Pourquoi être assuré en «division privée» coûte très cher au système
Résider en division privée à l'hôpital augmente-t-il considérablement les coûts de la santé? Il semble que oui, en tout cas si on en croit l'émission On en parle de la RTS.
L'équipe du média public a rassemblé des chiffres transmis anonymement par deux assureurs, qu'elle a comparés à des factures de patients. On parle ici d'assurance complémentaire privée, c'est-à-dire comprenant le degré de confort dans l'hospitalisation stationnaire — division générale, semi-privée et privée.
Résultat? Pour des opérations similaires, le fait d'être en général, semi-privé ou privé a un impact sur la facture finale. Pour la division privée, la surfacturation peut atteindre des dizaines de milliers de francs.
Du simple au double
Les coûts totaux vont jusqu'à passer du simple au double. Pour une opération de la hanche, un patient paie environ 15 000 francs l'entièreté des coûts sans avoir d'hospitalisation privée. Mais avec celle-ci, il faut rajouter 13 000 francs de coûts (dont 8000 pour l'équipe médicale). Il y a les coûts de l'«hôtellerie», c'est-à-dire liés à la chambre privée elle-même, mais aussi celui de la... rémunération des médecins.
La RTS donne l'exemple d'une opération de la hanche: pour les mêmes gestes médicaux, les honoraires du chirurgien passent de 2000 à 6000 francs — en fonction de la «division» du patient. L'équipe d'On en parle a relevé la même tendance pour au moins trois opérations distinctes. Et les surcoûts dus à l'hôtellerie sont «systématiquement inférieur à ce que coûte l'opération et les soins», c'est-à-dire les honoraires du médecin.
Ces surfacturations existent partout en Suisse. En moyenne, être en division privée coûte entre 6000 et 16000 francs de plus — une somme qui pèse sur le système de santé. Mais certains cantons sont plus touchés par le phénomène: à Genève, les surcoûts s'élèvent entre 13 000 et 19 000 francs par opération; dans le canton de Vaud, entre 12 000 et 21 000 francs.
Différence entre cantons
Les cas sont déjà connus, notait sur l'antenne de la RTS Baptiste Hurni (PS/NE). Le conseiller aux Etats est également vice-président de l'Organisation suisse des patients. Il note que la Finma, qui contrôle – en plus des banques – aussi les assureurs, a déjà dénoncé les surfacturations des assurances complémentaires.
Le fait de voir les médecins «tentés» d'opérer en priorité des patients disposant de la division privée laisse également planer l'ombre d'une médecine à deux vitesses, note le Neuchâtelois.
Face à cela, Michel Matter, à la tête de l'Association des médecins genevois, a dit son étonnement. «Les prix n'ont pas changé depuis 15 ans», et d'expliquer que les patients qui paient pour être en division privée «ont le choix du médecin», ce qui permet parfois d'être opéré plus rapidement
Selon Baptiste Hurni, ces dispositions qui inciteraient les gens à se faire opérer, «même si ce n'est pas nécessaire», impacte également la partie «Lamal» (obligatoire) des soins et pèse sur le système, car 55% des frais sont alors à la charge du canton.
(acu)
