Martin Pfister a pris ses fonctions il y a 105 jours à la tête du Département de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS). Les défis à relever sont gigantesques: guerre en Ukraine, financement flou du développement de l'armés et (nombreux) projets d'acquisition en mauvaise posture. La menace d'un surcoût de plusieurs milliards pour le prochain avion F-35 fait figure de dernier exemple en date.
Le ministre n'a pas seulement hérité de sa prédécesseure et collègue de parti, Viola Amherd, d'énormes chantiers et de dossiers brûlants. Il a également repris l’équipe de la Valaisanne aux commandes du département.
Et il s'avère que le chef d'état-major du secrétariat général, Davide Francesco Serrago s'apprête à claquer la porte. Il quittera son poste en septembre, confirme le département. Il s'agirait d'un départ «volontaire», Serrago aurait accepté un nouveau défi dans le secteur privé.
En interne, des voix parlent toutefois de tensions entre Serrago et le secrétaire général du DDPS, Daniel Büchel. Il y aurait eu une «lutte de pouvoir» que Serrago aurait perdue.
La foi catholique a marqué le parcours de cet Oltenais. Il a servi plus de quatre ans dans la Garde suisse au Vatican et est diplômé de l'Université pontificale du Latran à Rome. Il préside désormais l'association des «Amis de la Garde suisse».
Serrago travaille pour le département de la Défense depuis 2010. Il a rejoint la direction du Secrétariat général en 2017. Il y était alors responsable de la stratégie, de l'aide au commandement et du droit. De plus, en tant que colonel EMG, Serrago dirige le tout jeune Cyber Bataillon 42 - créé en 2022. Ce projet prestigieux a vu le jour grâce au chef de l'armée, Thomas Süssli, qui s'en ira lui aussi, mais à la fin de l'année.
Le départ de Serrago n'est pas le premier que doit encaisser le nouveau ministre Pfister. Les rocades à l'arrivée d'un nouveau chef de département sont fréquentes. Au DDPS, elles concernent surtout des proches de longue date de l'ancienne conseillère fédérale ayant des liens avec le Valais et l'ancien PDC (aujourd'hui: le Centre).
Huit jours après son entrée en fonction, Pfister avait déjà annoncé plusieurs remaniements. Le collaborateur personnel d'Amherd, Daniel Floris, un partisan valaisan du PDC, a été remercié.
En outre, Pfister a restructuré le Secrétariat général du DDPS et a renforcé la gestion de projet en vue des acquisitions complexes. Il a nommé Robert Scheidegger à la tête de ce nouveau service. Celui-ci était auparavant responsable de l'audit du département de la Défense auprès du Contrôle fédéral des finances.
Scheidegger et son équipe ont critiqué à plusieurs reprises, dans des rapports, les graves lacunes des projets d'acquisition du DDPS. Par exemple, le soi-disant «prix fixe» convenu avec les Etats-Unis pour l'avion de combat F-35. On sait désormais qu'il n'était qu'illusion.
Pfister a également transféré Roger Michlig au Secrétariat d'Etat à la politique de sécurité dans le cadre de cette refonte. Ancien président du PDC haut-valaisan, il s'agit aussi d'un confident de longue date d'Amherd.
Sur le plan des ressources humaines, il reste encore deux décisions primordiales à prendre: Pfister doit nommer un chef de l'armée et un directeur ou une directrice du Service de renseignement de la Confédération (SRC).
La NZZ a récemment indiqué que la succession du directeur sortant du SRC, Christian Dussey, devrait être réglée après les vacances d'été. Il faudra patienter davantage pour le nouveau chef de l'armée. Selon le quotidien alémanique, seules quelques candidatures ont été déposées. Le commandant de corps, Laurent Michaud et le divisionnaire, Raynald Droz feraient partie des favoris.
(Adaptation française: Valentine Zenker)