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Berne refuse de soigner des Ukrainiens en Suisse

Paramedics push an elderly woman on a gurney into a specially equipped medical train run by Doctors Without Borders to evacuate patients and wounded from the war hit area, in Pokrovsk, Donetsk region, ...
Faire venir des civils ukrainiens, notamment des femmes, en Suisse pour les soigner? C'est non, dit le DFAE.Image: keystone

Berne refuse de soigner des civils ukrainiens en Suisse et invoque la neutralité

Berne a refusé une requête de l'Otan demandant à ce que des Ukrainiens blessés puissent être soignés sur le territoire Suisse, y compris des civils. En cause notamment, le refus du DFAE, qui invoque des raisons pratiques et la neutralité.
18.07.2022, 16:5720.07.2022, 18:11
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La Confédération a refusé d'accueillir des blessés ukrainiens pour les soigner dans les hôpitaux suisses, y compris des femmes et des enfants. C'est ce que révèle le Tages-Anzeiger, qui soulève la question de l'équilibre tenu entre le respect du droit de la neutralité et la tradition humanitaire de la Suisse.

La demande a émergé il y a plusieurs mois déjà. Elle provient du Centre euro-atlantique de coordination des réactions en cas de catastrophe (EADRCC)... qui dépend directement de l'Otan.

Les cantons acceptent la proposition

Désirant régler la situation au plus vite, le Service sanitaire coordonné (SSC), qui dépend du département de la défense (DDPS), contacte les départements de l'intérieur (DFI) et des Affaires étrangères (DFAE), ainsi que la Conférence des directeurs cantonaux de la santé (CDS).

Branle-bas (sanitaire) de combat à Berne, donc. Du côté de la CDS, on accepte vite la proposition, et à la mi-mai, les hôpitaux de différents cantons se tiennent prêts à accueillir les blessés ukrainiens.

Le DFAE invoque la neutralité

La situation stagne jusqu'à la mi-juin, puis le couperet tombe: si le DFI et le DDPS acceptent la proposition, le DFAE du ministre Ignazio Cassis la refuse, invoquant des raisons pratiques, mais aussi de droit international. Au centre de l'argumentation: la neutralité suisse, inscrite dans la Constitution et le droit qui la règle.

Selon celui-ci, un blessé issu d'une armée prenant part à une guerre peut être soigné en Suisse, mais il doit ensuite être interné. Ceci dans le but d'éviter qu'il reparte ensuite combattre et que les soins apportés par les autorités helvétiques soient considérés comme un soutien à une des parties en guerre.

Un autre sujet sur lequel le DFAE a donné son avis 👇

Les conditions pour que le combattant puisse repartir au front semblent paradoxales, mais bien réelles: le camp opposé, ici le gouvernement de la Fédération de Russie, doit accepter que la Suisse laisse repartir les soldats soignés. Une condition que Moscou a peu de chance d'accepter, estime le DFAE.

Différencier les civils des combattants?

L'autre question qui agite Berne, c'est celle de la différence entre les combattants et les civils. Car il est impossible de pouvoir statuer, à leur arrivée en Suisse, si les hommes ukrainiens en âge de se battre ont pu prendre les armes face aux Russes ou non. Dans ce cas, le DFAE a tranché: dans le bénéfice du doute, aucun n'est accepté.

A police officer writes a report as a man wounded by the Russian deadly rocket attack at a shopping centre tells her about the attack in a city hospital in Kremenchuk in Poltava region, Ukraine, Tuesd ...
Différencier les blessés civils et militaires? Mission impossible, répond le DFAE.Image: keystone

La décision finale a été prise par le DFI et SSC, mais la recommandation du DFAE a joué le rôle central, enterrant ainsi la proposition de l'Otan. Le DFAE a, toutefois, proposé d'envoyer de l'aide médicale sur place, en Ukraine.

Pourquoi pas les enfants, comme en Autriche?

Mais alors, qu'est-ce qui empêche la Confédération de soigner les femmes et les enfants ukrainiens blessés, se demande le Tages-Anzeiger. C'est en effet la politique adoptée par l'Autriche, également neutre et qui a pour l'heure accueilli trois personnes dans ses hôpitaux et va ensuite les rediriger dans des centres de rééducation.

«Nous allons prendre en charge en Autriche 100 femmes et enfants ukrainiens gravement blessés»
Karl Nehammer, chancelier autrichien

L'accueil d'une centaine de personnes représente plus un geste qu'une réelle politique, mais tout de même. La Suisse ne pourrait-elle également accueillir au moins une poignée de civils gravement blessés, ou même des soldats qui n'auraient aucune chance de repartir au front?

Oui, parmi les pertes en Ukraine, on trouve aussi des enfants:

Les cas historiques de l'armée des Bourbaki, en 1871, ou des Polonais durant la Seconde guerre mondiale, montre que la Confédération est capable d'interner des dizaines de milliers de militaires si elle s'en donne les moyens.

La CDS en porte-à-faux

Lukas Engelberger, le président de la CDS, s'est mis en porte-à-faux de la Confédération en statuant que la prise en charge de civils aurait été souhaitable.

D'autant plus que la proposition ne concerne pas uniquement des blessés de guerre, mais aussi des citoyens ukrainiens victimes d'accidents et de maladie n'ayant rien à voir avec le conflit en cours. Le Tagi donne ainsi, en exemple, les patients cancéreux et les accidentés de la route, dont la libération des lits en Ukraine pourrait permettre d'accueillir plus de blessés. (acu)

Un nouveau foyer pour des enfants ukrainiens
Video: watson
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