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Le nombre de frontaliers n'a jamais été aussi élevé en Suisse

Le nombre de frontaliers n'a jamais été aussi élevé en Suisse

L'année dernière, le nombre de personnes qui franchissent chaque jour la frontière pour venir travailler en Suisse a atteint un record. Ce qui est politiquement controversé réjouit l'économie, dans un domaine en particulier.
22.02.2023, 11:5722.02.2023, 12:08
Samuel Thomi et Mark Walther / ch media
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380 821 personnes traversent la frontière pour venir travailler en Suisse. A titre de comparaison, ce nombre correspond à peu près à la population du canton du Tessin. C'est un record.

Concrètement, le nombre de frontaliers a augmenté de 6,1% en un an, comme l'a indiqué mardi l'Office fédéral de la statistique (OFS). Et leur part dans la population active de notre pays a également augmenté de 0,4 point l'an dernier pour atteindre 7,3%.

Comme l'écrit l'OFS, l'augmentation se fait au même rythme chez les hommes et les femmes. Et après un ralentissement de la croissance lors de la première vague pandémique, le nombre de frontaliers travaillant en Suisse a continué à croître de manière relativement stable depuis.

Si l'on considère les régions, on constate les différences bien connues: c'est dans le canton de Genève que la part des frontaliers augmente le plus (7,6% par rapport à 2021), suivi du canton de Vaud (10,6%) et du Tessin (4,4%). Avec la Suisse du Nord-Ouest, il s'agit toujours des trois régions qui comptent le plus de frontaliers en Suisse.

Au Tessin, un employé sur trois est frontalier

Par rapport à la population active, c'est au Tessin que l'on trouve le plus grand nombre de frontaliers (32,6%), suivi de Genève (28,8%) et du Jura (24,2%).

Grâce à l'économie florissante, le nombre croissant de frontaliers ne semble pas, comme cela a souvent été critiqué, se faire au détriment de la main-d'œuvre locale. C'est du moins la conclusion que l'on peut tirer des chiffres records du chômage de l'année dernière.

Et ceux qui se demandent où ces travailleurs trouvent du travail en Suisse trouveront également des réponses dans les dernières statistiques:

Le système de santé dépend des frontaliers

Alors que les frontaliers sont depuis longtemps fortement représentés dans les emplois temporaires et le commerce de détail, la lutte pour le recrutement de collaborateurs dans le secteur de la santé a récemment pris des allures parfois dramatiques depuis la pandémie.

En effet, non seulement en Suisse, mais aussi dans les pays voisins (et dans toute l'Europe), ce secteur connaît actuellement une grave pénurie de personnel qualifié. Dernièrement, l'ambassadeur de France à Berne a par exemple critiqué la Suisse pour avoir retiré du personnel qualifié qui manquait ensuite dans les hôpitaux français.

Vidéo: watson

Les derniers chiffres de la Confédération le montrent. Avec 8%, c'est leur part qui a le plus augmenté l'année dernière. Et à Genève, par exemple, les frontaliers représentent désormais près d'un quart des employés du secteur de la santé:

La situation à Genève n'est toutefois pas un phénomène nouveau. Avant la pandémie de Covid-19, la proportion de frontaliers dans le secteur de la santé de la ville du bout du lac était déjà d'environ 22%.

Dans l'ensemble, les chiffres de l'Office fédéral de la statistique montrent toutefois que le système de santé suisse est de plus en plus dépendant des frontaliers. Ainsi, leur nombre a presque doublé au cours de la dernière décennie.

Plus généralement, selon les chiffres officiels, la part des frontaliers dans la population active n'a cessé d'augmenter ces dernières années, passant de 5,8% en 2013 à 7,3% l'an dernier.

Italiens, Allemands, Portugais ...

Selon l'origine, une bonne moitié des frontaliers vient de France (56,3%), suivie de l'Italie (23,5%) et de l'Allemagne (17,1%). Les valeurs des autres pays limitrophes, l'Autriche (2,3%) et le Liechtenstein (0,2%), sont bien plus basses.

Outre les frontaliers qui font la navette, davantage de personnes se sont installées en Suisse l'année dernière pour y travailler en raison de la forte augmentation de la demande sur le marché du travail. Concrètement, 114 393 personnes sont venues en Suisse en provenance de l'UE et des Etats de l'AELE (Islande, Liechtenstein et Norvège), comme l'a indiqué le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) l'an dernier.

Cela représente près de 20 000 arrivées de plus que l'année précédente en raison de la libre circulation des personnes avec les pays de l'UE et de l'AELE. L'année dernière, 48 042 personnes en provenance de pays tiers se sont installées en Suisse pour y travailler.

Parallèlement, 73 736 personnes ont quitté la Suisse en 2022. Au final, le solde migratoire s'élève donc à 81 345 personnes. Par rapport à l'année précédente, cela représente une augmentation de 19 891 personnes, ce qui est désormais à nouveau à peu près comparable au niveau d'avant-pandémie.

Comme seules les personnes disposant d'un emploi peuvent s'établir en Suisse, le nombre de nouveaux travailleurs étrangers engagés a également fortement augmenté de 26%, soit 90 633 personnes. Au total, 2,24 millions d'étrangers vivaient donc en Suisse fin 2022. Les Italiens constituent toujours le groupe de population le plus important (335 000 personnes), suivis des Allemands (317 544) et des Portugais (257 829).

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