La Cour pénale neuchâteloise a jugé coupable lundi sept jeunes en lien avec un enlèvement entre bandes rivales de La Chaux-de-Fonds et Bienne. Toutes les peines sont plus sévères qu'en 1ère instance. La sanction la plus lourde est de 41 mois de prison ferme. La défense envisage un recours au Tribunal Fédéral.
La prévention d'agression a été retenue contre l'ensemble des protagonistes, comme le demandait le Ministère public qui avait fait appel. «Certains prévenus ont tempéré les coups, mais ne se sont pas interposés», a déclaré la présidente du tribunal Marie-Pierre de Montmollin. Cette dernière a déclaré:
Selon la juge, la victime s'en est sortie avec des «lésions moins graves» que ce qui aurait pu se passer avec ce «lynchage». Le tribunal a retenu contre le principal accusé 41 mois de prison, sans sursis, soit près de 3,5 ans, contre deux ans en première instance. Il reste en détention.
Contrairement au Tribunal criminel des Montagnes et du Val-de-Ruz, la Cour a retenu le prévenu coupable de l'agression d'un élève dans le complexe de l'école professionnelle CIFOM au Locle. L'accusé a à nouveau été jugé coupable pour sa participation à une agression «d'une violence impressionnante et gratuite», selon la juge, commise en février 2022 dans un bar. Son avocat a déclaré:
L'accusé, qui a très mal vécu l'annonce du verdict, faisait partie des quatre prévenus, qui avaient fait appel, en plus du Ministère public.
La deuxième peine la plus sévère est de 33 mois de prison sans sursis, contre 29 mois et demi en première instance. Le prévenu est condamné aussi pour sa participation à l'agression du CIFOM au Locle.
Un troisième prévenu a été condamné à 20 mois de prison avec sursis et 20 jours-amende à 10 francs. Son éventuelle implication dans une rixe à Bienne (BE) ou dans divers vols n'a pas été retenue. Comme l'accusé n'est pas intégré professionnellement en Suisse, il sera expulsé du territoire pour cinq ans.
Un autre accusé, jugé par défaut car il est en prison en France, a aussi écopé d'une expulsion du territoire. Il a été condamné à une peine de 15 mois de prison sans sursis et de 20 jours-amende. Deux autres jeunes risquaient l'expulsion mais elle n'a pas été ordonnée, en raison de leur bonne intégration. L'un a été condamné à une peine de 19 mois avec sursis et l'autre de 11 mois avec sursis. Le dernier prévenu, qui s'était dénoncé à la police, a été condamné à une peine de 15 mois avec sursis.
Le Ministère public avait requis des peines entre 18 mois et 6 ans et demi de peine privative de liberté. La procureure Ludivine Ferreira Broquet avait déclaré que cette escalade de violences était «profondément choquante». Les sept prévenus, âgés entre 18 et 20 ans au moment des faits, appartenaient à la bande du 47, qui comptait une centaine de jeunes. Ils ont été reconnus coupables d'enlèvement et séquestration et d'agression pour des faits qui se sont déroulés la nuit du 20 au 21 mars 2021.
Un jeune Biennois avait été agressé à la gare de Neuchâtel, puis placé de force dans le coffre d'une voiture jusqu'à La Chaux-de-Fonds. Sur un parking, il avait dû retirer son pull, sa veste et ses chaussures, alors qu'il neigeait. Menacée de mort, la victime a été déplacée dans une cave où se trouvait une vingtaine de jeunes. Elle a été contrainte de faire une vidéo à l'intention de la bande de Bienne et a été frappée à nouveau, avant d'être relâchée. Ce déferlement de violences entre bandes de différents cantons a connu plusieurs autres épisodes. Un adolescent de 15 ans a été happé par un train en gare de Sugiez (FR) en novembre 2020. A Lausanne, en septembre 2021, un jeune Loclois y a aussi trouvé la mort. (mat/ats)