Ce qu'ils ont annoncé n'est rien de moins qu'une révolution dans le domaine de la santé. Si tout se passe comme prévu, celle-ci devrait se concrétiser dans le Jura bernois dès l'année prochaine.
Mais avant même que la Confédération n'ait donné sa bénédiction au plan révolutionnaire de Visana et de Swiss Medical Network (SMN), la caisse maladie et le groupe de cliniques privées passent déjà à la vitesse supérieure.
Comme il l'a communiqué la semaine passée, l'assureur a acquis une participation de 150 millions de francs, soit un peu plus de 11%, dans le groupe de cliniques privées actif dans toute la Suisse. Jusqu'à présent, celui-ci était entièrement détenu par le groupe hôtelier et hospitalier Aevis Victoria, coté en bourse. Objectif commun du nouveau partenariat stratégique de Visana et SMN: au lieu de se limiter au Jura bernois et aux régions limitrophes, ils veulent également avoir un «rôle de pionnier dans les soins intégrés» au niveau national.
L'idée est la suivante: au lieu d'organiser de manière indépendante l'exploitation d'un hôpital, de cabinets médicaux, de la psychiatrie et des soins aux personnes âgées, la prévention et les soins seront coordonnés par un seul prestataire. Cela permettrait non seulement d'éviter les traitements inutiles et les doublons, mais aussi de réduire les coûts de la santé.
Et les défenseurs des soins intégrés en sont convaincus, tout le monde en profitera – dans l'Arc jurassien, dans le meilleur des cas, les patients en profiteront dès 2024 sous la forme de primes plus avantageuses auprès des caisses-maladie. Mais les plans de Visana et SMN doivent encore être approuvés par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP). Contacté à ce sujet, l'OFSP a toutefois déclaré mardi que le calendrier fixé était «réaliste».
Le concept des soins intégrés vient surtout des régions rurales des États-Unis. Il y a bientôt un an, des experts se sont donc exprimés de manière positive sur les plans d'une nouvelle organisation de la santé dans le Jura.
Au lieu de rémunérer des prestations individuelles comme c'était le cas jusqu'à présent, les hôpitaux, les cabinets de médecins de famille et l'organisation au sein du Réseau de l'Arc recevront désormais un forfait par an pour chaque personne assurée. Cette incitation doit permettre de maintenir les frais de traitement effectifs à un niveau aussi bas que possible. En d'autres termes, ce n'est plus le nombre de traitements qui déterminera le succès économique des différentes organisations.
En outre, le concept de soins intégrés ne s'est jusqu'à présent imposé que de manière rudimentaire dans notre pays, par exemple sous la forme de modèles «médecin de famille».
Il y a onze ans, le peuple suisse a rejeté à 76% une obligation globale de recourir à ces modèles de soins. La pression vient maintenant du privé. Mais pas seulement: le gouvernement bernois est également aux côtés de Visana et Swiss Medical Network pour le projet pionnier suisse dans l'Arc jurassien. Dans le cadre du transfert de Moutier au canton du Jura, celui-ci a décidé de vendre l'hôpital de la ville à ce groupe de cliniques privées.
Par la suite, la SMN et Visana, en tant qu'actionnaire minoritaire, ont décidé de transformer l'hôpital de Moutier en une organisation de santé. Ce que l'on appelle le Réseau de l'Arc devrait à l'avenir être à la fois une assurance et un prestataire de services.
Et maintenant, l'assureur et le groupe de cliniques privées visent le niveau fédéral.
Selon Lorenz Hess, une chose est cependant déjà sûre: «Visana ne deviendra pas un exploitant d'hôpitaux», déclare le conseiller national bernois du Centre. Il précise que l'assureur ne prévoit «pas d'investir dans d'autres hôpitaux», mais se contente d'apporter son savoir-faire dans le partenariat et de contribuer ainsi à développer un modèle d'assurance alternatif.
En attendant, la Confédération se montre ouverte à l'initiative privée de Visana et SMN. Contacté, l'OFSP répond que «le Conseil fédéral salue les mesures qui permettent d'améliorer la coordination des soins. De plus, des idées similaires sont déjà prévues dans le paquet de mesures de maîtrise des coûts, actuellement débattu par le Parlement».
L'Organisation suisse des patients (OSP) se réjouit de l'amélioration de la coordination entre les différents acteurs du système de santé. Pour sa directrice, Susanne Gedamke, le manque de coordination est justement «l'un des problèmes les plus graves du système de santé». Selon elle, il est toutefois regrettable, dans le cas présent, que seuls les assurés d'une certaine caisse-maladie en profitent.
Et elle estime qu'il faudrait intégrer d'autres acteurs dans l'initiative: «Les soins intégrés qui servent le patient rassemblent tous les acteurs importants, y compris ceux de la prévention et du suivi».
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci