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La Suisse romande, l'oubliée des futurs trains de nuit. Genève-Rome

Montage: Sainath Bovay
Montage: Sainath Bovay

La Suisse romande, grande oubliée des futurs trains de nuit

Que s'est-il passé? Il n'y a pas eu une seule réclamation. Or, tout à fait bizarrement, aucun des futurs trains de nuit planifiés par les CFF ne partira d'une grande gare romande, Genève ou Lausanne, logiquement. Pourquoi personne n'a-t-il rien dit?
30.09.2021, 19:2101.10.2021, 14:24
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Cette conseillère nationale s’en souvient: «Les CFF étaient venus nous présenter leur projet de réouverture de lignes ferroviaires nocturnes, les trains de nuit au départ de la Suisse. Nous étions quelques-uns à avoir rétorqué: "Mais vous oubliez la Suisse romande!"» De fait, sur les dix futures lignes devant desservir vingt-cinq destinations, pas une ne part de Genève ou Lausanne, les deux grandes gares romandes. La dernière annonce des CFF au sujet du rétablissement de ces lignes, fermées tout au long des années 2000 pour des raisons économiques, date de juin.

«Il ne faut pas non plus se victimiser»

La régie fédérale a dû se montrer convaincante. Passé l’étonnement, plus personne n’a moufté. «Il ne s’agit pas non plus de se victimiser», justifie la conseillère nationale, qui souhaite garder l’anonymat.

La totalité de ces futures lignes nocturnes partiront de Zurich et de Bâle. De Zurich, surtout. Certaines sont déjà opérationnelles. L’ouverture cet été de l’«Urlaubs-Express», à destination de la mer Baltique, dans le Nord de l’Allemagne, «a fait un carton», rapportent nos collègues de l’édition alémanique de watson.

«Hubs importants»

La très grande majorité des destinations couvertes par l’offre des CFF se situe au Nord et à l’Est de l’Europe. Cela explique que les villes de départ se trouvent en Suisse alémanique. Rien que de très logique. Porte-parole des CFF, Jean-Philippe Schmidt le rappelle comme une évidence: «Zurich et Bâle sont des hubs importants pour le trafic ferroviaire international, en particulier nocturne.» Nul ne le conteste.

Inversion des tendances

Il n’empêche: les CFF peuvent s’en défendre, il semble bien que la Suisse romande ait été oubliée dans cette constellation de nouvelles lignes et destinations, dont la présentation avait fait palpiter le cœur des nostalgiques des trains de nuit.

Jusqu’en 2009, il y avait un Genève-Rome de nuit. Et il y avait, de nuit aussi, un Genève-Venise. Tous deux supprimés, comme tant d'autres trains nocturnes de passagers en Suisse et en Europe, parce que jugés non rentables face à la concurrence des compagnies aériennes low-cost. Mais, réchauffement climatique oblige, le train est redevenu tendance à l’intérieur du continent européen, au détriment de l’avion, taxé de grand pollueur.

Grand kiff romantique

Alors abandonnées, les liaisons nocturnes ferroviaires ont soudainement regagné en intérêt. Les compagnies ferroviaires l’ont bien compris, qui ont vu là un créneau permettant d’allier bonne conscience écologique et grand kiff romantique. Arriver à Rome à 9h00 du matin par le train de nuit, y avait-il plus belle amorce de week-end de Pâques ou d’Ascension?

Si le trajet nocturne pour Venise ne se justifie plus en raison du net raccourcissement du temps de trajet au départ de la Suisse, celui pour Rome garde sa raison d’être. Son rétablissement est prévu. Mais au départ de Zurich, via Berne et Brigue.

22h00, quai de la gare de Brigue

Genève et Lausanne, deuxième et quatrième villes de Suisse, n’auraient-elles pas droit, elles aussi, à un train de nuit direct pour Rome, leur bassin si l’on peut dire naturel au Sud des Alpes? Faudra-t-il aller chercher la correspondance à Berne ou sur le quai de la gare de Brigue, en Valais, aux alentours de 22h00?

La question embarrasse les CFF. Si la réouverture du Zurich-Barcelone, qui transite nécessairement par Lausanne et Genève, est bel et bien à l'étude, point de Genève-Rome, une destination tout aussi attirante. Faute de proposition nocturne, Jean-Philippe Schmidt, le porte-parole des CFF, vante les mérites des voyages en train de jour sur de longues distances (durée du trajet diurne pour Rome au départ de Genève: 9 heures en moyenne). «Cela laisse le temps d'apprécier les paysages», dit-il. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas envisager des liaisons Zurich-Rome uniquement de jour?

Le problème serait en partie financier. Un nocturne Genève-Rome serait-il rentable? Probablement que non, mais pas plus que certaines lignes de nuit au départ de Zurich et de Bâle. Il est d'ailleurs prévu que la Confédération participe au financement des liaisons déficitaires. La loi sur le CO2, refusée en votation le 13 juin, prévoyait un coup de pouce fédéral aux trajets ferroviaires nocturnes. Mais d’autres dispositifs de subvention, tel l’«échange des certificats climatiques», pourraient être mobilisés.

Lisa Mazzone: «Oui à un Genève-Rome»

La conseillère aux Etats écologiste genevoise Lisa Mazzone, membre de la commission des transports de l'Assemblée fédérale, est une fervente partisane des trains de nuit. Elle applaudit à leur rétablissement et souhaite la mise en place d'une véritable desserte en Suisse romande.

«Il s’agit de créer une offre de trains de nuit séduisante et convaincante. L'offre low-cost des compagnies aérienne n'a-t-elle pas largement contribué à créer la demande dans ce secteur?»
Lisa Mazzone, conseillère aux Etats (Les Vert.e.s/GE)

La sénatrice genevoise a voyagé en trains de nuit pour se rendre à Berlin et à Vienne. Elle en garde un excellent souvenir et comprend très bien qu’il faille au préalable rejoindre Bâle ou Zurich. Seulement, pour aller de nuit à Rome, il lui semblerait normal de monter dans un direct au départ de Genève. Comme avant. Comme bientôt?

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