Les rentes versées aux anciens conseillers fédéraux font à nouveau parler d'elles, dans le sillage de la campagne sur la 13e rente AVS. Le 3 mars prochain, le peuple s'exprimera sur cette initiative du Parti socialiste qui vise à rajouter une rente supplémentaire à l'année, sur le modèle du treizième salaire, pour augmenter le soutien aux plus pauvres via l'AVS.
Plusieurs anciens conseillers et conseillères fédérales font en effet campagne contre cette initiative. Tous les partis «bourgeois» ont ainsi vu un ou plusieurs de leurs anciens conseillers fédéraux monter au front contre cette idée. Parmi eux:
Mais les ex-conseillers fédéraux auraient peut-être mieux fait de ne pas s'en mêler. Leur prise de position en faveur du «non» a ravivé la polémique sur les sommes que touchent les «rentiers du gouvernement».
24 heures s'est donc intéressé de plus près à leurs rentes. Rappelons qu'en 2024, les anciens conseillers fédéraux recevront pas moins de 236 480 francs. Un montant qui a augmenté de près de 10% sur quinze ans, car il est indexé sur le renchérissement de la vie.
Ainsi, rien qu'entre 2023 et 2024, les anciens Sages toucheront 2341 francs supplémentaires par mois. Alors que si la 13ᵉ rente AVS est acceptée, le rentier moyen suisse gagnera à peu près la même somme: 2450 francs. Mais par année.
Une augmentation qui fait d'autant plus jaser que dans le même temps, les retraités «lambda» ont vu leur rente baisser de près de 10% à cause de la baisse des taux de conversion du 2ᵉ pilier, selon l'Union syndicale suisse.
La rente annuelle d'un ex-conseiller fédéral correspond à la moitié de ce que touche un Sage en fonction — faites le calcul pour savoir combien gagne Albert Rösti ou Beat Jans. Elle peut être touchée tant que l'ex-conseiller fédéral ne gagne pas autant que ce qu'il gagnait quand il siégeait au sein des Sept sages.
Comprendre: un ancien conseiller fédérale qui touchera moins de 236 480 francs par année peut toucher l'entièreté de sa rente. Pour rappel, cette somme est financée par le budget de la Confédération.
L'intervention des anciens conseillers fédéraux a énervé une partie de la population. L'Aargauer Zeitung explique ainsi qu'Adolf Ogi, d'habitude apprécié par la population, a reçu nombre d'e-mails et de lettres au vitriol.
Certaines indiquent sobrement la déception ressentie après la prise de position du Bernois. D'autres sont très critiques, voire insultantes. Extraits:
Adolf Ogi a décidé de réagir en répondant à tous les courriers avec un simple: «Je respecte votre opinion, mais je ne la partage pas». L'homme dit se sentir un peu dépassé par la déferlante qui lui est tombée dessus et parle de «perte de respect».
(acu)