La législature entre dans sa dernière année. En octobre 2023, on saura dans les urnes si les électeurs sont satisfaits des prestations de leurs conseillers nationaux et aux Etats. Plusieurs d'entre eux se représenteront. Les chiffres des Services du Parlement permettent de mettre en lumière les élus les plus performants ou au contraire, ceux qui ont plutôt brillé par leur inaction au cours des trois dernières années.
Les Services du Parlement ont examiné toutes les interventions déposées par les députés au cours de la législature actuelle. Les résultats sont disponibles en exclusivité pour watson. La date de référence était la fin de la session d'automne, soit le 30 septembre 2022.
A cette date, un total de 2093 postulats, motions et initiatives parlementaires ont été déposés. Près de la moitié des objets sont encore en suspens. Parmi les autres, un peu plus de 25% ont été adoptés.
Avant d'aller plus profondément, un petit lexique pour les personnes qui n'aiment pas la politique:
Au cours des trois dernières années, les Verts ont été les plus actifs. Ils ont déposé près de douze interventions par député. Les libéraux-radicaux n'en ont fait que la moitié, soit six par personne.
Mais il ne suffit pas de déposer beaucoup d'interventions. Le PLR est le parti qui a déposé le moins de motions et autres interventions par personne, mais c'est aussi celui qui a le plus fort ratio d'interventions acceptées et le plus grand nombre d'interventions acceptées en chiffres absolus (67).
Un coup d'œil sur le graphique suivant montre que ce sont surtout les partis situés aux extrêmes qui ont des difficultés a faire passer leurs interventions. Les femmes socialistes et des Verts ont tout de même réussi à faire accepter leurs propositions dans un peu plus de 20% des cas. L'UDC n'a réussi à convaincre une majorité que dans... 10% des cas.
Au niveau individuel, on remarque que ce sont en premier lieu les nouveaux élus qui se mettent en lumière. Sur les 15 parlementaires qui ont déposé au moins 25 interventions, un seul en est à sa troisième législature. Il s'agit du conseiller national tessinois Marco Romano (Le Centre). La plupart des autres ne sont en fonction que depuis 2019.
En tête de cette liste se trouve l'écologiste Meret Schneider (ZH). Elle a déposé 43 interventions. Il s'agissait le plus souvent d'améliorer la protection des animaux ou d'imposer des règles plus strictes à l'industrie de la viande.
Seules deux motions ont été adoptées. L'une concernait la promotion de variétés de fruits et légumes durables et plus anciennes. L'autre demandait l'interdiction de couper la queue des moutons sans anesthésie. 33 de ses motions n'ont pas encore été traitées, les huit autres ont été rejetées.
L'exemple de Meret Schneider le montre une fois de plus: la quantité ne fait pas tout. Même si, en théorie, elle pourrait encore figurer sur la liste des parlementaires les plus performants.
Sur cette liste, on trouve à nouveau presque exclusivement des personnes issues de partis bourgeois. Le conseiller national Andri Silberschmidt (PLR/ZH) arrive en première position avec neuf interventions acceptées. Le conseiller aux Etats Josef Dittli (PLR/UR) arrive en deuxième position avec également neuf interventions.
Cependant, Silberschmidt a réussi à faire passer une initiative parlementaire à travers les deux chambres. Ce n'est pas une tâche facile. Au cours des trois dernières années, seuls 20 députés y sont parvenus. Un seul d'entre eux a réussi à faire passer deux initiatives parlementaires avec succès: Benjamin Roduit (Le Centre/VS), conseiller national.
Parmi les parlementaires qui ont déposé au moins quatre interventions, seuls deux représentants ont réussi à ce qu'elles soient toutes acceptées. Parmi eux, Josef Dittli se distingue comme le roi de l'efficacité.
De l'autre côté du spectre, il y a surtout une personne: Marco Chiesa. Le président de l'UDC et conseiller aux Etats n'a pas eu de chance du tout au cours des trois dernières années. 26 de ses interventions ont été traitées, toutes ont été rejetées.
Ni sa proposition d'une compensation du renchérissement pour l'AVS en 2023, ni celle d'un renoncement de l'Etat aux taxes sur les huiles minérales n'ont convaincu ses collègues du Conseil. Les mauvaises langues pourraient prétendre que nombre des propositions déposées par Chiesa n'avaient pour but que d'attirer l'attention des médias.
Chiesa n'est cependant pas le seul dont les interventions aient été rejetées. Le conseiller aux Etats Werner Salzmann (UDC/BE) et le conseiller national Fabian Molina (PS/ZH) ont également vu toutes leurs interventions rejetées. On le voit une fois de plus: les partis politiques situés aux extrêmes ont du mal à faire passer leurs revendications.
Treize parlementaires en tout n'ont déposé qu'une seule intervention au cours de la législature actuelle. Il s'agit de:
Six d'entre eux n'ont pas occupé leur poste pendant toute la législature. Parmi les sept autres, on trouve le conseiller national UDC Roger Köppel. Il a souvent fait la une des journaux pour s'être absenté lors de votes. Depuis 2019, il a posé exactement une question au Conseil fédéral et déposé une interpellation.
Mais qualifier Köppel et les six autres de paresseux est un peu injuste. Beaucoup ont assumé d'autres tâches importantes au cours des trois dernières années. Irène Kälin a par exemple été présidente du Conseil national. Petra Gössi a été présidente du PLR jusqu'en 2021 et Markus Ritter est président de l'Union suisse des paysans.
De plus, les interventions déposées individuellement ne sont pas la mesure de toute chose en ce qui concerne les performances des membres respectifs du Conseil. Certains préfèrent faire avancer les idées et les projets dans leurs commissions respectives. En vue des élections parlementaires de l'année prochaine, ces statistiques devraient, toutefois, être utiles pour promouvoir leur propre réélection.