La Confédération a gelé les fonds des oligarques russes qui figurent sur la liste des sanctions de l'Union européenne (UE). Il s'agit d'une somme qui s'élève, désormais, à 5,75 milliards de francs. C'est ce qu'a annoncé, jeudi, l'ambassadeur Erwin Bollinger du Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) dans le cadre d'une conférence de presse sur la guerre en Ukraine.
Et ça a des répercussions en Suisse. Des montres de luxe auraient été confisquées par le Kremlin à Moscou, selon la presse dominicale. Sans commenter le cas particulier, le Département fédéral des affaires étrangères indique que des entreprises suisses, confrontées à de nombreuses incertitudes et mesures réglementaires, lui ont demandé de l'aide.
Le conseiller national UDC et éditeur de la Weltwoche, Roger Köppel, a vendu la mèche. Ces montres, valant plusieurs millions de francs, sont la propriété de la marque Audemars Piguet et auraient été confisquées comme contre-mesure aux sanctions contre la Russie. Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) n'a pas voulu commenter des cas individuels, notamment pour préserver la sécurité des employés des entreprises concernées. L'élu UDC y voit un retour de bâton suite aux sanctions prises par la Suisse à l'encontre de la Russie. Il a rendu publique cette information sur Youtube en déclarant:
Le conseiller national UDC zurichois a déclaré qu'il s'agissait probablement d'une «mesure de répression arbitraire en réaction aux sanctions». La NZZ écrit que Köppel a violé le secret de la commission avec cette déclaration. En effet, il a obtenu cette information dans une note d'information confidentielle du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) datant de mercredi soir. Celle-ci a été envoyée aux membres de plusieurs commissions, dont les commissions de politique extérieure (CPE) du Parlement. L'élu UDC est membre de la CPE.
La NZZ ajoute que le plus piquant dans cette affaire est que cinq jours avant la perquisition chez l'horloger vaudois Audemars Piguet, le Conseil fédéral a renforcé les sanctions et interdit l'exportation de produits de luxe vers la Russie. Les bijoux, l'art et les montres en font notamment partie.
Alors que Rolex et Swatch ont déjà rendu public leur retrait des affaires en Russie, Audemars Piguet ne s'est jusqu'à présent pas exprimé sur la guerre en Ukraine. Comme le constate la NZZ, il est étonnant que la recherche ait touché une petite entreprise familiale exclusive. C'est probablement l'une des raisons pour lesquelles le DFAE suppose que l'action est arbitraire.
L'exemple montre que la guerre économique entre la Russie et l'Occident bat son plein – et que la Suisse est en plein milieu, constate la NZZ. Roger Köppel, quant à lui, voit son opinion confirmée par le Conseil fédéral estimant qu'il n'aurait pas dû accepter les sanctions. La Suisse est entrée en guerre avec la Russie, dit-il. Et maintenant: «les Russes commencent à s'attaquer à nos entreprises». (saw)
Traduit de l'allemand par svp et mndl