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Santé

Les hôpitaux universitaires suisses menacent de s'effondrer

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L'institution genevoise tire la sonnette d'alarme...Image: KEYSTONE

Les hôpitaux universitaires suisses menacent de s'effondrer

Les cinq hôpitaux universitaires de Suisse sont sous-financés et les problèmes se multiplient. Ils mettent en garde contre un krach financier et ses conséquences pour les patients.
30.05.2023, 06:1830.05.2023, 14:08
Anna Wanner / ch media
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Le manque de personnel dans les hôpitaux universitaires est si aigu qu'ils ont récemment dû fermer environ 5% de leurs lits. Cela se répercute directement sur les recettes.

A la pénurie de personnel s'ajoutent d'une part des coûts supplémentaires dus à l'augmentation des prix de l'énergie et des médicaments ainsi qu'au renchérissement. Jusqu'à présent, les caisses d'assurance maladie ont refusé la demande des hôpitaux de prendre en compte les coûts supplémentaires dans les tarifs.

D'autre part, les hôpitaux universitaires luttent depuis des années contre des trous financiers. Bertrand Levrat, directeur des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), déclare:

«Plus nous traitons de patients, plus nous sommes déficitaires»

Cette affirmation semble contradictoire. Levrat explique: «Si nous devons ajouter de l'argent à presque chaque traitement, c'est une opération financièrement déficitaire». Comme les hôpitaux universitaires accueillent en outre de nombreux cas extrêmement complexes et graves, ils sont particulièrement touchés par le manque de couverture, a-t-il ajouté.

Inselgruppe, en charge notamment de l'hôpital universitaire de Berne, a déjà pris des mesures drastiques et a décidé, en avril, de fermer deux sites hospitaliers. L'exploitation de l'hôpital de Münsingen prendra fin en juin 2023, celle de Tiefenau en décembre 2023.

Chiffres rouges attendus

Les problèmes ne sont pas nouveaux, ce qui l'est, c'est le ton alarmiste. La situation s'est «dramatiquement aggravée», déclare Uwe E. Jocham, président de la direction de l'Inselgruppe Bern. «Nous avons de l'eau jusqu'au cou», déclare son collègue Gregor Zünd, CEO de l'hôpital universitaire de Zurich. Et Werner Kübler, directeur de l'hôpital universitaire de Bâle, qui affichait encore un petit bénéfice en 2022, ajoute:

«Si le dernier des Mohicans est aussi dans le rouge, c'est l'alerte»

Concrètement, les cinq hôpitaux universitaires de Genève, Vaud, Berne, Bâle et Zurich prévoient des pertes cumulées de 250 à 300 millions de francs pour l'année en cours. En 2022, ils afficheront un déficit de 200 millions de francs. Les représentants de ces institutions expliquent qu'il ne s'agit pas pour eux de quémander de l'argent. Ils souhaitent tout simplement obtenir un prix équitable pour leurs prestations.

Que faut-il donc faire? Comme remède à court terme, les hôpitaux demandent une augmentation des prix (taux de base/valeurs du point) pour leurs prestations. Cela relève de la compétence des caisses d'assurance maladie, qui ont récemment refusé de faire des concessions. La raison est banale: une augmentation se répercute directement sur les primes.

Les hôpitaux passent maintenant à la vitesse supérieure. Pour donner à la revendication la gravité nécessaire, ils se déclarent tous prêts à résilier les contrats existants avec les caisses maladie, ce qui pourrait compliquer le règlement des factures des patients et conduire à une situation chaotique.

Des mandats clairs transmis à la Confédération

L'avenir nous dira si cette menace fonctionne. Ce qui est sûr, c'est que se contenter d'augmenter les tarifs n'est pas une solution à long terme. D'autant plus que les hôpitaux ont parfois mal géré leur budget. Parallèlement, aucun soulagement n'est en vue en ce qui concerne les ressources: un jour, davantage de personnes âgées avec des pathologies plus complexes devront être prises en charge par moins de personnel.

Selon lui, au lieu de se battre avec des paquets de réduction des coûts de la Confédération, la politique doit donner plus de poids à la médecine du futur. «Cette évolution est inquiétante au plus haut point», déclare Werner Kübler de l'hôpital universitaire de Bâle.

«Nous étranglons ainsi notre système de santé»
Werner Kübler

Il cite l'exemple de la neurochirurgie pour les enfants, que Bâle a lancée il y a trois ans, mais qu'elle ne peut en fait plus se permettre aujourd'hui.

Deux autres mesures peuvent être déduites de l'appel des hôpitaux universitaires. Premièrement, tous les hôpitaux ne doivent pas tout faire. Uwe E. Jocham, de l'Inselgruppe, affirme qu'une planification hospitalière dépassant le cadre régional, et donc une consolidation, est impérative. «Il y aura un nouvel assainissement dans le paysage hospitalier.»

Deuxièmement, les incitations financières ne sont pas adaptées, comme l'explique Gregor Zünd de l'hôpital universitaire de Zurich. Aujourd'hui, l'accent est mis sur les patients privés dans le domaine hospitalier, car ils permettent de gagner beaucoup d'argent. Selon lui, cela n'est pas orienté vers l'avenir, car la médecine devient plus efficace. Zünd le dit ouvertement:

«Aujourd'hui, nous ne pouvons pas fournir de nombreuses prestations en ambulatoire parce qu'elles ne sont pas rentables pour nous.»

Pourtant, une nouvelle structure tarifaire serait prête, une deuxième pour les forfaits ambulatoires est en cours d'élaboration. Seule la mise en œuvre se fait encore attendre. (aargauerzeitung.ch)

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

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