Si on jette un œil aux terrasses, ce mercredi est à l’image d’un jour ordinaire. Certains travaillent tandis que d’autres profitent des derniers rayons de soleil avant que l’hiver ne s’installe définitivement en ville.
Mais à l’approche des arrêts de bus habituellement fréquentés, c’est autre chose. A l’arrêt Cirque, aux abords de la plaine de Plainpalais, il faut attendre 36 minutes pour un bus, contre 5 minutes en moyenne habituellement. «Une course sur quatre sera assurée», ont déclaré les TPG dans la matinée. C’est une centaine de véhicules seulement pour desservir tout le canton.
A l’approche du centre-ville, les arrêts de tram et de bus sont plus bondés que d’habitude. Les gens attendent, encore et toujours. Un jeune homme en profite:
Mais, le tram arrive. Il annule sa commande. L’homme qui attend son tour lui glisse un conseil: «prend celui d’après, il arrive dans deux minutes, il sera moins bondé ». Ça sent le vécu.
Car depuis ce matin, les transports publics genevois tournent au ralenti et de manière désorganisée. Le prochain tram, il ne faudra pas le manquer, le panneau d’affichage montre 27 minutes d’attente. Et rien ne garantit qu’il passera ou qu’on pourra monter, faute de place.
Me voilà à Manor, où je pensais que la population genevoise déambulerait pour faire passer le temps. Mais personne.
Daniel travaille pour une marque de cosmétique et est un peu inquiet: «J’appréhende le retour avec la manifestation. J’espère que ça ira». En effet, les fonctionnaires font eux aussi grève.
Il doit se rendre à Onex, autrement dit, traverser toute la ville. Sa collègue Gina est venue en vélo de Grand-Lancy, «peut-être que j’aurais dû prendre le mien aussi», plaisante-t-il. Mais il m’explique aussi qu’une employée qui habite au-delà de la frontière a dû s’arrêter à Meyrin.
Sandrine, que je croise à la gare, habite à Bernex. «La ligne 70 (qui dessert la commune) roule plutôt comme un dimanche», c’est-à-dire une fois par heure environ. En effet, la campagne genevoise n’est que peu touchée par cette grève. Une information que me confirme par téléphone Eléa, 20 ans, qui ne se déplace qu’en transports publics: «J’habite à Chancy, et se déplacer en bus d’aussi loin, c'est déjà assez compliqué en temps normal. On a tout sauf besoin de cette grève, même si je ne la ressens pas de la même manière que quelqu’un qui habite en ville.»
L’appel des TPG à se déplacer autrement semble avoir été entendu. Il y a davantage de vélos sur les routes: « c’est vrai qu’il n'y a pas de place», s’étonne une femme qui cherche à stationner son engin. Rouler à vélo n'a pourtant rien d'exceptionnel pour elle en ce jour de grève. Elle le fait tous les jours.
En début d’après-midi, Genève se la joue relax. La majorité des citoyens et travailleurs sont compréhensifs, mais ils appréhendent tout de même le retour à la maison. Le cortège des fonctionnaires qui traversera la ville jusqu’à Place Neuve, inquiète.