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La Suisse va manquer d'eau

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La Suisse va manquer d'eau

Alors que les Verts préparent un plan «eau potable», l'usage de la ressource aquatique devient un enjeu majeur, y compris en Suisse. Dans le canton de Vaud, plus de 10 000 habitants ont reçu des consignes de restrictions d'eau. A plus long terme, mais l'échéance se rapproche, les spécialistes anticipent le jour où les glaciers auront fondu.
02.07.2023, 16:2003.07.2023, 10:21
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Vous êtes chez vous, il fait chaud, vous avez soif, ce robinet vous tend les bras. Vite, de l'eau fraîche. Vite? C'est vite dit. Ça coule, mais c'est tout tiède. Alors, comme moi, vous faites couler l’eau aussi longtemps qu’il le faut pour l’avoir froide. Mais parce que vous avez une conscience, vous vous dites que c’est mal, qu'à l’ère du réchauffement climatique, l'eau, ça se respecte. Sauf que vous recommencez...

Privilégiés?

Dans notre pays, on est des privilégiés. «Les ressources disponibles, eau de surface et eau souterraine en Suisse, s'élèvent à 6981 mètres cubes par habitant et par an. C'est moitié moins en France et plus de trois fois moins en Allemagne», selon les statistiques du Conseil mondial de l'eau fournies par Marianne Milano, hydrologue à l’Université de Lausanne. Toujours en Suisse, la consommation quotidienne d’eau par habitant, tous usages confondus, se monte, elle, à 170 litres, la moyenne mondiale étant de 40 litres. Oui, on a de la chance. Est-on pour autant sorti d'affaire?

Tout dépend par quel bout on prend le tuyau. «En soi, faire couler l’eau du robinet n’a pas directement d'impact écologique, ce qui s'échappe par l'évier se retrouve à la station d’épuration. Mais cela en a un sur les ressources en eau potable. Faire couler l'eau de manière inconsidérée dans sa cuisine, c’est par définition la gaspiller», affirme Endrik Huwald, chercheur au laboratoire des sciences cryosphériques (en rapport avec la glace) de l’EPFL.

«En termes écologiques, il vaut mieux boire l’eau du robinet plutôt que l'acheter dans des bouteilles en PET, dont la production et le recyclage émettent du CO2»
Endrik Huwald

«On fera couler l’eau du robinet plus longtemps que d’habitude avant de la consommer lorsqu’on rentre de vacances ou après un long week-end d'absence, de façon à éliminer l'eau stagnante, présente dans les canalisations, mais sinon, ce n’est pas nécessaire», recommande Endrik Huwald.

Remplir des bouteilles

Par ailleurs, il suffit de remplir des bouteilles avec l’eau du robinet et de les ranger au frigo pour disposer d’eau fraîche en permanence. Des bouteilles de préférence en verre. «Pour éviter de perdre l'eau qu'on laisser filer le temps qu'elle devienne fraîche, on gagnera à la réserver dans une bouteille ou une bouilloire pour arroser les plantes, cuire les pâtes ou le riz», préconise Marianne Milano.

Ne faisons pas les malins, même en Suisse, l'eau n'est pas une ressource infinie. Le Temps nous l'apprenait dans son édition du 28 juin: dans le canton de Vaud, plusieurs communes ont reçu une lettre mentionnant toute une série de restrictions d’eau, expliquant que le niveau des nappes phréatiques n’avait cessé de diminuer ces dernières semaines. Le quotidien explique qu'un courrier a été envoyé à plus de 10 000 habitants du pied du Jura:

«L’arrosage des pelouses est prohibé, sauf exception sur autorisation pour nouveau gazon de l’année, l’arrosage des jardins doit se faire par arrosoir ou au goutte-à-goutte, les nettoyages des véhicules sont interdits sur le domaine privé et le remplissage complet des piscines de plus 5 m3 doit se faire sur autorisation.»

Les Verts préparent leur plan «eau potable»

De leur côté, Les Verts préparent «un papier de position» sur la question, a appris watson. Son but: «Prévenir la gaspillage de l’eau potable», indique la conseillère nationale genevoise Delphine Klopfenstein Broggini. L’élue écologiste ne souhaite pas en dire plus pour l’instant. «L'objectif n’est pas d’accabler les ménages», précise-t-elle. Probablement l’accent sera-t-il mis sur les usages professionnels, notamment agricoles, de la ressource aquatique.

«Le secteur agricole est celui qui consomme le plus d’eau», relève Marianne Milano.

«L’an dernier, pendant la sècheresse estivale, il a fallu organiser des tournus pour irriguer les cultures et les prairies. En hiver, c’est en montagne que l’on constate des stress hydriques, surtout à la saison touristique, quand la demande est forte. Il arrive que l’eau manque, parce qu’elle est sous forme solide, neige ou glace, dans la nature. Enfin, c’est au Tessin, soumis à un climat méditerranéen, qu’on observe un déficit d’eau chronique dans les nappes phréatiques.»
Marianne Milano, hydrologue à l'Université de Lausanne

On l'a compris, l'eau qu'on fait couler chez soi au robinet n'est pas le souci principal des spécialistes du secteur. «C'est une quantité négligeable, comparée à la consommation globale d’eau potable. L’important est d’avoir une consommation responsable de la ressource», indique Rolf Meier, vice-président de la SVGW, l’Association pour l’eau, le gaz et la chaleur.

«En Suisse, l’eau que nous utilisons provient à 40% des sources, à 40% des nappes phréatiques et à 20% des lacs et des rivières. Dans notre pays, seuls 2% des précipitations sont captés pour un usage humain»
Rolf Meier, vice-président de la SVGW

Rolf Meier se préoccupe davantage de la situation qui prévaudra dans 50 ans, en particulier dans les régions de montagne. Les glaciers auront fondu, il neigera moins, l’eau s’écoulera directement dans les plaines. Il faudra trouver des solutions pour garder l’eau, même si les précipitations, elles, ne devraient pas diminuer.

Il y a 20 ans, 15 mètres de neige, 2 aujourd'hui

Il y a 20 ans, jusqu’à 15 mètres de neige tombaient en montagne, aujourd’hui, plus que 2. Il va falloir arbitrer entre la préservation de la faune aquatique, la production d’électricité et les réserves en eau potable. La SVGW, qui collabore avec des distributeurs de la ressource aquatique, planche sur des solutions.

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