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Pont effondré à Baltimore: «Il y a eu un black-out complet»

Pont effondré à Baltimore: «Il y a eu un black-out complet sur le navire»

Un capitaine de pétrolier répond aux questions concernant le processus et les hypothétiques erreurs de l'équipage. Son regard nous permet d'analyser comment cette catastrophe a pu se dérouler.
28.03.2024, 16:4928.03.2024, 19:02
Patrick Toggweiler
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Mardi matin, alors qu'il quittait le port de Baltimore, un porte-conteneurs en provenance de Singapour a percuté un pont, qui s'est ensuite effondré. Au moins six personnes ont perdu la vie dans l'accident. Les causes de la catastrophe sont actuellement examinées. Dans une interview accordée à watson, le capitaine de pétrolier Maksimilijan Zubanovic explique quelles mesures de sécurité ont manifestement échoué.

En savez-vous plus que nous sur l'incident de Baltimore?
Maksimilijan Zubanovic:
Probablement pas. Tout ce que je sais, c'est qu'il y a eu un black-out complet sur le navire et qu'on a tenté de l'arrêter en manœuvrant et en jetant l'ancre. Tout cela a échoué et la catastrophe s'est produite.

A quoi ressemble un black-out sur un navire?
Tous les systèmes tombent en panne. Pour ce genre de cas, il existe un plan d'urgence et un groupe électrogène de secours, en général un générateur diesel, qui se met automatiquement en marche dès que le courant est coupé. Si le générateur fonctionne, le navire peut être redémarré avec tous les systèmes.

Le capitaine de pétrolier Maksimilijan Zubanovic sillonne les mers du monde depuis des années.
Le capitaine de pétrolier Maksimilijan Zubanovic sillonne les mers du monde depuis des années.Image: Maksimilijan Zubanovic

C'est ce qu'il s'est passé sur le navire, selon vous?
Je pense que c'est ce qui a été tenté à Baltimore. On peut en effet voir l'alternateur s'allumer et s'éteindre, et une fumée noire s'élever. Mais apparemment, il y a eu des complications.

«On sait que le cargo en question a déjà connu des problèmes de propulsion par le passé»
Maksimilijan Zubanovic

C'est ce qui ressort d'un rapport d'inspection délivré l'année dernière au Chili. Un autre navire de la même société d'exploitation a également été retiré du service.

En supposant que le navire ne puisse pas être redémarré, aurait-il été possible de le piloter uniquement avec l'alimentation de secours?
C'est possible de manière extrêmement limitée. Un navire géant comme celui-là ne peut être manœuvré que si les hélices tournent et produisent une force de propulsion. Mais sur le mode de secours, elles ne le font pas.

Combien de temps faut-il pour retrouver la force de propulsion après un black-out?
En général, cela va très vite. Il y a une série de tests à effectuer, mais il s'agit simplement d'appuyer sur quelques boutons. Cela se fait en un claquement de doigts.

La Dali et ce qui reste du Key Bridge

A cargo ship is stuck under the part of the structure of the Francis Scott Key Bridge after the ship hit the bridge Wednesday, March 27, 2024, in Baltimore, Md. (AP Photo/Steve Helber)
Image: keystone

Y aurait-il eu assez de temps pour cela?
Je pense que oui. Chaque capitaine et chaque équipage doit connaître ces procédures et s'y être entraîné. Et le matériel pour le faire doit avoir été testé. Mais il est évident qu'ils ont eu des problèmes. Pour autant que je puisse en juger, le capitaine, les pilotes et l'équipage ne sont pas en faute. Il y avait tout simplement un manque de temps.

«Les consignes de vitesse ont également été respectées; il me semble que tout s'est déroulé conformément au protocole»

Dans ce genre de situations, qui est le responsable du navire?
En principe, le capitaine est toujours responsable. Mais pendant les manœuvres, des pilotes locaux se trouvent à bord. Ils prennent le contrôle le temps de la sortie du port – et sont donc responsables. Le navire est piloté par un navigateur formé à cet effet. S'y ajoute une personne chargée de faire le guet. Il n'y a jamais autant de personnes sur le pont qu'à l'entrée ou à la sortie d'un port.

Se pourrait-il que ce soit justement les manœuvres de secours qui aient provoqué la catastrophe? Dans des vidéos, on peut voir comment le navire bifurque soudainement.
Je ne pense pas. Je pense plutôt que les responsables ont tout fait pour éviter la catastrophe. Je pense que le bateau a été pris par le courant et a commencé à dériver. Je ne sais pas quelle était la profondeur. Plus c'est profond, plus il faut du temps pour que le fait de jeter l'ancre ait un effet.

La catastrophe aurait-elle pu être évitée si le porte-conteneurs avait été accompagné de remorqueurs?
Ce n'est pas facile à dire. Sur un plan purement technique, la réponse est oui. Si des remorqueurs avaient accompagné le navire, ils auraient pu éviter la catastrophe.

«Mais cela aurait-il été possible d'un point de vue organisationnel?»

La réponse est difficile. Plusieurs remorqueurs sont nécessaires pour un porte-conteneurs; peuvent-ils accompagner chaque porte-conteneurs qui passe par le port de Baltimore? Probablement pas. C'est aussi une question de rentabilité. Et de ce qui a été convenu entre les autorités portuaires et les affréteurs du navire. C'est d'ailleurs cela qui m'étonne le plus.

Comment cela?
Les Américains sont extrêmement restrictifs. S'il y a le moindre problème sur un cargo, il est immédiatement saisi jusqu'à ce que tous les problèmes soient résolus. Je me demande donc dans quelles conditions ce navire, dont on sait qu'il a eu des problèmes au Chili l'année précédente, a été autorisé à se rendre à Baltimore. Le rapport du Chili a certainement été pris en compte par l'autorité portuaire. L'enquête montrera pourquoi le navire a tout de même pu accoster. En tout cas, je me réjouis d'en savoir plus.

Traduit et adapté par Tanja Maeder

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source: sda / steve helber
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