Un beau ciel bleu, quelques nuages épars, des gens qui se baladent sur une place célèbre et un bâtiment historiquement reconnaissable. Non, on ne parle pas des selfies de vacances de votre voisin. A moins que votre voisin ne soit le conseiller national UDC Roger Köppel et que ses «vacances» aient lieu à Moscou.
Weltwoche Daily aus Moskau: Laufend neue Berichte, Sendungen und Interviews. Geht auf unsere Webseite. Die andere Sicht! Herzliche Grüsse und schönes Wochenende. pic.twitter.com/VTAP4bqQWU
— Roger Köppel (@KoeppelRoger) April 22, 2023
Le rédacteur en chef de l'hebdomadaire Die Weltwoche s'est en effet rendu dans la capitale russe. L'objectif assumé: donner une autre image de la guerre en Ukraine en allant directement jeter un coup d'œil du quotidien des moscovites.
Une démarche qui aurait pu être louable, si Roger Köppel n'était pas connu pour sa complaisance avec la Russie poutinienne. Depuis le début de l'invasion, le Zurichois a multiplié dans ses émissions les piques envers Kiev, l'Otan et la presse suisse et occidentale.
Après un premier tweet publié samedi, le journaliste en a remis une couche dimanche, en vantant les mérites de la Russie face à, par exemple, l'Allemagne. La preuve? La vitesse du réseau de téléphonie mobile. Ça ne s'invente pas.
Deutschland aufgepasst: In Moskau leuchten nicht nur die Lampen (viel Strom). Auch das Handynetz ist viel schneller als in Berlin. Viel schneller. pic.twitter.com/MVGQW7ngVq
— Roger Köppel (@KoeppelRoger) April 23, 2023
Lundi matin, le journaliste a publié la première de ses émissions Weltwoche daily sur place. L'entretien «indépendant» et «critique», fanfaronne Roger Köppel en début de vidéo, se fait en compagnie d'un entrepreneur suisse qui s'est installé à Moscou durant les années 1980, en pleine guerre froide.
Les deux hommes évoquent la vie en Russie, l'actualité et la guerre en Ukraine. L'entrepreneur, en chemise traditionnelle helvétique, est interviewé à quelques dizaines de mètres du bâtiment de la Loubianka, le quartier général du FSB (et anciennement, rappelle Köppel, du KGB).
Roger Köppel a-t-il cédé à son attrait pour la provocation et poussé un peu plus loin les limites de l'acceptable? Il faut dire qu'il n'en est pas à son coup d'essai.
Dans son émission, il avait déjà justifié l'invasion de l'Ukraine par la Russie en expliquant que Poutine était venu protéger les «républiques populaires» autoproclamées de Lougansk et de Donetsk. Une rhétorique droit dans les bottes (de combat) de celle du président russe et qui lui permet de légitimer la guerre auprès de sa population.
Au lendemain de l'invasion, la Weltwoche avait également titré, en Une, «L'incompris» pour parler de Vladimir Poutine.
Aktuelle Ausgabe: Der Missverstandene ++ Volksrepublik #Schweiz ++ #Tinder-Leitfaden
— Die Weltwoche (@Weltwoche) February 23, 2022
für junge Frauen
Weitere Informationen finden Sie https://t.co/CNakeUJzHN pic.twitter.com/Ynu9x8MOT0
Pour autant, le timing n'aurait pas pu être plus mauvais, les relations entre la Suisse et la Russie s'étant tendues depuis quelques jours. La semaine dernière, un journaliste de la NZZ a été menacé par l'ambassade de Russie en Suisse. En conséquence, le Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) a convoqué l'ambassadeur russe à Berne pour lui taper sur les doigts.
Une chose est sûre: malgré ces tensions sur sol suisse, Roger Köppel n'a pas l'air très inquiet d'avoir posé le pied sur le territoire russe. Ce que certains n'ont pas manqué de faire remarquer sur Twitter:
Les vacances de M. Köppel en Moscovie se déroulent bien. Contrairement aux journalistes critiques, lui ne risque pas d’arrestation. pic.twitter.com/qM5VmE4bUf
— Niels Ackermann (@nielsack) April 23, 2023
A quoi va ressembler la suite du passage de Roger Köpel en Russie? Réponse bientôt avec le prochain épisode de l'émission du tribun.