Qui succédera à Gilles Marchand au poste de directeur général de la SSR? Le conseil d'administration de l'audiovisuel public suisse est en pleine recherche. La manière dont il s'y prendre laisse songeur, parmi les médias, mais aussi chez pas mal d'élus de la Berne fédérale.
Sur mandat du président de la SSR Jean-Michel Cina, Maurice Zufferey, «chasseur de têtes», a rédigé sur quatre pages les «détails de la candidature idéale».
«Les choses se présentent mal pour Susanne Wille. En effet, le profil exige une expérience de direction dans une organisation "comptant 500 personnes et plus"», écrit la SSR. La candidate dirige le département culturel de la radio et de la télévision suisses. Cette branche compte 222 employés. L'ancienne présentatrice de l'émission culte de la télé alémanique SRF, 10 vor 10, ne remplit donc pas une condition posée par le président de la SSR et le chasseur de têtes.
Nathalie Wappler est une candidate a priori de choix pour le poste de direction de la SSR. Elle est directrice de la SRF. Mais elle ne remplit pas non plus tous les critères. Pour le recruteur Maurice Zufferey, l'âge requis pour le poste, entre 42 et 55 ans, est un critère prépondérant.
Or Nathalie Wappler a fêté son 56e anniversaire en janvier dernier. Rédhibitoire? Avec ses 49 ans, Susanne Wille se situe pile dans la fourchette souhaitée.
La situation est un peu bizarre. En effet, le président du conseil d'administration de la SSR, Jean-Michel Cina, pouvait se douter que le poste de directeur général intéresserait Nathalie Wappler. Pourquoi avoir fixé la limite d'âge à 55 ans?
Dans sa future campagne contre l'initiative à 200 francs de l'UDC, l'audiovisuel public devra surtout s'employer à convaincre les Suisses alémaniques. Les Romands sont, dans l'ensemble, moins critiques à l'égard de la SSR. Il est donc tout à fait attendu que le ou la future patronne soit issue de la Suisse alémanique.
Le Lucernois Damian Müller, conseiller aux Etats PLR, suit la procédure de nomination avec une certaine perplexité.
Un candidat inattendu pourrait-il être élu à ce poste? C'est déjà arrivé en 2010. A l'époque, personne n'avait misé sur le Fribourgeois Roger de Weck, ex-rédacteur en chef de Die Zeit. A l'époque, le soutien apporté par le Département de la Communication du socialiste Moritz Leuenberger, avait permis à de Weck de s'imposer face à d'autres candidats qui semblaient mieux placés que lui.
A la SSR, on évoque désormais le nom de de Roger Elsener. L'homme dirigeait jusqu'à récemment le département divertissement de CH Media (auquel watson est affilié). Est-il seulement candidat? Il n'a pas répondu pas à nos sollicitations. Il s'est jusqu'ici montré très critique à l'égard de la SSR.
Pendant ce temps, Nathalie Wappler annonce un nouveau programme d'économies à la SRF. Elle ne dit rien, pour l'heure, ni du montant qu'elle entend épargner, ni du nombre de postes qui seront supprimés. Des licenciements sont en tout cas inévitables. On en saura plus cet été. Avec cette annonce, il est possible que Nathalie Wappler veuille se rappeler au bon souvenir du conseil d'administration de la SSR en tant que gestionnaire de médias consciente des coûts.