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Comment le Danemark s'est ridiculisé en faisant don de chars à l'Ukraine

Arbeiten am Radschuetzenpanzer Piranha in der Mowag Motorwagenfabrik AG in Kreuzlingen, aufgenommen im Mai 1999. (KEYSTONE/Martin Ruetschi) : FILM]
Le Danemark souhaite faire don de chars Piranha à l'Ukraine.image: KEYSTONE

Comment le Danemark s'est embourbé en promettant des chars suisse à l'Ukraine

Le Danemark a annoncé faire don de chars Piranha à l'Ukraine: la nouvelle a fait le tour du monde. Mais la Suisse a stoppé cet élan en posant son veto.
02.06.2022, 18:44
Petar Marjanović
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La Suisse a une nouvelle fois empêché l'exportation de matériel de guerre d'un pays vers l'Ukraine. Après l'Allemagne, c'est le Danemark qui est touché. La décision de Berne fait échouer le plan du gouvernement danois, qui il voulait initialement envoyer plusieurs chars à Kiev pour soutenir l'armée ukrainienne dans la guerre d'agression menée par la Russie.

L'opposition de la Suisse n'est pas une surprise, mais elle a tout de même fait les gros titres mercredi, après la publication par la SRF d'une enquête de Rundschau. Les Danois ont été refoulés par le Seco (réd: Secrétariat d’Etat à l’économie), pouvait-on lire dans le Blick. Dans les commentaires, de l'indignation s'est exprimée par ceux qui souhaitent que la Suisse apporte davantage de soutien à l'Ukraine.

La décision était prévisible, car le matériel de guerre en question ne concerne pas n'importe quels tanks: il s’agit de chars de grenadiers à roues de type Piranha III fabriqués en Suisse. Le Danemark n'a pas le droit d'ordonner une telle exportation de son propre chef. Une clause contractuelle permet, en effet, à la Suisse d'opposer son veto: il s'agit ainsi d'éviter de nuire à son image et à celle de son industrie de l'armement.

Le don Piranha a été annoncé avant que la demande ne soit déposée

Cette clause dite de non-exportation est toujours en vigueur aujourd'hui, bien que les chars soient en possession de l'Etat danois depuis bientôt 25 ans. Ils ont été commandés en 1997 et produits par Mowag AG à Kreuzlingen (TG), en Suisse. Les engins ont été utilisés pendant des années pour des exercices de l'armée et ont donc pris de l'âge. Mais ils sont suffisamment fonctionnels pour la guerre en Ukraine, semble-t-on penser à Copenhague.

Les projets du gouvernement danois ont été rendus publics en avril dernier: «Le Danemark envoie de vieux véhicules blindés de combat d'infanterie Piranha III en Ukraine», a rapporté un journaliste danois renommé dans le magazine en ligne Olfi. L'annonce n’a dans un premier temps pas été officiellement confirmée, mais les forces armées ukrainiennes considéraient déjà les plans comme un marché conclu et ont fait état de l'exportation de Piranha sur leur site Internet.

La nouvelle a fait le tour du monde et est encore mentionnée, aujourd'hui, dans la version russe de Wikipédia comme un exemple de la manière dont le Danemark soutient l'Ukraine dans la guerre. Le don de chars n'avait pourtant pas (encore) été autorisé: le Danemark devait respecter la «déclaration de non-exportation» et se renseigner en conséquence à Berne.

Le Danemark reste silencieux face au fiasco

Début mai, le Seco, compétent en la matière, a indiqué à Blue News qu'aucune demande n'avait été déposée. «Si une telle requête devait nous parvenir, nous la traiterions selon la procédure habituelle», avait alors déclaré un porte-parole du Seco. En d'autres termes, le Danemark avait prévu de faire don de plusieurs chars Piranha à l'Ukraine – sans toutefois avoir demandé l'autorisation aux autorités bernoises.

Celle-ci a finalement été transmise mi-mai par une autorité danoise et a reçu une réponse négative, comme l'a rapporté mercredi l'émission Rundschau de la SRF. Le motif invoqué était – comme pour les exportations interdites en provenance de l’Allemagne – la neutralité suisse et la loi sur le matériel de guerre.

Pour l'Etat danois, cette affaire est manifestement déplaisante: bien que les autorités suisses aient publiquement pris position sur la tentative de don de chars et que des faits aient été établis, le ministère de la Défense de Copenhague reste silencieux. Morten Bødskov, le membre social-démocrate du gouvernement en charge du dossier, a refusé de confirmer ou d'infirmer la prise de position du Seco. «Pour des raisons de confidentialité», explique-t-on.

Que se passera-t-il si le Danemark rejette le veto suisse?
Si un pays comme le Danemark exporte du matériel de guerre dans une zone de conflit sans l'accord de la Suisse, il ne respecte pas ce que l'on appelle la «déclaration de non-exportation». Il s'agit d'une violation du traité, qui peut avoir de graves conséquences pour le pays. En 2011, la Suisse a, par exemple, sanctionné le Qatar en bloquant ses exportations après que des munitions suisses sont parvenues aux rebelles libyens via le Qatar. D'autres sanctions économiques ou diplomatiques sont possibles.

Le Danemark aurait dû s'attendre à un veto

Pour le Danemark, c'est l'embarras: la Suisse n'a durci que récemment les critères d'autorisation. Mais le ministère de la Défense de Copenhague aurait dû savoir que la Suisse ne voulait pas voir de matériel de guerre de fabrication nationale dans des pays en conflit: l'Allemagne avait déjà échoué dans sa tentative de faire approuver par Berne un don de munitions à l'Ukraine.

Le Seco confirme à watson que le niet adressé aux autorités danoises est motivé par des «critères de refus impératifs de la législation suisse sur le matériel de guerre».

Ce durcissement est entré en vigueur en octobre 2021, soit quelques mois avant le début de la guerre. Les mesures ont été inscrites dans la loi sur le matériel de guerre en tant que contre-projet à l'initiative populaire dite de correction, qui visait à mettre un terme à l'ancienne pratique légale de la Suisse en matière d'autorisation. L'initiative était une réponse aux révélations sur l'utilisation de matériel de guerre suisse dans des régions en guerre civile et par des rebelles.

96 conseillers nationaux ont voté en faveur du durcissement des critères d'autorisation. Le «non» impliquait un durcissement, le «oui» un durcissement avec une règle d'exception.

Un veto injustifié?

Tiana Moser, ancienne cheffe du groupe des Vert’libéraux et conseillère nationale, a soutenu ce projet à l'époque. Elle explique:

«Le durcissement des critères de refus était la conséquence politique d'une pratique trop souple de la Confédération en matière d'autorisation. Nous voulions créer des critères clairs pour éviter que d'autres matériels de guerre suisses ne finissent chez des rebelles, dans des autocraties ou dans des Etats qui violent les droits de l'homme.»

Le scénario d'une guerre en Europe n'était alors pas envisageable. Or, pour reprendre les mots de la conseillère nationale: «La situation actuelle est différente. Un pays démocratique a été attaqué.» De plus, il s'agit d'une exportation de matériel militaire déjà vendu à des pays européens.

Der Praesident und die Fraktionschefin der Gruenliberalen, Juerg Grossen, GLP-BE, links, und Tiana Angelina Moser, GLP-ZH, stimmen zur Gletscherinitiative ab, an der Fruehjahrssession der Eidgenoessis ...
Tiana Moser (à droite) à côté de l'actuel chef des Vert’libéraux Jürg Grossen.image: keystone

Le conseiller national socialiste Fabian Molina voit les choses différemment. «Le durcissement des critères était nécessaire et juste. Le Seco a agi correctement», déclare-t-il. Sur le plan émotionnel, le veto suisse peut être déplaisant. Molina met, toutefois, en garde contre le fait de céder à cause de la guerre en Ukraine:

«En tant qu'Etat neutre, la Suisse a un autre rôle que les Etats-Unis, par exemple. C'est pourquoi les adaptations de la loi sur le matériel de guerre étaient justes. Par le passé, des armes et des munitions suisses ont trop souvent atterri dans des zones de guerre.»

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

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