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Politique

13ᵉ rente AVS: 5 ex-conseillers fédéraux se battent contre

Ils reçoivent 20 000 francs par mois et se battent contre la 13ᵉ rente AVS

En Suisse, les anciens conseillers fédéraux se tiennent généralement à l'écart des campagnes de votation. C'est pourquoi le fait que cinq ex-ministres bourgeois s'unissent dans une lettre contre la 13e rente AVS surprend.
07.02.2024, 11:4107.02.2024, 12:01
Couchepin, Leuthard et Ogi sont contre la 13e rente AVS, mais gagnent près de 20 000 francs par mois.
Pascal Couchepin, Doris Leuthard et Adolf Ogi font partie des anciens conseillers fédéraux qui ne veulent pas de la 13e rente AVS.Image: keystone/watson
Othmar von Matt / ch media
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Le ton de la lettre est insistant. «Nous nous adressons à vous aujourd'hui parce que nous sommes sérieusement inquiets», écrivent les auteurs. «Il est question de l'initiative populaire pour une 13e rente AVS: elle semble séduisante, mais est en fait hautement dangereuse».

Cette lettre est inhabituelle par ses signataires: cinq anciens conseillers fédéraux de droite. Adolf Ogi (81 ans, UDC), Doris Leuthard (60 ans, Le Centre) et Johann Schneider-Ammann (71 ans, PLR) ont signé la version allemande de la lettre et Joseph Deiss (78 ans, Centre) et Pascal Couchepin (81 ans, PLR) la version française.

«Une 13e rente AVS entraînerait des coûts supplémentaires de 5 milliards de francs par an», avertissent les cinq anciens magistrats:

«Pour cela, il faudrait augmenter la TVA de 1% à partir de 2026. Cela renchérirait la vie pour tous»

Ils soulignent que l'AVS serait confrontée à de grands défis financiers de manière générale: «Dans six ans déjà, les rentes déjà existantes ne seront plus couvertes par les recettes».

C'est l'alliance «Non à la 13e rente AVS» qui envoie la lettre des anciens conseillers fédéraux à quelque 700 000 retraités en Suisse alémanique, comme l'écrit 20 Minuten. En Suisse romande, la lettre est publiée sous forme d'annonce dans les journaux régionaux.

Ruth Dreifuss se montre très critique

En Suisse, il est plutôt inhabituel que d'anciens ministres s'immiscent dans une campagne de votation. C'est d'autant plus inhabituel lorsque cela se produit de manière aussi massive. Pour Ruth Dreifuss (83 ans, PS/GE), ministre de l'Intérieur de 1993 à 2002, cela va trop loin. Elle avait fait avancer l'égalité des droits pour les femmes avec la 10e révision de l'AVS.

Alt Bundesraetin Ruth Dreifuss an der Kundgebung fuer gerechten Frieden in Israel und Palaestina auf der Schuetzenmatt, am Samstag 9. Dezember 2023, in Bern. (KEYSTONE/Marcel Bieri)
Ruth Dreifuss.Keystone

«Je trouve cela étrange et insolite que d'anciens membres du camp bourgeois au Conseil fédéral s'expriment de manière coordonnée pour donner plus de force à leur recommandation de vote», déclare Ruth Dreifuss. Il y a certes toujours des cas où un ancien membre du gouvernement s'exprime au sujet d'une votation, certains plus, d'autres moins. «Pour ma part, je me tiens habituellement plutôt en retrait, mais je m'engage actuellement personnellement pour un oui à la 13e rente AVS», dit-elle:

«Je connais suffisamment cette institution pour pouvoir l'expliquer aux citoyens et leur faire comprendre les conséquences de l'initiative»

Quant à elle, l'ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey (78 ans, PS/GE) trouve cette prise de position moins problématique. «Nous, anciens conseillers fédéraux, nous sommes des personnes libres», dit-elle. Les cinq conseillers fédéraux auraient manifestement peur que la 13e rente AVS soit acceptée. «Personnellement, je suis pour la 13e rente AVS», souligne-t-elle:

«Les retraités vivent des moments difficiles. Ils doivent se débrouiller avec des moyens financiers très limités, car tout est devenu plus cher – comme les loyers et les primes d'assurance maladie. Et les rentes AVS n'ont pas été adaptées au coût de la vie».
Des avanc
Micheline Calmy-Rey.Keystone

Pascal Couchepin, de son côté, confirme qu'il a participé à la lettre. «Il est dans l'intérêt de la Suisse que cette votation aboutisse à un non. Un oui à la 13e rente AVS serait très dangereux pour l'avenir de l'AVS». Il ne trouve pas problématique l'intervention commune avec ses quatre collègues:

«En quoi serait-il antidémocratique que des conseillers fédéraux s'expriment ensemble pour soutenir la position du gouvernement? Rien ne s'y oppose»
Alt-Bundesrat Pascal Couchepin, fotografiert waehrend der Europatagung der Europaeischen Bewegung Schweiz, am Samstag, 27. November 2021, in Bern. (KEYSTONE/Anthony Anex)
Pascal Couchepin.Image: KEYSTONE

Ce n'est pas la première fois que plusieurs anciens conseillers fédéraux s'impliquent dans une campagne de votation. C'est arrivé aussi, en 2013, lorsque dix anciens conseillers fédéraux se sont engagés ensemble dans le comité du non contre l'élection du Conseil fédéral par le peuple.

La rente élevée du Conseil fédéral pointée du doigt

A l'Union syndicale suisse (USS), qui a lancé l'initiative pour une 13e rente AVS, voit d'un mauvais oeil l'action de ces anciens ministres. «Dans leur lettre, les anciens conseillers fédéraux ne mentionnent pas une seule fois que la situation financière des retraités s'est détériorée», a rappelé l'économiste en chef du syndicat, Daniel Lampart, à 20 Minuten. «Ils n'ont pas non plus fait de proposition pour résoudre ce problème».

«Au lieu de cela, ils essaient de faire peur à la population», constate Lampart qui conclut:

«Avec leur rente de conseiller fédéral de plus de 20 000 francs par mois, ils ont sans doute oublié ce que c'est que de joindre les deux bouts avec 2000 francs»

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

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