Moins 0,8%, moins 1,9% et moins 0,5%: en Suisse, les salaires réels ont baissé trois fois de suite en 2021, 2022 et 2023. «Cette baisse très inhabituelle est historique», explique Fredy Hasenmaile, économiste en chef des banques Raiffeisen.
Mais la tendance négative devrait bientôt s'inverser: Pour l'automne à venir, il s'attend à une hausse des salaires de 2 à 2,5%, avec un renchérissement de 1,8% prévu pour 2024.
Mais cela ne suffit pas pour les syndicats, qui l'ont à nouveau clairement fait savoir à Berne, vendredi, où ils réclamaient pour une augmentation de salaire de 5%. Pour cela, ils appellent à une grande manifestation sur le pouvoir d'achat qui aura lieu le samedi 16 septembre à Berne.
Daniel Lampart se réfère à la dernière évaluation statistique de l'AVS. Selon cette étude, les ménages à bas et moyens revenus ont vu leur salaire réel diminuer, alors que les 50 000 personnes les mieux payées en Suisse ont gagné nettement plus.
C'est presque trois fois plus qu'il y a 20 ans. Lampart a également critiqué les paiements de dividendes élevés, qui ont fortement augmenté ces dernières années. En d'autres termes: les actionnaires se seraient remplis les poches alors que les salariés n'auraient rien reçu.
Mais ce calcul n'est pas si simple. Car dans l'ensemble, la part de la valeur ajoutée distribuée dans les salaires est restée stable en Suisse au fil des ans. C'est également l'avis de Hasenmaile, économiste en chef de Raiffeisen, qui affirme que cette valeur se situerait toujours juste en dessous de 60%. «C'est d'ailleurs très élevé en comparaison avec l'étranger», précise-t-il.
La lutte pour une répartition juste des salaires a donc lieu en fin de compte au sein du groupe des salariés. Outre les personnes qui gagnent bien leur vie, ce sont surtout les «jeunes talents» qui sortent gagnants de cette répartition, car les employeurs leur feraient des concessions en raison de la pénurie de main-d'œuvre.
Et les perdants? Les collaborateurs de longue date et les plus âgés, qui ne reçoivent pas d'augmentation de salaire ou seulement des augmentations modestes. Il serait donc d'autant plus important pour eux que des dispositions relatives à la compensation du renchérissement soient réintroduites dans les conventions collectives de travail.
Il y a tout juste dix ans, l'Union syndicale suisse demandait, par le biais d'une initiative populaire qui a échoué dans les urnes, un salaire minimum national de 4000 francs. La nouvelle valeur de référence pour les syndicats est désormais de 4500 francs. Et quiconque a terminé un apprentissage professionnel devrait gagner au moins 5000 francs par mois, a déclaré le président de l'USS Pierre-Yves Maillard.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci