Un journaliste occidental perdu au milieu de la Mère Patrie, la Russie, pour ses reportages: après Tintin au Pays des Soviets, voici Roger Köppel au pays de Poutine.
Le rédacteur en chef de l'hebdomadaire alémanique Weltwoche se trouve depuis plusieurs jours à Moscou. Un voyage qu'il documente allègrement sur Twitter et dans lequel il raconte ce qui l'entoure: une capitale bien tenue sous tous rapports, un pays qui s'en sort malgré les sanctions, et un «autre regard» sur le conflit russo-ukrainien.
Une réalité loin de celle de la ligne de front et qui pose question, pour un journaliste souvent critiqué pour sa complaisance envers le régime de Poutine et qui semble pouvoir se rendre sans problème à Moscou.
A titre de comparaison, la semaine dernière, un de ses confrères de la NZZ, un peu trop critique du Kremlin, s'est fait menacer par l'ambassade de Russie — en Suisse même.
Contacté par watson, le secrétariat central de l'UDC se borne à indiquer que le parti «ne s'exprime pas sur les activités privées de ses représentants élus». Du côté des parlementaires, c'est peu ou prou la même histoire, mais on s'étonne tout de même. Le conseiller aux Etats bernois Werner Salzmann, par exemple, déclare que:
Le Bernois relève que c'est bien le journaliste Köppel et non le parlementaire qui se trouve à Moscou. Pour autant:
D'autres collègues parlementaires n'hésitent pas à le soutenir ouvertement, à l'image du saint-gallois Roland Rino Büchel:
Et de compléter:
De l'autre côté du spectre politique, ça chauffe — logiquement — un peu plus. Lundi matin, le conseiller national vert Raphaël Mahaim a poussé un coup de gueule sur Twitter.
.@KoeppelRoger, conseiller national @UDCch et idéologue en chef du parti, fait le malin depuis Moscou en flattant la Russie de Poutine. On parle donc du 1er parti de 🇨🇭, avec 2 conseillers fédéraux et que les sondages disent victorieux cet automne. Nausée.https://t.co/vO5QjEH9hN
— Raphaël Mahaim (@raphaelmahaim) April 24, 2023
Contacté, le Vaudois s'exprime en détail: «Cela fait une année et demi que le Parlement déploie des efforts dans tous les sens, économiquement et diplomatiquement, pour soutenir l'Ukraine et mettre un terme à la barbarie russe. Et voilà qu'un idéologue du premier parti du pays débarque à Moscou...»
Pour le Vert, Roger Köppel met à mal un travail institutionnel ayant demandé des sommes d'argent et d'effort considérables.
Le conseiller national note également le paradoxe entre un élu UDC qui se montre dans la ville de Poutine, et un ministre de l'Economie issu du même parti qui lutte pour faire appliquer les décisions du Parlement:
Ce n'est pas plus tendre outre-Sarine. Voici ce que déclare le conseiller national socialiste zurichois Fabien Molina:
Ambiance garantie lors de la prochaine session parlementaire — qui sera d'ailleurs la dernière de Roger Köppel.