Fin de règne pour le «roi de Suisse»?
L'autoproclamé «roi de Suisse» a fini par énerver les autorités, surtout à Berne. Ainsi, le canton souhaiterait introduire de nouvelles règles pour stopper le «monarque», et prévenir d'autres vocations similaires à l'avenir. Si ça se concrétise, le transfert d'une propriété à des particuliers ne sera alors possible qu'avec l'accord de la commune concernée.
Pour rappel, Jonas Lauwiner s'est fait connaître ces dernières années en s'appropriant en toute légalité des terrains sans propriétaire. Il a construit son «empire» parcelle après parcelle — face à des communes en général légalement démunies pour s'y opposer.
Au dernier décompte, en été 2025, il possédait près de 100'000 mètres carrés à travers toute la Suisse, acquis moyennant des sommes souvent dérisoires (ou même gratuitement). Ça représente environ 150 biens: des chemins, des bouts de forêts, des terres agricoles ou encore des terrains industriels. Et il entend bien en tirer profit.
Sans grande surprise, des litiges ont fini par survenir: récemment à Geuensee, dans le canton de Lucerne, par exemple. Jonas Lauwiner exige que la commune rebaptise un chemin «rue Lauwiner», ou lui verse 150'000 francs pour le lui restituer.
Berne veut mettre fin à ces «conquêtes»
Bref, le canton de Berne entend mettre un terme à ces «conquêtes». Les communes devraient y disposer d'un droit de préemption sur les biens sans propriétaire, et devront donner leur accord pour tout transfert à des particuliers. L'objectif est d'empêcher le commerce à caractère professionnel de ces terrains, et les situations de voisinage conflictuelles, a indiqué le Conseil d'Etat vendredi.
Le canton prévoit par ailleurs de transférer aux communes la propriété des terrains non cultivables, par exemple ceux où les rochers, éboulis ou glaciers sont prédominants. Il répond ainsi au mécontentement de la majorité des quinze communes de l'Oberland bernois, où des lopins de terre ont été «conquis» par le «roi».
Surfaces destinées à l'usage commun
Car ces surfaces, impropres à l'exploitation agricole ou forestière, devraient être destinées à l'usage commun, argumente le canton. Jusqu'à présent, Berne ne disposait d'aucune base légale pour inscrire ces terres dites sans propriétaire au registre foncier et établir des rapports de propriété, quels qu'ils soient.
Les communes bernoises devraient donc pouvoir reprendre les droits et obligations sur ces parcelles — notamment les droits de superficie, qui leur sont déjà octroyés dans le cas des remontées mécaniques, par exemple.
Les surfaces non cultivables pourront donc, par ailleurs, rester accessibles au public. Leur transfert à des particuliers ne sera possible qu'à titre exceptionnel, sur autorisation cantonale. La réalisation de constructions comme des refuges de montagne nécessitera elle aussi, comme c'est déjà le cas, une autorisation cantonale. Les droits d'exploitation de la force hydraulique et de la géothermie demeureront eux aussi cantonaux.
Cette révision permettra d'inscrire l'intégralité du territoire cantonal au registre foncier, ce qui garantit la sécurité juridique, précise l'Exécutif bernois. Il soumet les modifications correspondantes à la procédure de consultation jusqu'au 10 mars.
sda/dg
