La société technologique genevoise Proton gèle ses investissements en Suisse. En cause, la révision de la loi sur le renseignement et l'ordonnance sur la surveillance de la correspondance par poste et télécommunication demandée par le conseiller fédéral Beat Jans.
Pour Andy Yen, directeur de Proton, cette révision est extrême. «Elle vise à imposer en Suisse une surveillance de masse jugée pourtant illégale, non seulement dans l'Union européenne mais aussi aux Etats-Unis», a-t-il déclaré jeudi dans Le Temps.
«Si ce projet devait passer, les services proposés par Proton en Suisse seraient moins privés que ceux de Google en Suisse», a précisé Yen. N'ayant pas obtenu d'assurances sur la prise en compte des craintes de l'industrie de Beat Jans, Proton ne peut plus investir en Suisse.
«Cela signifie que nous devons déplacer la majorité de notre infrastructure physique hors de Suisse. Nos centres de données IA ne seront pas en Suisse, car la confidentialité y est essentielle.» Yen n'est pas disposé à attendre la fin des discussions au Parlement sur ce dossier, estimant que le rythme est trop lent alors que celui de l'IA est tout autre. «Il faut aller vite.»
L'entreprise a donc décidé d'installer ses serveurs en Allemagne et en Norvège plutôt qu'en Suisse pour faire tourner sa propre intelligence artificielle (IA), Lumo. L'investissement s'élève à 100 millions de francs. Et cette décision est irréversible.
L'entreprise prévoit toutefois un investissement de plus d'un milliard de francs d'ici la fin de la décennie pour concurrencer Google en Europe. Les 900 millions restants pourraient être réinvestis à Genève. Proton ne quittera la Suisse que si elle y est forcée, a souligné son patron. (jzs/ats)