Le constat est largement accepté: la Suisse doit impérativement répondre à l’urgence climatique et le temps presse après le non à la loi CO2 en juin dernier. Face à une classe politique poliment qualifiée de «timide», ce sont les citoyens qui empoignent la question.
Cela ne date pas d’hier, certes. Mais il n’y a peut-être jamais eu autant d’initiatives populaires ou de votations qui touchent de près ou de loin la question climatique. Dernière en date, celle des Jeunes vert.e.s lancée cette semaine, deux mois après la double votation agricole (initiatives Eau propre et Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse).
L’hyper activité des mouvements et partis pro climat n’est-elle pas contreproductive? «Bien au contraire», réagit Oleg Gafner, co-président des Jeunes vert.e.s. «La multiplication des initiatives est le témoin de la préoccupation de la population et d'une classe politique si timide sur la question environnementale», lance-t-il.
Alors que la loi CO2 a été rejetée, mettant au passage un coup de frein à la politique climatique fédérale, Oleg Gafner pense que son texte est plus à même d’obtenir les faveurs de la population. Comprenez: les Jeunes vert.e.s veulent éviter de toucher à (tous) les porte-monnaie, point qui a plombé la votation du 13 juin dernier.
Cette nouvelle initiative va aussi permettre de maintenir au centre du débat la question climatique. «La crise climatique reste ainsi constamment dans l’agenda politique. Je rappelle que cela fait 30 ans que les scientifiques tirent la sonnette d’alarme et pas grand-chose n’a vraiment bougé depuis», analyse Sophie Fürst.
La porte-parole de l’Association suisse pour la protection du climat, à l’origine de l’initiative pour les glaciers, évoque un sondage mené à la suite du non à la loi CO2.
Elle poursuit: «La population n’en a pas ras-le-bol des initiatives. Elle a ras-le-bol de voir le politique qui ne trouve pas de nouvelles mesures, qui n’a pas de vision qui nous permettrait de continuer à vivre sur cette terre. Les initiatives, elles, donnent des pistes»
Sophie Fürst et Oleg Gafner parlent de leur point de vue de défenseurs du climat et sont actuellement engagés pour leur texte. Pour prendre un peu de hauteur, nous sommes retournés interroger Antonio Hodgers. Souvenez-vous, cet écologiste de longue date, aujourd’hui conseiller d’Etat genevois, nous racontait que depuis quelques années, il sent une tendance à l’écologie de la peur avec des projections d’écroulement de nos sociétés.
Qu’en pense-t-il aujourd’hui? Bien sûr, que l’idée des Jeunes vert.e.s est très bonne, et qu’il va probablement la soutenir d’un point de vue personnel.
L’élu tire un parallèle avec la pandémie, les mouvements anti-vaccin, le prochain référendum II sur la loi Covid et «cette tendance à la polarisation de la société».
Il conclut: «Ces moments de démocratie ne doivent pas tomber dans la cacophonie. Est-ce bien utile de marteler qu’il faut sauver la planète ou se faire vacciner? Ou ne faut-il pas plutôt partir à la recherche d’une majorité, d’un compromis? L’initiative des Jeunes vert.e.s ne doit pas dispenser les partis politiques et les parlementaires de faire cette recherche.»