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Une Romande au Conseil fédéral, ce serait utile? «Non mais oui»

Une Romande au Conseil fédéral, ce serait utile? «Non mais oui»
La candidature de la Jurassienne Elisabeth Baume-Schneider peut-elle servir concrètement les intérêts de la Suisse romande?

Une Romande au Conseil fédéral, ce serait utile? «Non, mais… oui»

Au-delà du symbole, de la fierté d'un canton et de la représentation théorique d'une langue et d'une région, la candidature de la Jurassienne Elisabeth Baume-Schneider peut-elle servir concrètement les intérêts de la Suisse romande? «Non, mais... oui», nous rappelle finement le politologue René Knüsel.
29.11.2022, 17:0129.11.2022, 17:59
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Si vous êtes aussi ébranlé par la politique politico-politicienne qu'un caillou devant un coucher de soleil, vous vous posez au moins une question, ces derniers jours: à quoi ça peut bien servir, concrètement, de hisser un conseiller fédéral romand?

«Elu, je serai aussi le conseiller fédéral des Romands.» C'est par cette locution digne d'un concours de beauté que l'UDC Albert Roesti a tenté de rassurer nos petits cœurs latins. Depuis le début du jeu des chaises musicales au Conseil fédéral, on assiste à un drôle (mais traditionnel) grand écart rhétorique.

D'un côté, on se doit (logiquement) de souligner, défendre, voire même fêter le vaillant compatriote qui se lance dans la course au siège suprême. De l'autre, ce cheval politique sur lequel on mise tout notre chauvinisme, dédie, lui, toute sa sueur à jurer qu'il représentera tous les Suisses. Il s'agit d'entraîner sa souplesse avant de s'affaler sur le trône.

Cas d'école romand, la candidature socialiste de la Jurassienne Elisabeth Baume-Schneider. Si elle succède à Simonetta Sommaruga le 7 décembre prochain, le Jura aura enfin son premier représentant au Conseil fédéral. Gloire, paillettes et tutti quanti. Mais y a-t-il autre chose à se mettre sous la dent que le symbole (important), la fierté (sincère) et cette représentation (mouvante et théorique)?

Autrement dit: la présence d'un conseiller fédéral romand peut-elle faire avancer un projet qui nous concerne particulièrement, filer un petit coup de main en douce, placer un dossier en haut de la pile? Coup de fil à René Knüsel, politologue à l'Université de Lausanne.

Très officiellement?

«La réponse est non»

Et officieusement? «Si les conseillers fédéraux, une fois élus, doivent théoriquement abandonner leur couleur politique et leurs attaches à la région qui les a vus naître, ce sont des humains qui conservent leur sensibilité.»

Voilà pour les bases.

Et le reste?

«Tout se joue dans une fine et stratégique ambiguïté»

Le réseau

Déménager ses bagages politiques de sa région au sommet du pouvoir helvétique, c'est trimballer aussi son réseau, des influences, des numéros de portable, des liens amicaux. En accédant au Conseil fédéral, les entrées sont facilitées et «vous devenez ainsi une porte ouverte sur les sollicitations de votre entourage».

«Pouvoir joindre, tard le soir, un conseiller fédéral sur son portable pour le convaincre d'accélérer un dossier, c'est un sacré avantage»
René Knüsel, politologue

«Si Baume-Schneider est élue, elle ne pourra certes pas faire avancer un dossier purement jurassien, mais elle sera armée et suffisamment renseignée pour tenter de faire pencher la balance dans un dossier national qui concernerait particulièrement son canton.» Un exemple? «Les transports publics périphériques.»

Convaincre par la langue

Si Alain Berset est devenu une star en Suisse romande durant la (longue) pandémie de Covid-19, ce n'est pas seulement parce qu'il aurait géré la crise avec un brio inégalable. L'homme est fribourgeois et, comme le veut l'usage, il s'exprime d'abord dans sa langue natale. «Et il maîtrise suffisamment bien l'allemand pour conserver toute sa crédibilité au sein du Conseil fédéral, mais aussi dans les médias alémaniques. Quand vous êtes bilingue, comme Simonetta Sommaruga, c’est avant tout une capacité à faire passer des idées.»

«C'est connu, Guy Parmelin est gauche en allemand, pour ne pas dire plus. Que comprend-il réellement de l’allemand une fois en séance avec le collège?»

Quand Alain Berset prend des exemples concrets pour transmettre une information, il va naturellement «chercher une familiarité, piocher dans la Suisse romande et une région de référence francophone», nous rappelle René Knüsel. Enfin, les départements, quand ils sont dirigés par un latin, ça change un peu la donne, «notamment au niveau des secrétaires généraux. Une teinte de la couleur du parti et la région apparaît entre les lignes neutres».

La sensibilité (au sens large)

Au-delà du symbole et d'une certaine fierté de tout un canton, un conseiller fédéral amène avec lui des visions, selon son parcours et ses origines. «Même si le reste du collège peut, à tout moment, vous faire avaler des couleuvres, l’idée est de développer des thématiques selon des intérêts particuliers et des sensibilités personnelles.» Pour étayer son propos, René Knüsel évoque l'importance de la personnalité de l'élu pour espérer voir la Suisse romande profiter (un peu) d'un élu au sommet du pouvoir.

«Les conseillers fédéraux ne se valent pas. Guy Parmelin n'est pas Alain Berset, notamment en termes d'aura ou de crédibilité. Vous devez tenir tête à six collègues autour de la table, il faut pouvoir séduire, convaincre»

La formule magique? Charisme et finesse. Pour René Knüsel, Elisabeth Baume-Schneider aurait ce qu'il faut pour offrir quelques retombées officieuses à la Suisse romande. «L’arrière-pays, ce n'est pas l’Arc lémanique. Elle pourrait très bien, par exemple, se démarquer en incarnant la représentante des régions oubliées. Qu’elle soit jurassienne, ce n’est, en soi, pas déterminant.»

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