Pollution de l'air, téléphones portables, produits chimiques - si l'on additionne tous les facteurs de risque qui expliquent pourquoi les hommes sont de moins en moins fertiles, on pourrait arriver à la conclusion suivante: la vie en elle-même est malsaine. Et alors que la concentration de spermatozoïdes par millilitre a diminué de moitié en 50 ans chez les hommes, on ne peut rien faire.
Une étude a été menée au Danemark sur plus de 500 000 hommes et près de 400 000 femmes l'année dernière. Publiée dans la revue spécialisée BMJ, elle montre que plus un homme est exposé aux particules fines, plus le risque d'infertilité augmente (alors que le volume sonore du trafic s'est avéré être un risque d'infertilité chez les femmes de plus de 35 ans).
Il y a deux ans, l'étude suisse sur l'influence du rayonnement des téléphones portables sur la qualité du sperme avait fait la une des journaux: les chercheurs de l'Université de Genève, de l'Université de Bâle et de l'Institut tropical et de santé publique suisse ont vu un lien entre un usage accru du smartphone et une faible concentration de spermatozoïdes.
Cela ressortait surtout entre 2005 et 2007, moins ensuite. Les scientifiques ont supposé que le passage de la 2G à la 3G pouvait expliquer cette variation. Les téléphones portables émettaient alors moins de radiations.
Et puis il y a les nombreuses substances présentes dans notre environnement: les dioxines des anciennes usines d'incinération des ordures ménagères, dont la concentration est si élevée chez certains sujets consommant beaucoup de viande (absorbée via les animaux qui pâturent) en Suisse qu'elle peut influencer la qualité du sperme.
C'est ce qu'a montré en 2024 une étude de l'Unisanté de Lausanne. Mais les «perturbateurs endocriniens», c'est-à-dire les substances industrielles contenues dans les jouets ou les emballages, posent aussi problème. Elles ressemblent à s'y méprendre aux hormones humaines. Si elles pénètrent dans l'organisme, par exemple via l'eau potable, elles peuvent ainsi chambouler l'équilibre hormonal.
Bien souvent, la seule conséquence de ces différents constats, c'est de générer de l'incertitude au sein de la population. Car seuls les gouvernements sont en mesure d'améliorer l'air que l'on respire ou l'eau qui sort au robinet. De même, il est aujourd'hui pratiquement impossible de se passer de téléphones portables ou de plastique.
Les hommes continuent de produire des spermatozoïdes. Les individus peuvent donc agir, à leur niveau - à condition de ne plus s'exposer aux facteurs nocifs. La responsabilité incomberait donc une fois de plus aux seules femmes enceintes: on part du principe que les influences négatives pendant la grossesse auront des répercussions à vie sur la fertilité d'un embryon masculin.
Mais pas seulement. Des chercheurs viennent de découvrir que les pères transmettent bel et bien à leurs enfants des risques sur lesquels ils peuvent eux-mêmes avoir une influence. Ainsi, une étude sur des souris de l'Université de Californie prouve que les pères qui se nourrissent mal transmettent à leurs filles un risque plus élevé de maladies cardiovasculaires. Les scientifiques ignorent cependant pourquoi cet effet ne s'observe pas sur les garçons.
Selon Changchen Zhou, auteur principal de l'étude: «Jusqu'à présent, on pensait que les spermatozoïdes n'apportaient que leur génome pendant la fécondation». Cependant, des études récentes comme celle-ci auraient mis en avant que les influences environnementales sur les hommes - mauvaise alimentation, exposition aux toxines, stress - peuvent modifier l'ARN dans les spermatozoïdes. Et influencer l'hérédité entre les générations.
Selon Zhou, on a jusqu'à présent surtout étudié les facteurs des femmes enceintes sur les maladies chroniques des enfants, et on a négligé les effets du mode de vie du père.
Ceux qui souhaitent avoir des enfants devraient donc surveiller de près leur alimentation. Autres éléments clés pour améliorer la qualité du sperme: ne pas fumer, consommer de l'alcool avec modération et pratiquer une bonne dose d'activité physique.
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)