La fin de l'hiver est riche en affaires politiques dans les gouvernements romands. En parallèle de l'affaire Dittli qui chauffe les esprits dans le canton de Vaud, à Fribourg, c'est un autre conseiller d'Etat qui est mis sur la sellette: l'UDC Philippe Demierre n'a pas annoncé 10 000 francs de dons lors de sa campagne de 2021, alors que la transparence sur le financement des partis doit désormais être légalement appliquée.
Vous avez loupé quelques épisodes? Voici un recap' de l'affaire agitant en ce moment le canton de la crème double, des fondues, de la désalpe (et des équipes de hockey cool qui ne gagnent jamais la coupe).
Le conseiller d'Etat UDC Philippe Demierre, élu en novembre 2021 à l'exécutif fribourgeois, n'a pas rendu public une partie de ses frais de campagne, alors qu'une nouvelle loi cantonale sur le financement des partis l'exige. Selon les informations de la RTS, 10 000 francs sont absents de son carnet de comptes.
Le politicien UDC a-t-il caché une partie des fonds utilisés pour sa campagne? S'agit-il d'un simple oubli ou d'une erreur de calcul? Le montant doit-il être considéré comme un prêt ou un don? C'est ce qu'il reste à résoudre dans cette affaire, qui prend des allures pénales.
Tout commence avec une plainte judiciaire adressée au conseiller d'Etat il y a trois mois, selon la RTS. Dans celle-ci, une femme réclame 10 770 francs à Philippe Demierre. En cause? Un prêt pour le financement d'un clip de communication pour sa campagne pour le Conseil d'Etat, fin 2021.
La plaignante exige le remboursement de la somme et «un dédommagement pour tort moral». Le texte de la plainte explicite que:
En décembre 2020, une loi sur le financement des partis a été votée au parlement cantonal fribourgeois. Elle implique notamment que les comptes des campagnes des élus soient rendus publics. Tous les dons de plus de 5000 francs doivent être notifiés. Toutes ces informations sont disponibles auprès du grand public sur le site du gouvernement fribourgeois.
Ces 10 000 francs sont à mettre au regard des 172 000 francs ayant été engagés par l'UDC fribourgeoise pour la campagne des quatre candidats de l'époque, dont 100 000 francs pour la publicité et la communication, explique La Liberté.
Après les révélations de la RTS et la reprise de l'affaire par La Liberté, la chancellerie cantonale en a informé le Ministère public, qui a décidé d'instruire l'affaire.
De son côté, Philippe Demierre n'a répondu ni à la RTS, ni à la Liberté. Si le conseiller d'Etat se mure dans le silence, le président de l'UDC Fribourg s'est quant à lui exprimé:
Dans tous les cas, le politicien est attendu «en personne» le 22 mars prochain en séance de conciliation avec la plaignante, au tribunal de district de la Glâne.
Ici, le schéma est assez classique et chacun y va de son agenda politique: la droite et le centre se montrent compréhensifs et attendent la suite des développements de l'affaire, tandis que la gauche tire à boulets rouges sur le ministre UDC.
Et du côté de la gauche:
Si les faits étaient avérés, le politicien risque «une amende et des poursuites pénales», indique la RTS. Dans ce cas, la pression politique autour de lui devrait également s'accentuer. Comme le résume un édito de La Liberté:
La tâche pourrait-elle assez large pour, par exemple, le pousser à la démission? Affaire à suivre.