Hamburger dévoré sans grâce avec un jet de sauce, tranche de pizza grignotée au coin du bar après une première soirée au ciné, ou encore tentative maladroite de concocter des pâtes sauce tomate pour prolonger la soirée: il est probable que, vous aussi, vous conserviez au moins un souvenir culinaire (cuisant) d'un rendez-vous amoureux.
Echec flagrant ou réussite éblouissante, cette expérience ne manque jamais de lier vos tripes à celles de votre partenaire. Pour le meilleur et pour le pire.
C'est le cas de Nell, enseignante neuchâteloise de 26 ans, qui se souvient très bien du first date avec son ex-compagnon: un match de uni-hockey. «Nous avions mal entendu le nom d'un joueur japonais», se souvient-elle avec un rire. «On avait compris: Tiramizu. A la fin de la partie, nous sommes allés dîner dans un restaurant italien et, évidemment, qu'avons-nous pris en dessert pour conclure ce premier rendez-vous en beauté?»
«Par la suite, il nous est arrivé d'aller au restaurant juste pour manger un tiramisu! C'était notre dessert fétiche», conclut-elle avec la tendresse d'un biscuit cuiller tout enrobé de crème mascarpone.
C'est avec une autre spécialité éminemment italienne que Siméon Calame a achevé de conquérir le coeur (et le ventre) de sa compagne. «Lors de notre premier rendez-vous, il fallait que je demande à Léane quel est son plat préféré. C'est une question que je pose à tous ceux que je rencontre», stipule le journaliste culinaire. «Là, elle m’a parlé des lasagnes, parce que celles de sa maman sont, selon elle, excellentes - je ne les ai jamais goûtées, d'ailleurs.»
«Depuis, on n’en a plus jamais refait l’un pour l’autre!» admet le fin gourmet. «En revanche, c’est drôle: pas plus tard que la semaine passée, Léane m’a annoncé qu’elle m’en cuisinerait pour ce vendredi soir. Je pourrai enfin goûter sa recette, qui doit être celle de sa maman. Je me réjouis.»
La nourriture, c'est aussi l'occasion de réaliser qu'on a plein de points communs - comme l'amour des bonnes choses. C'est le cas de Benjamin Décosterd et de Natalie qui deviendra sa femme, lors de leur premier rendez-vous, au printemps 2018.
«Nous sommes allés au Café des Artisans, à Lausanne. Mon cousin bossait là-bas. Je m'en souviens très bien. Je portais une jolie chemise blanche… et noire. Puisque je m’étais appuyé sur une porte fraîchement graissée. On partait déjà sur un immense talent de séducteur…»
«Nous avons pris un Gin Tonic, nous passions un excellent moment... Jusqu'à ce que j’aie envie d’un deuxième verre. Mais je n'ai pas osé lui en proposer un autre: je pensais que Nat allait me juger. Et pile au moment où je me dis ça, elle me lance: ‘On est d’accord que ça ne serait pas raisonnable d’en reprendre un?’. Et là, il y a eu un déclic.»
«C’est marrant, je ne me souviens même plus de ce qu’on a mangé ensuite. C'était certainement très bon», confesse l’humoriste. «S’il faut trouver un “plat signature”, je dois parler de notre deuxième rendez-vous.»
Son ton laisse présager le pire.
«En sortant du bar, nous avons été confrontés à ce moment fatidique où il est trop tard pour manger, mais trop tôt pour rentrer. On avait faim. C’est à ce moment-là que j’ai vraiment compris que notre intérêt était mutuel. Puisque Natalie m’a sorti cette phrase d’accroche que je n’arrive toujours pas à situer sur la jauge nulle vs incroyable…»
«Il y avait clairement une ouverture», achève Benjamin non sans une certaine satisfaction, sept ans plus tard. «Je ne me souviens même pas si on a vraiment mangé ce fromage bleu. Mais ce qui est sûr, c’est que la bouffe a désormais une place importante dans notre relation. J’adore cuisiner pour Natalie. C’est aussi une manière pour moi de lui dire que je l’aime», conclut cet amateur de bonne chère et d'étoilés Michelin, qu'il explore avec sa moitié.
Partager autour des plaisirs de la vie... ou ne pas les partager. Telle est la réalité qui s'est imposée à Jasmine Gfeller, entrepreneuse et co-fondatrice de plusieurs restaurants à Lausanne, lorsqu'elle a fait découvrir la Suisse à son chéri.
«James est arrivé de Londres un lundi pour notre premier rendez-vous (nous ne nous étions jamais rencontrés). Au lieu de l'habituel rendez-vous autour d'un café ou d'une promenade en ville, j'ai décidé de lui faire passer le test ultime: une visite complète de mes restaurants».
Après un petit festin d'huîtres sur le quai de Vidy, direction Un Po' Di Più «où nous avons dévoré des fritto misto et siroté des cocktails comme des pros chevronnés», poursuit Jasmine. «La conversation était facile, les boissons coulaient à flot et j’étais déjà en train de me dire: 'Ok, il se peut que j'aime bien ce gars'».
Le «grand final» les attend encore: une côte de bœuf de 1,2 kg. «Comme deux personnes qui voulaient vraiment faire des affaires! Ou du moins, c'est ce que j'ai fait. James, pour sa part, s'est arrêté après seulement deux morceaux. DEUX. J'étais sous le choc», poursuit la Suisso-canadienne avec humour.
«Où est-ce que tu mets tout ça? Je n'arrive pas à croire que tu puisses manger autant!», s'est effondré le Britannique qui, pour sauver son honneur, tient tout de même à préciser qu'il a mangé trois morceaux de ladite côte de boeuf.
«C'est à ce moment-là, mesdames et messieurs, qu'il a réalisé dans quoi il s'était engagé», conclut Jasmine avec malice. «Le reste, comme on dit, appartient à l'histoire!»