultats du projet pilote dans le courant de l'automne», déclare Noël Graber. Un éventuel succès du projet pilote ne changerait rien à l'exploitation de la centrale nucléaire, selon Axpo. La plus ancienne centrale nucléaire de Suisse continuera à respecter les prescriptions en cas de températures élevées de l'eau.

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

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