Qui sera le prochain ou la prochaine à diriger la SSR? Le poste est actuellement au concours. Les intéressés ont jusqu'à mardi prochain pour envoyer leur dossier au chasseur de têtes Maurice Zufferey.
De son côté, il a approché des personnes de la branche des médias repérées avec le concours du conseil d'administration de la SSR. Au préalable, le conseiller en recrutement a rédigé une «spécification de la candidature idéale».
Ce cahier des charges s'avère beaucoup plus détaillé que l'offre d'emploi de la SSR. Et le document contient un critère qui fait parler de lui dans le petit monde des médias.
Sans surprise, une expérience de direction est demandée. Mais Maurice Zufferey le précise explicitement: on attend du nouveau directeur ou de la nouvelle directrice qu'il ou elle ait dirigé une organisation ou une institution «d'environ 500 personnes ou plus».
Le chasseur de têtes n'est pas arrivé à ce chiffre tout seul. Il a échangé avec les représentants du service public sur la question, comme le confirme son porte-parole, Edi Estermann.
En posant cette condition des 500 personnes, l'équipe de recrutement élimine d'emblée toute une foule de candidats potentiels.
Prenons par exemple le cas de Susanne Wille, souvent évoquée pour succéder à Gilles Marchand. L'ancienne présentatrice de l'émission de la SRF 10 vor 10 dirige, aujourd'hui, la rubrique Culture de la SRF. Elle a de grandes compétences de communication. On la dit capable de défendre la SSR dans la campagne de votation contre l'initiative des 200 francs de l'UDC.
Combien de personnes travaillent pour SRF Kultur? Il y en a 222, pour un équivalent à temps plein de 166. Même pas la moitié du prérequis.
Susanne Wille n'aurait donc théoriquement aucune chance. Et la directrice de Swissinfo, Larissa Bieler, non plus. La rubrique International qu'elle dirige emploie 101 personnes, réparties sur 85 postes à plein temps. On est, là aussi, loin des «500+».
En revanche, Nathalie Wappler, la directrice de la SRF, remplit ce critère. 3050 personnes (2300 postes à temps plein) travaillent pour la SRF. Certains observateurs du processus soupçonnent, par conséquent, l'établissement d'une «lex Wappler»: la fameuse exigence permettrait ainsi d'orienter la sélection et d'écarter d'office d'éventuelles concurrentes de la directrice de la SRF.
Une autre cadre du paysage médiatique helvétique serait, elle, mieux taillée pour le poste: Ladina Heimgartner est à la tête de Médias Suisse et de la division Global Media chez Ringier. Elle a récemment obtenu une promotion, et les rumeurs circulent à propos de son retour à la SSR.
Alors, est-ce qu'un boulevard s'ouvre pour Nathalie Wappler? Le président de la SSR, Jean-Michel Cina, la pousse-t-il vers la direction générale? A la SSR, certains espèrent que les critères ne seront finalement pas interprétés de manière aussi stricte. Lors de ses apparitions publiques, Nathalie Wappler a révélé un profil plutôt froid et technocrate.
Quant à Larissa Bieler, elle reste imperturbable. La directrice de Swissinfo doit suivre une formation continue en management dans les mois à venir. Et il serait surprenant qu'elle la suive sans une idée bien précise derrière la tête.
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)