L'âge de la retraite à 66 ans à partir de 2032, puis une augmentation continue de l'âge de la retraite en fonction de l'espérance de vie moyenne. C'est ce que demandent les jeunes libéraux-radicaux dans une initiative populaire pour laquelle ils ont récolté 107 000 signatures valables. Début 2023, les commissions compétentes du Parlement fédéral débattront du projet.
Avec le plan des jeunes du parti, l'AVS serait solidement financée à long terme, il n'y a aucun doute à ce sujet. Mais le problème est que la population n'a approuvé que de justesse le relèvement de l'âge de la retraite des femmes en septembre dernier. Un âge de la retraite plus tardif ne semble pas être une option appréciée.
Le conseiller national PLR zurichois Andri Silberschmidt fait maintenant référence à un nouvel argument. Il s'appuie sur un rapport de recherche de l'institut Ecoplan, commandé par l'Office fédéral des assurances sociales. L'étude conclut que l'immigration en Suisse pourrait baisser de 23% après une augmentation de l'âge de la retraite.
Si les employés travaillent plus longtemps dans le pays, les entreprises cherchent moins de main-d'œuvre à l'étranger, et cela entraîne une réduction de l'immigration. Le rapport de recherche table sur ce résultat, pour autant que la conjoncture et le marché du travail évoluent comme dans le modèle sur lequel se base le calcul.
«On peut faire d'une pierre deux coups», avance Andri Silberschmidt. La mise en œuvre de l'initiative garantit l'AVS également pour les jeunes générations. En même temps, un âge de la retraite plus élevé contribuerait à réduire l'immigration en Suisse.
L'année dernière, l'immigration nette était de 61 500 personnes. «Immigration nette» signifie le nombre d'arrivées moins le nombre de personnes qui ont quitté le pays. Cette année, davantage de personnes arrivent: si l'évolution constatée par l'Office fédéral des migrations de janvier à septembre se poursuit, la population résidente permanente étrangère augmentera de 72 500 personnes en 2022.
Cela fait réagir l'UDC. Elle veut faire de l'immigration un thème de sa campagne électorale en 2023. Le chef du groupe parlementaire Thomas Aeschi a annoncé le lancement d'une initiative populaire. Celle-ci a, toutefois, été reportée. L'UDC récolte déjà des signatures pour l'initiative à 200 francs sur la redevance SSR et pour l'initiative sur la neutralité.
L'hésitation du parti est peut-être aussi liée au fait que le chômage est bas et que de nombreuses branches manquent de personnel qualifié. La situation est d'autant plus difficile que le nombre de personnes qui partiront à la retraite dans les années à venir sera bien supérieur à celui des jeunes qui arriveront sur le marché du travail. Cela pourrait encore aggraver le manque de personnel dans de nombreux secteurs économiques et stimuler davantage l'immigration en Suisse.
L'UDC soutient-elle maintenant l'initiative sur les retraites, qui pourrait réduire l'immigration de près d'un quart? Le conseiller national bâlois Thomas de Courten répond:
Cette réticence s'explique par le fait qu'un âge de la retraite plus élevé est contesté à la base du parti.
Le conseiller national PLR Andri Silberschmidt a constaté que le soutien de l'UDC se fait attendre. Le Centre suggère quant à lui un autre modèle: la durée de vie active. Ce n'est plus l'âge de la retraite qui serait déterminant; ce sont les années de travail qui comptent. Les universitaires seraient ainsi mis à la retraite plus tard que les artisans. On pourrait envisager une durée de vie professionnelle de 44 ans.
Andri Silberschmidt est maintenant en train d'élaborer un contre-projet indirect interpartis à l'initiative des jeunes libéraux-radicaux sur les retraites: âge de la retraite à 66 ans, couplage du futur âge de la retraite à l'espérance de vie moyenne, mais le secteur des bas salaires en serait exclu. Dans ces professions, l'âge de la retraite dépendrait de la durée de vie active.
Aujourd'hui, la droite peaufine ce contre-projet. Ce qui est sûr, c'est que l'AVS est renforcée par l'âge de la retraite à 65 ans pour les femmes, mais un sous-financement se profile déjà à l'horizon 2030. Un âge de la retraite plus élevé pour tous résoudrait ce problème. Mais comme la population est sceptique, il faut sans doute un adoucissement.
En attendant, Matthias Müller, le président des jeunes libéraux-radicaux, se réjouit de constater que l'acceptation de son initiative réduirait l'immigration. «Le relèvement de l'âge de la retraite entraîne également une plus grande participation des personnes âgées au marché du travail en Suisse», dit-il. Les entreprises locales devraient donc moins recruter de main-d'œuvre à l'étranger.
(cpf/traduction par sas)