A partir de ce mercredi soir et pendant les jours à venir, une multitude d'explosions vont déchirer le ciel suisse. Notre pays s'apprête à célébrer la fête nationale à grand renfort de feux d'artifice - si la météo le permet. Une tradition qui va plonger des milliers d'animaux dans l'angoisse.
C'est le cas des animaux domestiques, mais pas uniquement. «Les feux d'artifice bruyants causent un stress considérable à la faune sauvage», explique Dominik del Castillo, chargé de campagne pour les animaux sauvages chez Quatre Pattes Suisse.
Les effets néfastes sont nombreux. «Les feux sont particulièrement stressants pour les animaux de fuite comme les chevaux ou les chevreuils», poursuit-il. «Effrayés par les détonations soudaines et des lumières vives dans le ciel, ceux-ci fuient dans la panique. Ce faisant, ils peuvent se blesser ou même se précipiter devant des voitures».
Les volatiles souffrent également de cette situation. «Les feux d'artifice perturbent les oiseaux, ils ont un effet effrayant», affirme François Turrian, directeur romand de BirdLife Suisse. «Les animaux ont des sens plus développés par rapport aux humains; il n'est donc pas étonnant qu'ils soient plus impactés par les engins pyrotechniques.»
Ces derniers peuvent notamment perturber les familles de canards: «Les canetons, encore très dépendants, peuvent s'éloigner de leur mère à cause des détonations», détaille François Turrian. Et le président romand de BirdLife d'ajouter: «Des feux d'artifice allumés dans la rade de Zurich ont provoqué un envol important de canards, qui ne sont pas revenus sur le site avant plusieurs jours».
«Dans la panique, les collisions avec des façades sont également possibles», estime de son côté Dominik del Castillo. Des études menées aux Etats-Unis ont montré que ces collisions ont conduit à la mort de «centaines de milliers d'oiseaux», complète François Turrian.
«En été, les détonations peuvent conduire à la séparation des oisillons (nidifuges) de leurs parents, les rendant vulnérables aux prédateurs», explique Dominik del Castillo. Ces perturbations peuvent également réduire leur taux de reproduction, ainsi que leur durée de vie.
On peut se demander si les spectacles organisés par les communes sont plus nuisants que les feux lancés par les privés. «Il y a une corrélation entre l'intensité et la durée des feux d'une part, et l'impact qu'ils ont sur les animaux de l'autre», avance François Turrian. «Les spectacles pyrotechniques de grande ampleur peuvent être particulièrement problématiques».
«Pourtant», nuance-t-il, «les feux allumés par les privés jouent également un rôle». Dominik del Castillo partage ce point de vue: «Lorsque des particuliers lancent des feux d'artifice, ils le font sur une plus longue période, car tous tirent des feux d'artifice indépendamment les uns des autres».
Les deux spécialistes soulignent que, souvent, les privés ne lancent pas seulement leurs feux le 1ᵉʳ août, mais également les jours précédant et suivant la fête nationale. «Ces feux et les pétards multiplient les sources de nuisances. C'est un effet d'accumulation», résume François Turrian.
D'autant plus que les effets négatifs des feux ne se limitent pas aux zones où ceux-ci sont lancés. «Comme les détonations peuvent résonner très loin, en particulier dans les vallées, les animaux qui ne se trouvent pas à proximité immédiate sont souvent aussi impactés par le bruit», explique Dominik del Castillo.
Le responsable de Quattre Pattes attire également l'attention sur le «grand danger» représenté par les feux de joie. «Beaucoup d’animaux cherchent une cachette sûre dans les piles de bois secs. Mais dès que le feu de joie est allumé, ces petites créatures sont victimes des flammes», explique-t-il.
«Pour sauver les animaux de la mort, le tas de bois ne doit être monté que peu de temps avant d'y mettre le feu», estime-t-il.
Concernant les feux d'artifice bruyants, Dominik del Castillo préconise de ne pas les tirer dans des réserves naturelles, à proximité de forêts ou de zoos. Voire de ne pas les tirer du tout.