Si la construction d'abris antiatomiques était une discipline sportive, la Suisse battrait tous ses concurrents à plate couture. Eh oui, nous sommes champions du monde en nombre d'abris par habitant. L'Office fédéral de la protection de la population dénombre 360 000 abris qui peuvent se situer dans les immeubles, les maisons individuelles ainsi que les bâtiments communaux. watson a demandé à deux experts de la protection civile si nos bunkers étaient encore à jour et s'ils étaient parés à les utiliser prochainement.
«Vous n'êtes pas la première à me poser la question, on sent que la population est inquiète», nous explique les chefs de la protection civile des cantons de Vaud et de Genève. En cause? La peur grandissante au sujet du conflit en Ukraine et des menaces de représailles nucléaires russes.
Mais, pas de panique pour le moment, les chefs de la PC des deux cantons se veulent rassurant en soulignant les kilomètres qui nous séparent de la guerre pour l'instant, mais aussi l'absence de conséquences directes sur la population suisse.
Du côté genevois, on se veut tout aussi rassurant, mais on réfléchit déjà sur l'accueil des réfugiés sur sol helvétique. «Nous avons déjà eu des discussions sur les places disponibles pour accueillir les personnes déplacées, nous voulons anticiper au maximum», précise Nicola Squillaci, chef de la Protection civile genevoise.
Et nos abris dans tout ça? Tout d'abord, sachez que le principe est simple et que c'est une obligation légale: chaque habitant doit disposer d'une place dans un abri situé à proximité de son domicile. Pourtant, l'application de cette règle est un peu plus complexe qu'il n'y paraît. Selon Louis-Henri Delarageaz, commandant de la Protection civile vaudoise, théoriquement, toute nouvelle construction doit avoir une place pour chacun, mais les exceptions à cette règle sont nombreuses.
Il n'y a donc pas lieu de vous inquiéter si vous avez un doute sur la capacité d'accueil de l'abri de votre immeuble. A Genève, et pour ses 500 000 habitants, Nicola Squillaci, le chef de la protection civile est formel:
Tout va bien, on sera sain et sauf. Enfin, en descendant à la cave, il est quand même difficile de s'imaginer rester plusieurs jours accroupi entre les vélos, les vieux meubles et les bouteilles de vin. On est en droit de se demander si cet endroit va nous protéger des bombardements ennemis. Pour le commandant Delarageaz, il n'y a aucun doute sur la sûreté de ces espaces qui sont conçus pour résister à une attaque nucléaire, oui, nucléaire.
Et ce n'est pas la montagne de cartons ni de meubles entassés qui diront le contraire, à ce jeu, un habitant du canton de Genève est sorti du lot.
sourit Nicola Squillaci au bout du fil. Car faut-il le rappeler, les abris sont contrôlés une fois tous les dix ans, l'objectif étant de vérifier si les murs ne sont pas percés pour éviter des problèmes d'étanchéité ou si les portes sont toujours fonctionnelles. Ah oui, pour ceux qui se demandent comment se débarrasser des objets qui encombrent leur abri, sachez qu'en cas de menace avérée et sur ordre de la Confédération, la protection civile de votre canton vous laissera quelques jours pour faire le ménage.
Mais alors comment devrions-nous réagir en cas d'attaque? «Tout dépendra de la situation. S'agit-il d'une attaque nucléaire? D'un bombardement? D'échanges de tirs? On pourra vous demander de vous protéger dans un abri ou alors ordonner l’évacuation de la population», explique le commandant Louis-Henri Delarageaz. En ce qui concerne les solutions de protection s'il devait y avoir des combats comme dans la capitale ukrainienne, elles sont nombreuses.
Et les consignes à suivre lors d'une menace de cette ampleur? Elles seront données par le biais des sirènes et de l'application Alertswiss. Les principales règles seront peut-être de rester confinés ou d'écouter la radio. Ah oui, vous pouvez préparer une radio à piles, elle sera toujours utile si vous n'avez pas de courant dans votre abri.