Cela s'est produit dans un léger virage à droite, le 9 novembre 2023, peu avant sept heures. Fabian Kappeler, âgé de 16 ans, a chuté avec sa moto sur le chemin de l'école professionnelle de Frauenfeld. La route forestière, recouverte de feuilles mortes, lui a été fatale. Après avoir percuté un arbre, il a dévalé un talus de vingt mètres et est resté inconscient.
«Quand je me suis réveillé, j'ai d'abord dû regarder où j'étais», explique-t-il en décrivant ce moment dramatique.
Les tentatives pour se lever étaient vaines. Il a sorti son téléphone portable de sa veste et a appelé son meilleur ami. Celui-ci est rapidement arrivé sur place. «Il ne pouvait pas m'aider, car je ne pouvais plus bouger les jambes», m'a-t-il dit, avant de prévenir les secours. Fabian Kappeler a été transporté par la Rega à l'hôpital universitaire de Zurich.
Selon le Bureau de prévention des accidents (BPA), les jeunes de 18 à 24 ans sont ceux qui ont le plus d'accidents graves de moto. Depuis 2020, le nombre a doublé dans cette tranche d'âge. La raison en est probablement l'abaissement de l'âge minimum pour différentes catégories de motos en 2021. Désormais, les motos jusqu'à 125 centimètres cubes peuvent être conduites dès l'âge de 16 ans.
Toutes classes d'âge confondues, 50 motocyclistes ont perdu la vie en 2023, soit quatre de plus que l'année précédente. 1160 (+9,1%) ont été grièvement blessés. Vingt ans plus tôt, on comptait un quart de blessés graves en plus et deux fois plus de victimes. Le risque de décès chez les motocyclistes reste toutefois environ deux fois plus élevé que chez les cyclistes et 15 fois plus élevé que chez les conducteurs de voitures de tourisme. Les dérapages et les pertes de maîtrise représentent 45% de tous les accidents graves de moto.
Björn Zörner, médecin-chef en paraplégiologie au Centre suisse des paraplégiques (CSP), explique:
Le jour même de l'accident, Fabian Kappeler a été opéré. Outre une fracture vertébrale dans la partie inférieure de la colonne thoracique, il souffrait d'un traumatisme crânien et d'hémorragies dans les poumons. La blessure à la colonne vertébrale a été stabilisée à l'aide de tiges métalliques.
«Heureusement, c'est de ma faute et je n'ai mis personne en danger en tombant», se répétait-il sur son lit d'hôpital. Outre le soutien indéfectible de sa famille, cela a été pour lui un grand soulagement.
Il avait mis de côté l'argent nécessaire à l'achat de son rêve, une Brixton 125, grâce à des jobs d'été. Comme bon nombre de ses camarades, l'idée de pouvoir rouler plus vite en toute légalité le tentait. Il circulait avec son permis d'élève conducteur.
Une semaine et demie après l'accident, le jeune homme a été transféré au Centre suisse des paraplégiques. Il a reçu un plan de traitement adapté individuellement. L'objectif central était de lui apprendre à se débrouiller seul au quotidien.
Quatre mois se sont écoulés depuis. Son quotidien est rythmé par les thérapies. Dans l'installation de tir à l'arc, le but est d'entraîner les membres supérieurs en position assise dans le fauteuil roulant, tout en favorisant l'équilibre et la stabilité.
Des exercices sont également réalisés pour faciliter les transitions entre le fauteuil roulant et le lit, ce qui nécessite beaucoup d'énergie. L'entraînement quotidien d'une demi-heure en position debout joue un rôle crucial dans la prévention de diverses complications. Il contribue à réduire la spasticité et à améliorer la santé cardiovasculaire.
Björn Zörner explique:
Des psychologues et des psychiatres spécialisés aident à surmonter cette épreuve. «Il est important de présenter des perspectives réalistes», ajoute le médecin.
«Psychologiquement, je vais relativement bien», constate le jeune homme de 17 ans.
«Chaque individu réagit différemment après une expérience aussi marquante», explique Diana Sigrist, directrice des services médicaux du Centre suisse des paraplégiques. Certains acceptent rapidement leur nouvelle situation de vie, tandis que d'autres luttent pendant des années, voire des décennies.
«Tout ce qui redevient possible dans la vie quotidienne donne de la force et de la confiance», constate la doctoresse. Et de poursuivre:
Fin mars, Fabian Kappeler a pu quitter le Centre suisse des paraplégiques (CSP) de Nottwil. L'appartement familial est déjà adapté aux fauteuils roulants. «J'ai appris à être patient», confie Fabian Kappeler qui espère aussi retrouver une professionnelle.
ParaWork, une offre de services du Centre suisse des paraplégiques, conseillera et accompagnera Fabian Kappeler. «Je ne dois pas renoncer à mes rêves», constate-t-il. Le plus grand défi est qu'il doit tout planifier à l'avance avec le fauteuil roulant, car tout prend plus de temps.
«En matière de réinsertion professionnelle des paralysés médullaires en âge de travailler, la Suisse est championne du monde», constate le médecin-chef Björn Zörner.
Vera Müller sait ce qu'il advient après une paralysie médullaire. Elle a été victime d'un accident de moto il y a 15 ans. Elle confie:
Elle fête le jour de l'accident, le 30 juillet 2009, comme son deuxième anniversaire.
Lors d'un stage de pilotage sur le circuit de Dijon, plusieurs motards ont chuté sur la ligne d'arrivée après un crash. Son casque s'est fendu en deux. Elle a passé plus d'un an au centre de rééducation de Bâle et au centre suisse des paraplégiques de Nottwil. «Bien sûr, j'ai parfois lutté contre le destin, il m'a fallu un certain temps avant de retrouver une vraie joie de vivre», raconte Vera Müller.
Au bout de deux ans, la joie de vivre est revenue.
Les gestes aussi simples que tenir une fourchette ou un verre pour la première fois ont marqué des avancées significatives dans sa rééducation. «Après l'accident, je n'aurais jamais pensé pouvoir retrouver une telle autonomie», rayonne-t-elle.
Grâce aux soins à domicile nécessaires et à un environnement favorable, elle vit aujourd'hui dans son propre appartement. Deux après-midi par semaine, elle travaille comme assistante spécialisée en ressources humaines. Les voyages autour du monde avec un accompagnateur constituent des moments forts de sa vie. Selon elle, la serviabilité des gens est remarquable dans toutes les cultures. «La vie en fauteuil roulant n'est pas une voie sans retour», constate-t-elle. Et de conclure:
Traduit et adapté par Noëline Flippe