Au pic de l’audience du matin, les chroniques de 7h55 sur la Première sont des moments attendus comme des récréations dans le roulement de l’info. La rédaction en chef de l’actualité radio à la RTS a décidé de faire peau neuve à la rentrée d'après les vacances d’été. A partir du 22 août, trois des cinq chroniques s’étalant du lundi au vendredi dans la Matinale disparaissent au profit de trois autres. Les personnels de la Première en ont été avertis lundi.
Parmi les chroniques que les auditeurs n’entendront plus et dont l’absence risque de faire le plus de bruit, celle du vendredi, intitulée La semaine de Delphine Gendre, du nom de la journaliste qui la tenait vendredi dernier encore. Jean Romain, député libéral-radical au Grand Conseil genevois, regrette la fin de ce rendez-vous hebdomadaire:
Les changements apportés sont les suivants:
Les explications de Laurent Caspary, rédacteur en chef de l’actualité radio à la RTS:
Du changement, de la nouveauté. Mais La semaine de Delphine Gendre n’avait que deux ans d’existence et était appréciée d’une partie du public, notoirement de celui qui ne se reconnaît pas forcément dans tout ce que produit ou propose le camp progressiste. Etait-il à ce point nécessaire de l’arrêter? Laurent Caspary laisse entendre qu’un renouvellement qui n’aurait renouvelé que deux chroniques sur cinq, et non pas trois, n’en aurait pas vraiment été un.
Sur le fond, maintenant:
«J’ajoute, poursuit Laurent Caspary, que Delphine Gendre m’avait fait part, en début d’année, de ses craintes de se répéter dans sa chronique si celle-ci était reconduite pour un an de plus, mais je précise que ses doutes avaient ensuite disparu et qu’elle m’avait dit être tout à fait prête pour une troisième saison. Ce que je peux dire encore, c’est que Delphine Gendre comme tout autre journaliste auront et ont déjà l’occasion de faire des commentaires d’actualité dans la Matinale.»
Jointe par watson, Delphine Gendre réagit à la disparition de sa chronique hebdomadaire:
Il en allait à l’interne comme pour les auditeurs: si certains appréciaient les propos de leur collègue de travail, d’autres n’y trouvaient pas leur compte. Ainsi, La semaine de Delphine Gendre n’a jamais eu les honneurs de la page Facebook siglée RTS Info, ni même d’un tweet à la même enseigne, autrement qu'à l'initiative de l'auteure sur ses propres réseaux. Est-ce parce que l’équipe en charge des réseaux sociaux à la RTS goûte peu à l’esprit de Delphine Gendre? A titre de comparaison, la radio France Inter tweete abondamment les productions de ses chroniqueurs.
La gestion des réseaux sociaux, en mains des «nouvelles plateformes», qui passent pour être un «Etat dans l’Etat» aux yeux de certains collaborateurs de la Première, «fait débat dans l'entreprise», confie un cadre. De son côté, la Matinale devrait disposer à la rentrée prochaine de son propre «community manager», chargé de mettre en valeur les contenus des journalistes et chroniqueurs sur les réseaux sociaux.
La «radio romande», comme on disait autrefois, cette grande entreprise publique qu’est la RTS, chaînes télé comprises, est sous observation permanente. La disparition de la chronique de Delphine Gendre, sans préjuger des opinions politiques de cette dernière ni de celles de ses collègues de travail, donnera probablement du grain à moudre aux libéraux-radicaux comme à l’UDC, qui jugent l’audiovisuel public romand et suisse en général «trop à gauche». Des élus de droite ne cessent de le menacer avec ce «monstre» qu'est l'initiative dite «Billag 2», lancée par l’UDC et qui entend couper drastiquement dans le budget alloué à la Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR). Le texte prévoit de plafonner la redevance à 200 francs, contre 335 actuellement.
Contacté par watson, Christophe Chaudet, directeur de l’actualité et des sports à la RTS, réplique à ces menaces et plus largement aux critiques «s’agissant d’une prétendue "couleur politique" dans nos éditions d’informations»: