Le contenu des cours d'éducation sexuelle dans l'école vaudoise véhiculent-ils des «idées extrémistes?» C'est en tout cas ce qu'affirme Olivier Agassis, élu UDC qui a émis une interpellation au Conseil d'Etat vaudois intitulée: Les cours d'éducation sexuelle de la fondation Profa sont-ils adaptés à leur public cible ? watson a contacté l'organisation qui répond aux craintes du député vaudois.
Dans son interpellation, le député UDC dénonce Profa et ses cours d'éducation sexuelle «non adaptés à l'âge de l'enfant», s'appuyant sur la lettre d'un parent d'un enfant de 1p (soit 4-5 ans) ciblant des brochures qui «font références aux godes, plugs anaux et autres godes ceintures». Olivier Agassis pointe aussi la brochure de promotion de santé sexuelle «Mon sexe et moi» qui parle d'anatomie, de la fonction des organes sexuels et d'intersexuation. Pour l'élu, cette brochure est orientée et ne représente pas la réalité. Il prend pour exemple cet extrait:
Cette présentation des sexes est «biaisée» selon le député vaudois, car «l'intersexualité concerne une infime partie» de la population et que la représenter de la sorte est malvenu, voire «choquant».
Le député dénonce un discours «orienté et manipulé qui pose de graves problèmes de société». Lorsque nous lui demandons d'approfondir ses propos, l'élu tient à souligner «qu'il respecte les personnes intersexuées», mais qu'il critique «la manière dont sont transmis les cours aux enfants et l'idéologie extrémiste de genre qui est propagée auprès des plus jeunes». Olivier Agassis ajoute aussi que depuis le dépôt de son interpellation, il a reçu une vingtaine de mails de soutiens de parents mécontents.
Contactée par watson, la fondation Profa se dit «surprise» du récit évoqué par le député, elle explique que les cours d'éducation sexuelle ne débutent qu'à la 3P (6-7 ans) et qu'il n'y a donc pas de cours dispensés dans les classes de 1P ni de 2P (de 4 à 6 ans) .
La cheffe du Service d'éducation sexuelle de Profa raconte que la brochure «Mon sexe et moi» n'est pas destinée aux enfants en dessous de 12 ans et qu'elle n'est pas distribuée en classe. L'organisation tient à souligner que les cours d'éducation sexuelle de deux périodes par année à partir de 7 ans sont toujours adaptés à l'âge de l'enfant.
La cheffe du Service éducation sexuelle se veut rassurante et poursuit en précisant que des images d'organes sexuels ne sont pas montrés aux jeunes enfants.
Interrogée sur la place donnée aux personnes intersexes dans la brochure «Mon sexe et moi», Lydie Rochat rappelle que le nombre de 1,7% n'est pas négligeable pour autant.
Profa souligne que l'intersexuation concerne les caractéristiques biologiques d'une personne et pas l'identité de genre en tant que telle. S'agissant des craintes du député Agassis concernant «l'influence néfaste» que pourraient avoir les cours d'éducation sexuelle, Lydie Rochat reconnaît que les notions de sexe, d'identité de genre et l'orientation affective ou sexuelle génèrent «des confusions» auprès d'un large public, mais tient à rassurer le député Olivier Agassis.
Lydie Rochat confirme que les craintes concernant le contenu des cours d'éducation sexuelle «ne sont pas nouvelles» et qu'elles s'inscrivent dans «une méconnaissance des cours». La cheffe du Service éducation sexuelle rappelle que Profa organise depuis plusieurs années des soirées d'informations pour les parents d'élèves et que sa permanence téléphonique est ouverte à tous. «C'est important de rassurer les parents qui s'interrogent, car l'éducation sexuelle, c'est d'abord leur affaire, l'école les seconde dans cette tâche éducative», conclut Lydie Rochat.