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L'UDC s'énerve contre l'ambassadeur américain en Suisse

Scott Miller, ambassadeur américain à Berne, a une vision critique de la neutralité suisse.
Scott Miller, ambassadeur américain à Berne, a une vision critique de la neutralité suisse.Image: sda

Cet ambassadeur américain a un problème avec la Suisse et ça énerve l'UDC

Scott Miller n'est pas content de la Suisse. L'ambassadeur américain dans notre pays estime que Berne devrait autoriser la réexportation d'armes pour l'Ukraine. Des propos accueillis favorablement sous la coupole, sauf par l'UDC.
17.03.2023, 11:5218.03.2023, 12:45
Francesco Benini / ch media
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Ce n'est pas avec un ton diplomatique que Scott Miller a parlé dans une interview avec la NZZ. L'ambassadeur des Etats-Unis à Berne considère que la Suisse «traverse la crise la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale». Pourquoi? Le pays est confronté à d'intenses débats sur sa neutralité.

L'ambassadeur estime que la Suisse ne peut pas se prétendre neutre et laisser l'une ou l'autre des parties utiliser ses lois à son propre avantage. C'est pourtant ce qui se passe. Le Conseil fédéral a interdit à d'autres Etats de transmettre des armes à l'Ukraine afin de se défendre et de défendre ses infrastructures critiques. L'interdiction de réexportation profite à l'agresseur, donc à la Russie, qui viole tous les principes du droit international.

Miller demande que le Parlement suisse autorise la réexportation d'armes dès que possible, mais aussi que Berne bloque beaucoup plus de biens russes. Jusqu'à présent, il s'agit de 7,75 milliards de francs, un chiffre qui pourrait monter jusqu'à 50 ou 100 milliards, selon l'ambassadeur.

«La force des sanctions dépend de la volonté politique qui les sous-tend»
Scott Miller, ambassadeur américain en Suisse

De plus, l'ambassadeur met en doute le fait que le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) aborde le sujet avec suffisamment de détermination. Certains commentaires de la secrétaire d'Etat Helene Budliger Artieda l'auraient inquiété, car elle aurait remis en question l'utilité des sanctions.

Helene Budliger Artieda, designierter Staatssekretaerin des Staatssekretariats fuer Wirtschaft (SECO) kommt zur einer Medienkonferenz ueber die Ernennung der neuen Staatssekretaerin des Staatssekretar ...
Helene Budliger Artieda a-t-elle remis en doute l'utilité des sanctions contre la Russie? Scott Miller en est persuadé.Image: sda

Un point de vue partagé à Berne

Comment la Berne fédérale réagit-elle à la remontrance américaine? Le département des Affaires étrangères refuse de prendre position. Le président du Centre, Gerhard Pfister, estime que l'interview de Miller n'aide pas la cause.

Le président du PLR Thierry Burkart déclare: «Les déclarations de l'ambassadeur américain reflètent l'état d'esprit actuel de nombreux pays occidentaux vis-à-vis de la Suisse». Berne ne devrait pas entraver les efforts de sécurité de l'Europe, estime-t-il. Cette opinion serait très répandue.

Plusieurs partis veulent rendre l'aide indirecte à l'acquisition d'armes possible par le biais d'une initiative parlementaire. Thierry Burkart participe aux travaux en vue d'un compromis. Il estime en outre qu'il est juste que les biens des Russes en Suisse soient bloqués, même s'il s'oppose à une expropriation basée uniquement sur la nationalité.

Cédric Wermuth, coprésident du PS, fait remarquer que la diplomatie internationale et son parti portent le même jugement sur le travail du Secrétariat d'Etat à l'économie:

«Ils font de la résistance passive et ne veulent pas vraiment s'attaquer au problème»
Cédric Wermuth, coprésident du PS

Cédric Wermuth partage l'avis de Scott Miller selon lequel la Suisse devrait se joindre à une task force pour la confiscation des fonds russes.

Le Secrétariat d'Etat souligne que le Conseil fédéral a jusqu'à présent repris neuf paquets de sanctions de l'Union européenne (UE) et qu'il se prononcera prochainement sur le dixième. Tous les fonds russes n'ont pas fait l'objet de sanctions et tous les citoyens russes n'ont pas été sanctionnés. Il va de soi que le Seco applique minutieusement la politique de sanctions du Conseil fédéral.

Le Seco défend en outre la déclaration controversée de la secrétaire d'Etat. Helene Budliger Artieda a affirmé que plus les sanctions sont soutenues au niveau international, plus elles sont efficaces. Dans le cas de la Russie, les sanctions sont jusqu'à présent principalement soutenues par les pays occidentaux.

L'UDC réagit

De son côté, l'UDC critique vivement l'ambassadeur américain. «Il ne devrait pas s'immiscer dans les affaires intérieures de la Suisse», déclare le chef du groupe Thomas Aeschi. Le parti est attaché à une notion stricte de la neutralité. Il s'oppose à la réexportation d'armes et estime qu'une confiscation de valeurs patrimoniales sans procédure judiciaire sape l'Etat de droit.

Thomas Aeschi fait remarquer que les représentants de l'UDC ont entretenu de bonnes relations avec l'ancien ambassadeur, un républicain.

«Le ministre des Affaires étrangères Cassis devrait réfléchir à la possibilité de convoquer M. Miller après son interview»
Thomas Aeschi, chef du groupe UDC

En convoquant Scott Miller à une discussion, la Suisse pourrait clairement faire savoir aux Etats-Unis son désaccord.

Plusieurs parlementaires font remarquer que les Etats-Unis ont imposé leurs vues à la Suisse, tant sur la question des fonds en déshérence que sur celle de l'abandon du secret bancaire. Il n'en ira pas autrement désormais.

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