Le verdict du retentissant procès de six policiers lausannois, prévenus d'homicide par négligence dans l'affaire de la mort de Mike en 2018, était attendu dès 14h30 à Renens (VD). Vers 16 heures, les trois juges de la Cour correctionnelle ont annoncé qu'ils ne reconnaissaient pas les accusés coupables d'homicide par négligence et les ont acquittés, tous les six.
Le Tribunal indique, néanmoins, qu'il s'agissait clairement d'une situation hors norme et qu'il était tentant d'admettre, avec le Ministère public, qu'une violation du devoir de prudence a été commise. C'est ce qu'a indiqué le quotidien vaudois 24 heures, qui a suivi l'affaire de près. Toutefois le tribunal estime:
Les juges pensent, en outre, qu'on ne peut pas reprocher aux prévenus d'avoir provoqué le stress aigu de l'interpellé. Enfin le tribunal estime qu'il n'est pas exclu que les troubles cardiaques aient causé la mort.
La justice souligne que l'attitude de Mike Ben Peter, son opposition et ses cris n'auraient pas dû particulièrement alerter les policiers. En ce qui concerne la durée du maintien au sol, le tribunal retient qu'après avoir menotté Mike Ben Peters, il estime à deux minutes le temps où la victime a été maintenue au sol. Il constate qu'on ne saura jamais précisément quelle a été cette durée. Le juge commente: «Il est illusoire objectivement de prétendre retracer tout le déroulement de ce tragique épisode.»
S'ils devaient être condamnés, les policiers risquaient jusqu'à trois ans de prison. Selon le quotidien vaudois, le Tribunal a également rappelé «qu'il a rejeté la requête de la partie plaignante d'aggraver l'acte d'accusation au début des débats, pour retenir également l'abus d'autorité et de lésions corporelles simples».
Cité par 24 heures, le tribunal a d'ailleurs donné un élément de contexte peu avant le verdict:
Il rajoute:
Environ 70 personnes étaient rassemblées jeudi devant les locaux utilisés par le tribunal à Renens (VD), peu avant la lecture du verdict.
Les manifestants, la plupart vêtus de blanc, ont réclamé la «justice pour Mike». Des banderoles ont été déployées, où l'on pouvait notamment lire «Des USA à la Suisse, la police tue». Sur une autre, il était écrit «Mike Ben Peter - Rest in Power».
Après quatre jours d'audience dans une salle pleine à craquer, les trois juges de la Cour correctionnelle du Tribunal d'arrondissement de Lausanne devaient déterminer si les six agents de la Police municipale lausannoise avaient réagi de façon proportionnée ou non lorsqu'ils ont interpellé Mike Ben Peter lors d'un contrôle anti-drogue musclé le 28 février 2018.
Mais alors que dans son acte d'accusation le procureur Laurent Maye avait retenu l'homicide par négligence, il a finalement laissé tomber cette accusation lundi dernier lors de la journée des plaidoiries, demandant l'acquittement des six policiers.
Le «lien de causalité», nécessaire pour pouvoir conclure à un homicide par négligence, faisait défaut, selon lui. Les expertises médico-légales avaient révélé que le plaquage ventral ne pouvait pas, à lui seul, expliquer la mort de Mike Ben Peter.
Cela avait fait bondir l'avocat de la famille de la victime, Me Simon Ntah, parlant de «honte» et critiquant un «raisonnement erroné» du Ministère public. Il avait demandé à la Cour de condamner les policiers pour que «la justice soit rendue pour Mike», pour qu'il ne soit pas «mort dans l'indifférence judiciaire».
Les avocats de la défense avaient eux aussi plaidé l'acquittement, décrivant une action proportionnée des agents. Ils ont mis l'accent sur les expertises médico-légales, qui «montrent clairement» que le décès de Mike Ben Peter n'était pas dû à l'action des policiers. (sda/ats)