Trois ministres européens des Affaires étrangères sont arrivés à Genève pour tenter d'obtenir des garanties de Téhéran sur son programme nucléaire. La rencontre avec leur homologue Abbas Araghchi doit démarrer vendredi après-midi.
Ce format entre la France de Jean-Noël Barrot, l'Allemagne de Johann Wadephul et les Britanniques de David Lammy est fréquent depuis plusieurs années à New York et Genève. Les dernières rencontres, à un niveau souvent inférieur, avaient eu lieu en novembre puis en janvier.
Mais cette réunion, alors que la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas est aussi à Genève, a été précipitée par la guerre actuelle entre Israël et l'Iran. Washington ne fait pas partie de ce dispositif mais a été consulté, alors que le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy était encore jeudi à Washington.
Le président américain Donald Trump a même semblé jouer l'atermoiement en repoussant aux «prochaines semaines» une décision sur un engagement direct des Etats-Unis contre Téhéran. Le format des pays européens (E3) avait été lancé précisément en raison de l'attitude américaine contre l'Iran sous le premier mandat de Donald Trump, alors que Washington s'était retiré de l'accord sur le nucléaire iranien.
Derrière le soutien américain à l'Etat hébreu, les Européens veulent des preuves du caractère civil du dispositif nucléaire iranien. Le nouveau chef de la diplomatie allemande veut lui afficher une stature internationale.
Et pour Téhéran, derrière les imprécations guerrières de l'ayatollah Ali Khamenei, il faut montrer qu'une porte reste ouverte pour un dialogue. Même si la République islamique veut répondre coup pour coup à l'offensive israélienne. «Il n'est jamais trop tard pour venir à la table des négociations quand on vient avec des intentions honnêtes», a affirmé de son côté Wadephul.
De retour de Washington, Lammy a affirmé que «le moment est venu de mettre un terme» aux affrontements au Proche-Orient et également d'empêcher une détérioration dans toute la région.
Les affrontements en Israël et l'Iran ont fait des centaines de victimes civiles en quelques jours. Téhéran ne veut plus négocier avec les Etats-Unis, officiellement au moins, tant que l'offensive israélienne se poursuit. Araghchi doit profiter de son déplacement à Genève pour répéter ce message dans l'après-midi devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU.
L'Iran reproche au Haut commissaire aux droits de l'homme Volker Türk sa réaction pas assez ferme, selon lui, après les attaques israéliennes. «C'est un crime d'agression», avait affirmé il y a quelques jours l'ambassadeur iranien à l'ONU à Genève Ali Bahreini.
Et Téhéran d'affirmer clairement ne plus faire confiance à la justice internationale. Le pays se considère comme le seul à même d'arrêter Israël dans les violations du droit international dont il l'accuse. (jzs/ats)